Un double anniversaire... | Une Russe à Paris
Une Russe à Paris

dimanche 7 octobre 2007

Un double anniversaire...

Drôle de journée, aujourd'hui. Je regarde Euronews (après avoir bataillé pour trouver des infos autres que sur le rugby), qui nous rappelle qu'aujourd'hui c'est l'anniversaire du meurtre d'Anna Politkovskaïa, dont les assassins n'ont toujours pas jamais été trouvés. Oui oui, ça fait déjà un an.

J'en parle au téléphone à ma mère, qui me raconte une autre histoire: cette semaine, à la radio "Ekho Moskvy" (Echo de Moscou, une des rares - si ce n'est la seule - radios libres en Russie), les djs ont voulu rigoler: "Le 7 octobre - disaient-ils, - l'anniversaire du président approche. Ne faudrait-il pas marquer ce jour? En faire une fête nationale?" - après avoir évoqué la proposition d'ériger un monument au retriver Konni, le chien de Poutine.

Que pensez-vous? Qu'ils ont reçu un appel du Kremlin demandant d'arrêter les blagues? Oh non, c'est bien pire... Nous n'avons plus besoin de censure. De nombreux auditeurs ont appelé la radio (et en Russie, il suffit de composer le numéro de la rédaction pour se retrouver en direct) pour dire: "Vous faites bien de soulever cette question, bien sûr qu'il faut rendre le 7 octobre un jour férié! Et d'ailleurs, ce n'est pas à Konni, c'est à Poutine qu'il faut faire un monument... Tout ce qui est bon dans notre vie, nous le devons à lui... On n'achète plus la nourriture avec des coupons... " (NB les coupons ont été supprimés sous Eltsine, mais qui s'en souvient maintenant que "Poutine est notre tout").

- Маразм крепчает (le marasme devient de plus en plus fort) - dit ma mère. Et le pire, c'est qu'il reste de moins en moins de gens qui se rendent encore compte que c'est du marasme.

Alors, le 7 octobre - double anniversaire. Et plein de questions. Politkovskaïa, était-elle un "cadeau" fait à Poutine pour son anniversaire il y a un an? Qui sait. Mais maintenant, les deux noms sont à jamais liés par le calendrier... Mais on célèbre Politkovskaïa d'un côté du rideau, et l'on fête Poutine de l'autre.

D. me dit: "Vas-y doucement avec ton post sur Poutine. Si tu vas en Russie, j'aimerais que tu puisses revenir". Alors, ne soyez pas trop nombreux à lire ce post, pour que je puisse encore rentrer chez moi.