Le Scaphandre et le Papillon | Une Russe à Paris
Une Russe à Paris

vendredi 25 mai 2007

Le Scaphandre et le Papillon

J'ai vu ce film au dernier festival de Cannes (c'était en fait ma toute première montée des marches...), et il mérite tout à fait son prix de la mise en scène! En revanche, je ne le voyais pas en Palme d'Or...

Je n'ai pas lu le livre dont s'inspire le film; et oui, je pense que c'est là une leçon de courage, d'humilité, de bonheur, de la relativité des choses... (heureusement qu'avec un tel thème Julian Schnabel a su éviter le côté "cheesy") Mais à la limite, j'ai envie de dire que je m'en fous (presque) de l'histoire. Ce qui m'a fasciné dans ce film, c'est surtout la mise en scène. Quelle idée de génie que de l'avoir confiée à un peintre, c'est exactement ce qu'il fallait pour "sauver" ce film, a priori "infilmable", où presque rien ne se passe...

Julian Schnabel transforme chaque battement de cils en un tableau. Le monde vu par un oeil, avec tout ce qu'il a comme défaut - des fois il s'embue, alors l'image devient brumeuse, des fois il a du mal à suivre la personne, alors on ne voit que son torse, ou ses jambes, des fois l'image se déforme, se tord, scintille dans un coin, disparaît dans un clignement de cils, réapparaît plus nette... C'est un jeu de caméra - et de quelques effets - admirable, qui donne envie d'être contemplé, savouré, compris, indéfiniment. On se glisse dans la peau de cet homme meurtri qui ne peut compter que sur son ouïe et sur le seul oeil qui lui reste. Du coup, le monde nous paraît plus brut, plus fort, on ressent le vent de mer qui lui souffle dans la figure en l'obligeant de fermer les yeux, on sent le son des pas résonner dans la poitrine... C'est là une expérience unique. On aimerait presque voir le monde comme Jean-Dominique Bauby, le monde semble presque plus réel dans le film que dans la réalité.

A voir sur grand écran, obligatoirement...

A qui je recommanderais ce film? A ceux qui aiment les exercices de style, à ceux qui ont une sensibilité esthétique, à ceux qui n'ont pas peur de pleurer au cinéma.

Infos et critiques: Allociné, Télérama

Prix: prix de la mise en scène au festival de Cannes