(Théâtre) Le Mariage de Figaro à la Comédie Française | Une Russe à Paris
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dimanche 7 décembre 2008

(Théâtre) Le Mariage de Figaro à la Comédie Française

C'est probablement le rêve de tout amateur de théâtre (ou d'art en général) - une surprise venant de là où l'on l'attendait le moins. Une pièce bien connue, une institution vénérable, gardienne des traditions théâtrales; et, de plus, même pas une nouvelle production, mais une reprise... Tout dans cette représentation privatisée à l'occasion de la rentrée du Barreau de ParisTout promettait une soirée ordinaire. Que nenni! Pour rien je n'aurais raté cette folle journée soirée.

Il y a quelque temps, je vous avais parlé de la pièce d'Odon von Horvath, Figaro divorce, donnée à la Comédie Française en miroir au Mariage de Figaro. Je vois donc l'histoire de Figaro à l'envers, mais quelle joie de terminer sur un happy end! D'autant plus que la pièce entière est un feu d'artifice de talents, de joie de jouer, d'étonner le public, de courir, de s'exclamer, de feindre - bref, tout simplement, de vivre sur scène.

Car c'est ce que font les acteurs de cette folle journée, à commencer par l'excellent Comte de Christian Hecq, entré dans la troupe de la Comédie Française il y a seulement trois mois. Certains diront - "il surjoue, il cherche trop à faire rire!" - il n'en est pas moins qu'on rit et qu'on y croit, à son compte macho et ridicule. Pour moi, c'est à lui que l'on doit une bonne partie de la réussite de cette pièce. Laurent Stocker construit un Figaro dont le sens de la repartie n'égale que son énergie; il endort néanmoins la moitié de la salle lors de son monologue du 2e acte. Face à eux, un duo de femmes de tête: une Comtesse d'Elsa Lepoivre, belle, élégante et dramatique sans tomber dans la caricature; et une Suzanne d'Anne Kessler (cf photo à droite) un brin trop sage et bien moins pimpante et manipulatrice que ce dont on aurait pu rêver (cela fait un peu penser à des situations du genre "Si elle était la seule femme sur de ce château, on comprendrait pourquoi tout le monde lui court derrière") - ce qui ne me nullement en cause la qualité de son jeu. Mention spéciale à Benjamin Jungers (photo en haut) en Cherubin (rôle dans lequel il fit ses débuts, l'année dernière, sur les planches de la Comédie Française), jeunot enflammé et amoureux de l'amour, constamment à bout de souffle et ne tenant pas une seconde sur place.

Le metteur en scène Christophe Rauck occupe l'immense plateau avec aise et inventivité, grâce à des décors mobiles et astucieux et une direction d'acteurs proche de la perfection. Jamais je n'ai remarqué à quel point le texte du Mariage de Figaro était contemporain... et à quel point le sens de l'humour de Beaumarchais pouvait encore faire rire! Plus qu'une histoire de lutte de classe, nous sommes ici dans un galerie de portraits où les rapports de force se dévoilent dans toute leur compléxité.

Faut-il aller le voir? Courez-y! Aucun "mais". Vous avez jusqu'au 25 janvier!

En pratique:

Comédie Française (salle Richelieu - celle à Palais-Royal)
Place Colette 75001
Réservation de places sur le site de la Comédie