Les écrivains apprentis: friend or foe? | Une Russe à Paris
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vendredi 12 octobre 2007

Les écrivains apprentis: friend or foe?

C’est terrifiant tout de même. Je viens de découvrir la popularité grandissante des logiciels « J’écris un roman », « J’écris un film » et autres « J’écris une BD ». Des centaines de personnes autrement incapables de se servir de leur plume vont maintenant pouvoir déverser sur nous les fruits de l’accouchement au forceps subi par leur imagination. Dur, dur. Déjà presque 1500 nouveaux romans par an (et encore plus de tentations pour ceux qui lisent dans d’autres langues et/ou ceux qui ne lisent pas que les romans de l’année), et ce n’est pas fini… Je suis sure que d’ici un ou deux ans, les apprentis écrivains vont inonder les éditeurs de leurs manuscrits. Enfin, relativement manu-, vous l’aurez compris.



Plus qu’un coup de gueule contre le torzhestvo de la médiocrité, c’est une alarme (encore une…) contre la tendance actuelle de la création (et surtout de la littérature) française : l’autofiction. Avant, les écrivains écrivaient pour vivre. Balzac, Dostoïevski, Agatha Christie ou Hemingway ne s’en sortaient pas si mal que ça. De nos jours, bon nombre d’écrivains vivent pour écrire. Mais que vivent-ils ? La torture du vide de la première page ? Leur psychanalyse ? Leurs divorces (vu le taux de divorce actuel, on va en avoir beaucoup de ceux-là) ? Leurs frasques au bureau (ah les collègues-écrivains mal compris)? Les faits divers aperçus rapidement dans un journal ?

Au final, rares sont ceux qui ont une vie vraiment passionnante (parmi les derniers, Emmanuel Carrère et son Roman Russe font figure d’exception). Et plus rares encore, ceux qui ont autre chose en tête que leur propre vie. On peut compter sur les doigts les romans qui relèvent véritablement de la fiction. Ceux qui ont des personnages qui ne s’appellent pas « ma femme », des histoires inventées, rêvées, racontées, et non vécues, analysées ? Suis-je la seule à languir pour de la vraie fiction ?