Alexandre Charpentier, naturalisme et art nouveau au Musée d'Orsay | Une Russe à Paris
Une Russe à Paris

mercredi 7 mars 2021

Alexandre Charpentier, naturalisme et art nouveau au Musée d'Orsay

Comme je vous le racontais hier, j'ai profité des nocturnes du Musée d'Orsay pour faire deux pierres d'un coup: j'ai donc vu l'exposition consacrée au photographe Leon Gimpel (voir la critique ici) et celle consacrée au designer Alexandre Charpentier - "Alexandre Charpentier, naturalisme et art nouveau". Bon, pour être exacte, Charpentier n'est pas vraiment un designer mais un "sculpteur et ébéniste", mais je trouve que son travail dans le design est tellement plus intéressant, original et abouti que je vous suggère de zapper (ou de passer très rapidement) les salles 1, 2 et 3 de l'exposition pour vous attarder un peu plus dans la salle 4 (et la dernière - d'où l'opportunité de voir les deux expositions en même temps).

Vous avez certainement vu les affiches dans le métro (j'ai d'ailleurs pensé pendant 1 mois que c'était une lampe - en fait, c'est un pupitre, et ce ne sont pas 9 ans de piano qui me le feraient reconnaître!); mais à part les affiches, Alexandre Charpentier est très peu connu du grand public, contrairement à Gaudi ou encore Victor Horta. Plusieurs raison à cela - tout d'abord, une carrière très brève, tout juste vingt ans entre 1883 et 1905; puis (mais là c'est tout à fait personnel!!!) le fait que Charpentier n'a pas fait que des chefs-d'oeuvre - en tout cas, j'ai trouvé la moitié de l'exposition très peu intéressante, notamment son travail de sculpteur (là c'est plutôt médiocre). Tout cela fait que Charpentier ne s'est affirmé dans le design que très tard.









Dans l'exposition (préparée avec l'aide du Musée d'Art Nouveau d'Ixelles (Bruxelles)) sont présentés certains intérieurs de Charpentier: chambres à coucher, salons, une salle de billard, salons, et ainsi de suite. Très bonne idée que de les exposes de cette façon, au lieu d'objets séparés - on ressent vraiment l'ambiance art nouveau et le souffle créateur du début du siècle. Les pièces faites par Charpentier sont entourées par des créations de l'époque - vaisselle, panneaux, sculptures... Certains meubles ont été prêtés par le Musée des Arts Décoratifs à Paris - si vous n'y êtes pas encore allé, je vous le conseille vivement, il est immense, et une bonne partie de la collection vaut plus qu'un détour.

A lire également: un article sur l'exposition ici.

En pratique
Alexandre Charpentier, naturalisme et art nouveau
Musée d'Orsay
Jusqu'au 13 avril 2021
Nocturne tous les jeudis jusqu'à 21h45

Alexandre Charpentier n'est peut-être pas aussi célèbre que Gallé, Guimard ou Gaudi, mais il a apporté une contribution importante au développement de l'Art nouveau. Sa carrière fut de courte durée, vingt ans seulement séparant son premier succès au Salon de 1883 et sa dernière œuvre en 1905.
Le dramaturge français André Antoine et l'avocat belge Octave Maus ont soutenu l'artiste. En 1887, Charpentier conçoit les programmes du Théâtre libre fondé par Antoine et réalise les portraits de ses acteurs, auteurs et amateurs d'art. Charpentier est reconnu comme un artiste novateur au Salon des XX de Bruxelles en 1890.

Mais il doit surtout sa réputation au Salon dissident de la Société nationale des Beaux-Arts (association d'artistes qui s'est séparée du Salon officiel), fondé en 1890. Sur la suggestion de Dalou, un département d'arts décoratifs est créé dès 1891. Charpentier y exposera ses créations polyvalentes. Il s'est essayé à toutes sortes de matériaux et a utilisé toutes sortes de techniques : Le plâtre, le marbre, le bronze, l'or, l'argent, l'étain, le zinc, le grès, la faïence, le vitrail, la mosaïque, les techniques de gravure, l'impression en couleur, le papier gaufré, le papier peint, et bien sûr la peinture et le dessin.

Charpentier était également un excellent portraitiste, représentant plus de cinq cents personnalités de son temps sur des médailles. Son travail a fait renaître cet art.

La terre russe


Dans les années 1870, avec l'émergence d'une nouvelle génération de peintres paysagistes, la terre elle-même - la "Mère Russie" - est devenue l'une des expressions quintessentielles de la culture russe et du costume russe , tant dans les arts visuels que dans la littérature. Rejetant les paysages classiques, idéalisés ou italianisés de leurs prédécesseurs, des artistes tels que Kouindji, Nesterov et Levitan, se sont tournés vers la géographie et l'environnement naturel de la Russie réelle.

Cet intérêt pour la terre peut s'expliquer par la lenteur de l'urbanisation en Russie et l'attrait qu'exerce la vie rurale sur l'intelligentsia. Les peintures de paysages russes de cette période incluent souvent une présence humaine ; le tableau de Levitan, Au-dessus du repos éternel, symbolise la proximité du peuple et de la femme russe avec sa terre, avec sa petite église en bois isolée et son cimetière, situés dans un paysage écrasant.

Bien qu'utilisant une approche différente, l'illustration de folklore paysan de Kuznetsov, Jour de fête, reflète également l'intimité des Russes avec la nature.

peinture
Nikolaï Kusnetsov
Journée de célébration
Galerie Trétiakov
Le sujet russe commence à devenir une question sérieuse à partir du début des années 1860. La nouvelle génération, influencée notamment par les écrits de Tchernychevski (Relations esthétiques dans l'art et la réalité, 1855) et de Prakhov, appelle à un renouveau russe qui rompe avec l'idéalisme classique défendu par l'Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg.

La révolte des 14
En 1863, quatorze candidats refusent de participer au concours final de l'Académie de Saint-Pétersbourg sur des sujets fixes. Ils s'opposent à l'enseignement classique qui limite les sujets picturaux aux thèmes mythologiques et héroïques classiques ou à l'histoire religieuse, et exigent à la place des sujets russes contemporains. Cette "Révolte des quatorze" a été l'un des catalyseurs de la formation d'un nouveau réalisme, débarrassé du sentimentalisme pittoresque.