Barry Frydlender: Israël. Présent composé | Une Russe à Paris
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dimanche 16 mars 2008

Barry Frydlender: Israël. Présent composé

Dimanche pluvieux, bottes en caoutchouc et balade dans le Marais, que peut-il y avoir de mieux? Je suis allée voir l'exposition du photographe israëlien Barry Frydlander au MAHJ, entre repérages brunch et passage obligé chez l'As du falafel. Intitulée "Israël. Présent composé", l'exposition présente quelques travaux de Frydlander, déjà relativement connu dans le monde entier (il a notamment été exposé au MOMA de New York il y a quelques mois, si je ne me trompe pas, c'est cette exposition-là, "Place and time", que nous pouvons voir maintenant à Paris).
Qu'y a-t-il d'original, me demanderez vous. Il est vrai qu'en ce moment, le 60e anniversaire de la création d'Etat d'Israël aidant, les documentaires, expositions, manifestations, rencontres et autres Salons du Livre consacrés à l'Israël sont légion (par ailleurs, j'ai trouvé le Salon du Livre particulièrement réussi cette année, allez-y!). Alors, chaque expo doit se défendre et prouver sa valeur artistique intrinsèque au delà de son origine ou de sa thématique. On n'aura pas trop de mal à prouver que l'exposition de Barry Frydlander a toute sa place devant nos yeux de parisiens over-nourris d'expos de photos.

Tout d'abord, Barry Frydlander n'est pas un photographe comme les autres: non content de jouer avec les couleurs, le flou, le net, le mouvement, les ombres, bref, tout ce qui amuse et anime les photographes d'habitude, Frydlander joue aussi avec une matière bien particulière et longtemps réservée au cinéma: le temps. Chaque photo frappe l'oeil: comment est-ce fait? Des photos de grand format, des vues panoramiques où chaque détail semble être mis en évidence. Un grand angle? Deux-trois photos collées ensemble? La démarche est bien plus intéressante: armé de son appareil photo, Frydlander prend des dizaines, des centaines de clichés au même endroit, parfois y retournant plusieurs jours d'affilée. Ensuite, il passe des heures sur Photoshop en créant de ces clichés une vue unique, semblable à ce que voit l'oeil humain. Résultat - une rue animée de Tel-Aviv, une scène dans un café... ce n'est qu'en regardant de plus près (et encore), qu'on remarque des petites incongruités, des personnages présents plusieurs fois sur la même photos (par exemple, lorsqu'ils traversent la rue et sont donc représentés plusieurs fois sur la photo, aux différents moments de cette traversée).


FRIDAY

'Friday' by Barry Frydlender
Cliquez sur l'image pour la voir en grande taille


Chaque photo représente ainsi le temps et l'espace "comme ils sont", mais détrompez-vous: le vrai message est bel et bien "La photographie est une illusion, et ces photos n'en sont que plus réelles car elles attirent l'attention sur ce fait".

10 photos, c'est peu. On aurait aimé une présentation plus travaillée, avec, par exemple, des zooms sur différentes scènes que l'on n'aurait pas remarquées (en même temps, il faut bien faire travailler le cerveau du spectateur, sinon où allons-nous?) 10 photos, c'est beaucoup. Comme si vous aviez passé 1 journée à observer, à noter, à imaginer, à vous émouvoir devant chacune des dix scènes.

Faut-il aller la voir? J'hésite à vous la recommander, car j'ai du mal à accepter de payer autant pour voir 10 photos (il y a un petit-bourgeois qui sommeille en chacun d'entre nous). En même temps, j'ai trouvé la démarche de l'artiste vraiment intéressante! Je vous fais juges :-)! Si vous arrivez à coupler l'expo Frydlander avec un brunch chez, au choix, le Loir dans la théière, Mariage Frères ou La Victoire suprême du coeur, plus une balade dans le Marais et la visite de l'expo de Shoji Ueda à la Maison Européenne de la Photographie, cela fera une très belle journée!

En pratique:

Musée d'Art et d'histoire du judaïsme
71 rue du Temple (métro Hôtel de Ville)
Tlj sauf samedi
Tarifs: 7,50€; 4,50€ (tarif réduit)