La Visite de la Fanfare d'Eran Kolirin | Une Russe à Paris
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lundi 7 janvier 2008

La Visite de la Fanfare d'Eran Kolirin

La Visite de la Fanfare de Eran Kolirin, avec RonitElkabetz. Film franco-israélien. 1h26 min.

Très remarqué à Cannes, où ce film a eu le prix Coup de coeur de la sélection Un Certain Regard, La visite de la fanfare est enfin arrivée sur les écrans français après une tournée triomphale dans des festivals de cinéma du monde entier. Il s'agit d'un de ces films qui ne payent pas de mine et dont personne n'attend qu'ils vont avoir un succès... Et pourtant, le succès est bien là, tant auprès de la critique que des spectateurs (plus de 300 000 entrées à ce jour, incroyable pour un "petit film étranger"!).

L'histoire: Une fanfare de la police égyptienne (un tout petit orchestre qui joue de la musique classique arabe) vient en Israël pour jouer lors de l'inauguration d'un centre culturel arabe. Ne voyant personne venir les chercher à l'aéroport, ils essayent de se débrouiller tous seuls, et se retrouvent au milieu de nulle part, dans une petite ville perdue dans le désert israélien.

Eran Kolirin est réalisateur et scénariste israélien qui vient de la télé - et, si je ne me trompe pas (dites-le moi sinon), il s'agit de son premier long métrage. J'envie tout à coup les spectateurs israéliens: si leur télé est comme ça, ils doivent passer de sacrées bonnes soirées! De longs plans fixes en séquences burlesques au rythme subtil, de silences en éclats de rire (comme cette scène de séduction assistée entre le serveur de restaurant, aidé d'un musicien de la Fanfare, et une jeune fille en larmes), le film avance comme une fable, sans une once de clichés. Le grain de l'image me rappelle les films des années 70, un grain qui vous fascine et qui, justement, permet à ces interminables plans fixes d'exister et de respirer. Si l'on devait imaginer un anti-film d'action hollywoodien, ce serait celui-ci: il vous force à utiliser votre imagination, à remplir les silences des personnages créés par la barrière de langue plus que par l'absence de choses à dire, à recréer leurs vies, à vous imaginer vivre dans cette ville lointaine...

Mais c'est surtout grâce aux acteurs magnifiques que j'ai aimé ce film. J'ai découvert avec stupeur Ronit Elkabetz (j'ai râté Prendre femme, Alila, Mariage tardif... que je vais voir de ce pas maintenant!), qui a un pouvoir sur l'image tel que l'on ne voit qu'elle. Elle a à la foi une présence et une beauté peu communes. Imaginez une beauté de Monica Bellucci avec un tempérament de Maria Callas (sans vouloir prétendre que Ronit Elkabetz ressemble à une des deux, c'est pour vous donner un exemple de mélange que cela peut être).


Faut-il aller voir ce film? Je ne le classerai pas dans les indispensables, mais il y a, dans La Visite de la Fanfare, tant de légèreté, de malice et de solitude en sourdine, qu'à la fin, on est bien content d'avoir vu quelque chose de différent.