L'exposition Marie-Antoinette au Grand Palais | Une Russe à Paris
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samedi 19 avril 2008

L'exposition Marie-Antoinette au Grand Palais

Puisque j'ai encore été trop crédule et que finalement, il va peut-être bien pleuvoir ce week-end, voici une petite grande expo à voir en cas de pluie (et aussi si vous êtes seul le week-end, un petit bain de foule comme ça, c'est ce qu'il y a de mieux - l'expo est courue. Remarquez, il y a aussi la variante "galeries Lafayette le samedi après-midi" dans le même genre).

Justement, quelle est la différence entre les galeries Lafayette et l'expo Marie-Antoinette? (ça rime, vous avez remarqué? Je suis trop forte!). Et bien, l'expo Marie-Antoinette, c'est un peu comme si vous vous baladiez dans la liste de mariage de quelqu'un sur le site des galeries, sauf que ce quelqu'un est une reine et qu'elle habitait il y a plus de 200 ans. Et puis, comme ça vous plait (petit voyeur que vous êtes!), vous allez aussi checker son profile Facebook, histoire de mater ses photos portraits, ceux de son mari (Louis XVI), de ses gosses, des tantes de son mari, de sa moman (l'impératrice Marie-Thérèse), de la fête de son mariage... Et puis aussi regarder ses "statuts", du genre "et ben là on vient de me faire un nouveau portrait, mais il est pas bien, chuis trop moche, j'en commande un autre" ou encore "et ben là chuis en prison, mais je suis sure que tout ira bien", et aussi son "ILike" (les choses qu'elle aimait). Bon, je force un peu le trait, mais c'est tout à fait ça: les conservateurs Pierre Arizzoli-Clémentel (musée de Versailles) et Xavier Salmon (RMN) ont gratté partout pour retrouver toute trace que Marie-Antoinette ait pu laisser sur Terre, et nous ont ramené ce qu'ils ont trouvé. Résultats de leur recherche:

Plus de 300 oeuvres sont reparties en trois sections (la vie en Autriche, les années fastes de son règne et la chute), mises en scène par Robert Carsen. Le choix d'un metteur en scène d'opéra semble intéressant et justifié: la passion de Marie-Antoinette pour la musique et l'opéra en particulier, sa vie constamment mise en spectacle devant la cour de Versailles ainsi que les oeuvres et objets recueillis par les conservateurs nécessitaient en effet une démarche théâtrale plus que muséale. Cependant, je suis assez étonée par le fait que fût choisi, pour la mise en scène de l'exposition, Robert Carsen, connu davantage pour ses belles mises en espace presque minimalistes: son Les Capulets et les Montaigus à l'Opéra Bastille il y a quelques années, presqu'entièrement en gris/rouge - j'avais failli mourir d'ennui - ou, dans un autre registre, la sublime mise en scène (mais toujours très épurée) de Capriccio de Strauss à l'Opéra Garnier, encore repris cette saison. Mais le siècle de Marie-Antoinette est celui d'une profusion de décors, d'objets, de costumes, c'est celui de la fin de l'opéra baroque, tout en fioritures, et du passage vers le classicisme (mais passage à peine amorcé)! Pour ma part, j'aurais préféré, de loin, un Laurent Pelly ou, à la limite, pourquoi pas, une Coline Serreau...

Je dois cependant reconnaître que la mise en scène de l'exposition est probablement ce qu'il y a de plus réussi. Au-delà des œuvres souvent mineures (à part quelques portraits de Vigée le Brun), cette mise en espace dépasse le côté "collection de papillons" avec petits coffres, assiettes, chaises, secrétaires, boîtes laquées enfermés en vitrines, et nous projette dans un décor de théâtre agréable, certes, mais, à mon humble avis, assez différent de l'époque de Marie-Antoinette.

Exposition Marie-Antoinette, Petit Trianon

© Rmn / Cristiano Mangione




La partie consacrée à Trianon, de loin la plus réussie du point de vue de la mise en scène (avec bruits d'oiseaux et airs d'opéra en plus), serait presque charmante, si on n'y arrivait pas déjà assommés par les dix mille portraits de cousines et parents de Marie-Antoinette et des tantes de Louis XVI, et si on n'allait pas être assommés de nouveau par le passage final à la Conciergerie (une salle tapissée de noir et presque pas éclairée, où il faut vous battre pour apercevoir un bout de la dernière lettre de Marie-Antoinette). Sans vouloir dire qu'il faut amuser le spectateur du bout en bout, je remarque tout de même que cette robert-carsenisation de Marie-Antoinette n'est pas toujours convaincante. On aurait préféré moins d'objets, mais mis en situation dans un palais de l'époque (tiens, le Petit Trianon, justement, voire Versailles), où l'on pourrait vraiment s'imaginer la vie de Marie-Antoinette. Pour l'instant, le film de Sofia Coppola reste pour moi plus évocateur que l'exposition.

Vous pouvez apercevoir quelques détails de la mise en scène dans cette vidéo.

Faut-il aller voir cette exposition? Si la phrase "cette expo, c'est un must" vous fais fuir, vous pouvez probablement vous passer de cette visite. Si, en revanche, vous êtes plutôt du genre "Mince, je n'ai toujours pas vu les Ch'tis, tout le monde en parle, il faut que j'aille voir", courez-y, car tout le monde va y passer de toute façon (avec une ouverture jusqu'à 22h tous les soirs, il y a des chances). Si vous êtes un grand fan de cette époque (et j'en suis une), je ne sais que vous conseiller. J'ai été un peu déçue, mais qui sait, cet étalage de jolies choses immobiles vous enchantera peut-être! Allez-y et racontez-nous ce que vous en avez pensé. Pour ma part, je préfère encore une visite au Petit Trianon, un opéra, ou un film...

Bon plan: essayer de ne pas se faire (complètement) avoir par le Grand Palais qui charge 10€ l'entrée et 5€ l'audioguide: télécharger les commentaires audio de l'exposition sur leur site (toujours payant, mais un peu moins quand même) et allez-y avec votre lecteur MP3. En plus, ça vous évitera d'avoir l'air con avec le gros audioguide "J'ai Marie-Antoinette en ligne".

Quelques photos de l'exposition ici.
En pratique:


Le Grand Palais
3 avenue du Général Eisenhower
75008 Paris
Entrée : square Jean-Perrin
Ouvert tls sauf mardi, de 10h à 22h et de 10h à 20h le jeudi
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