There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson | Une Russe à Paris
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dimanche 2 mars 2008

There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson

There will be blood, je devais le voir encore à New York, la nuit du réveillon entre 23h et 1h du matin (comme à tout le monde, il m'arrive d'avoir des plans foireux). Il se fait que ce plan foireux avait foiré, cependant j'avais toujours envie de voir ce film... Il est sorti en France. Impressions...

There will be blood fait partie des films que l'on n'a pas spontanément envie de voir (parce que spontanément, ces temps-ci, les gens ont envie de voir Bienvenue chez les Chtis): une fresque - non, un portrait - de 2h38 ayant pour titre "Il y aura du sang", ça promet une soirée gaie gaie. Remarques cyniques à part, je trouvé ce film dur, fatiguant, mais magnifique. C'est le portrait d'une époque (du début du siècle aux années 30 du siècle dernier) peint à travers un personnage, celui de Daniel Plainview (Daniel Day Lewis), un "oilman". Je trouve ce mot anglais particulièrement bien adapté, car le pétrole est l'essence même de cette homme (pardon pour le calembour). Tel un geyser de pétrole, il y a une nature qui se dégage de cet homme avec une telle force, une nature brute, brutale, incontrôlable et presque infernale. Presque, car Daniel Plainview n'est qu'un homme, monté aux sommets par sa nature, et anéanti par elle ensuite.



C'est cet état brut d'un homme qui fascine et révulse dans
There will be blood. De nombreux réalisateurs se sont déjà attelés à dépeindre l'Amérique des débuts, l'Amérique des grands espaces, l'Amérique des paysages à perte de vue où les hommes évoluent tels des héros anciens. There will be blood s'en détache: au lieu d'un portrait d'un homme dans la nature, un portrait d'homme, tout court. Aucune profondeur de champ, aucun détail, Paul Thomas Anderson mise tout sur les gros plans: menaçants, ils crèvent l'écran au point d'évincer la nature à l'arrière-plan. Les contrastes sont forts, les noirs, profonds - le noir, une couleur qui n'existe pas dans la nature, est ici omniprésente: le pétrole qui jaillit des puits, les ombres qui se couchent sur les visages, la nuit qui enveloppe les hommes - un plongeon au tréfonds de la terre, au tréfonds de la noirceur humaine.

Cette force vous porte du début à la fin du film (à peine long tout de même, 40 minutes en moins l'auraient rendu plus facile à digérer, même si je ne trouve pas quelle scène on aurait pu couper). Un Oscar mérité pour Daniel Day Lewis.

Faut-il voir ce film? Oui: même si vous détestez, vous aurez de quoi vous faire un avis sur un film déclaré chef-d'œuvre par les critiques des deux côtés de l'océan. Allez-y la tête reposée (un matin ou un après-midi le week-end, histoire d'avoir le temps de vous en remettre), évitez les premiers rangs.