(Ciné) Musée haut, musée bas. Décalez-vous! | Une Russe à Paris
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dimanche 23 novembre 2008

(Ciné) Musée haut, musée bas. Décalez-vous!

Une comédie en "vignettes" sur le monde du musée, ça a l'air un peu lourd... et ça peut l'être, sauf si vous avez un bon sens du deuxième degré et un amour incosidéré pour l'environnement muséal - ce qui, apparemment, est mon cas. Comme toutes les comédies qui ont une bonne critique dans le Télérama, "Musée haut, musée bas" est à prendre avec des pincettes: fera rire, ne fera pas? Au final, une comédie absurde (parfois un brin lourde) à l'humour mordant, dont l'esthétisme de la mise en scène réjouira les amateurs d'art.

"Musee haut, musee bas" était à l'origine une pièce de Jean-Michel Ribes qui s'attelle ici à la réalisation. N'ayant pas vu la pièce, je ne peux donc pas faire de comparaison du style "Naaaan, la pièce était vachement meilleure". Mais prenons le film.

L'histoire: autant le dire tout de suite, il n'en y a pas vraiment. Il n'y en a pas, comme dans les films français aux mille personnages, ou comme... dans les films américains d'action/d'aventure (ceux où l'histoire existe en tant qu'accessoire aux batailles de mer). Je m'explique.

Dès les premiers plans du générique, je me suis dit: "On s'est trompé de salle": le premier logo à apparaître fut celui de la Warner. Et pourtant si, la salle était la bonne, et c'est bien la Warner qui a produit "Musée haut, musée bas". Mais qu'est-ce que la Warner vient faire dans un film français, sur le musée qui plus est? C'est là que commence l'histoire: en fait, le musée (un lieu rêvé, un mélange du Grand Palais, du Louvre et du Centre Pompidou - des « morceaux » ont été en fait tournés au Petit Palais, au Louvre, à Guimet, aux musées de l’Architecture et des Beaux Arts) est envahi par les plantes vertes et la nature en général. Cela donne lieu à de nombreux effets spéciaux et des cris hystérico-héroïques "Sauvons le musée!" - les deuxièmes ne se concentrant heureusement que dans les dix dernières minutes du film. A dire vrai, on s'en fout un petit peu - sauf lorsque cette histoire un brin bancale (ça sent un peu le Nicolas Hulot à l'envers) donne lieu à de jolis retournements et jeux de mots d'oeuvres.
--bande-annonce--


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120 rôles, tous joués par de grands acteurs - souvent écrits pour et avec eux - c'est du sur-mesure à la française! Tous avaient adoré la pièce, et ont adhéré au projet du film en laissant leur égo au vestiaire. Par les temps individualistes qui courent, cela fait plaisir. Le film s'éparpille en des dizaines de morceaux caleïdoscopiques à l'esthétique qui n'est pas sans rappeler Quadrille, le premier film de Valérie Lemercier. Les costumes des personnages sont aussi réjouissants que les oeuvres exposées (avec une expo photo au-delà du réel, inauguré par André Dussolier en ministre de la Culture qui a gardé la veste de Christine Albanel). Les dialogues le sont parfois moins. Comme dans tout film à vignettes, il y en a de bonnes et de moins bonnes. La bonne nouvelle, c'est qu'on n'aime pas toujours les mêmes! Mes préférées: la guide; le choeur "grec" des gardiens des salles, dirigé par Fabrice Luchini; l'artiste et son oeuvre autour de sa mère (même si, au début, on est lassé - la culmination de l'histoire vaut le coup); le public du vernissage de l'expo-photo; les ouvriers transportant Pietà; le tour privé du musée pour les Madones; Muriel Robin et Kandinsky; l'exposition Karl Paulin... Parmi celles qui m'ont vraiment lassées, l'histoire des deux familles Province (celle avec Jugnot, et celle avec la parking Rembrandt). Mais même dans les histoires qui lassent il y a parfois des perles, comme cette vision de deux "infantes" naines aux robes froufroutantes qui passent dans le parking Velasquez.

Au final, une excellente réflexion sur le musée, les types, les archétypes, les personnages, mais aussi (et surtout!) les oeuvres et leur choix. Contre-indiqué aux gens allergiques à l'absurde. Conseillé aux spectateurs ayant fait Histoire de l'art/Muséologie/Médiation culturelle ainsi qu'à tous ceux que leurs parents ont traîné dans les musées dès l'âge de deux ans.
Attention, il y a énormément de gens déçus... Si vous n'êtes pas sûrs, attendez le DVD, ou regardez les extraits sur Allociné (une bonne partie des meilleurs y est!)