vendredi 29 février 2008

Le Dix Vins

Je continue à explorer les restaurants du 15e! Le Dix Vins est un bistrot à vins bien connu du quartier (ouvert depuis une dizaine d'années, il a été remarqué par le Zagat et le Pudlo, mais aussi par Paris pas cher (!)). Zagat le nomme “one of the best buys for the money in Paris”, et insiste: "charming, charming, charming". Cela faisait bien 6 mois que je n'y étais pas retournée, et hier soir l'excellent souvenir de leurs viandes et de leurs vins m'a fait revenir sur mes pas.







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Un décor de bistrot assez simple, avec deux beaux miroirs peints avec des grappes de raisins, et une boîte de camembert géante au plafond. Ambiance bougies et roses fraîches, c'est à peine bruyant, mais le niveau sonore est plutôt acceptable, même pour un tête-à-tête. Une mention spéciale pour la vaisselle, tendance constructiviste (la serveuse n'a pas su nous dire s'où elle vient, mais si quelqu'un le sait, j'aimerais bien savoir, surtout pour les tasses et les théières!) La meilleure table, si vous venez avec des copains, est la grande table pour six à côté d'un miroir, entre le bar et la deuxième salle du fond.

La carte est assez élaborée, une dizaine d'entrées, une dizaine de plats et une bonne vingtaine de desserts! En entrée, le fond d'artichaut à l'oeuf poché et à la crème aux herbes fines est fondant et crémeux (dommage que le manque de lumière empêche de distinguer ce qu'on mange dans l'assiette), le fois gras et son chausson aux pommes sur un lit de roquette est excellent, on en mangerait sans pain! Ensuite, un osso bucco façon grand-mère succulent, la viande a beaucoup de goût (c'est assez copieux, mais on nous fait volontiers un doggy bag). Quant au poisson du jour (filet de dorade), le seul poisson de la carte, c'est bon, mais sans plus: la dorade n'est pas particulièrement remarquable, et l'accompagnement (trois bouts de brocolis vapeur sur du riz au beurre) mériterait d'être plus soigné. Un plat aussi simple que chacun pourrait le faire chez soi, en mieux (ça, c'est le critère que j'utilise pour mes avis sur les restaurants: puis-je le faire à la maison, et aurais-je pu le faire mieux?). Pas de vin ce soir-là (je sais, c'est étrange d'aller dans un bistrot à vins et ne pas en prendre), mais, de souvenir, ils sont tout à fait recommandables!

Enfin, arrive le dessert, un pain perdu rattrapé par sa boule au caramel - un des meilleurs pains perdus que j'aie goûtés, bingo! Pas trop sucré, moelleux, avec une pointe amère grâce à la glace caramel, c'est beaucoup plus raffiné que la version traditionnelle à la glace vanille.

Au final, une très bonne table pour venir à deux ou en bande, le service sympathique et rapide, et une carte où chacun trouvera un plat à son goût! Allez-y quand une envie de viande et d'un bon verre de rouge vous prend (ne ratez pas la pièce du boucher). Prix presqu'inexistants à Paris: menu entrée-plat-dessert à 25€ le soir, encore moins cher à midi.

En pratique:
Le Dix Vins
57, rue Falguière
75015 PARIS

du Lundi au Samedi
01 43 20 91 77

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mercredi 27 février 2008

Qu'avons-nous lu en 2007?

Le palmarès annuel de l'Express-Rtl recensant les auteurs les plus lus en 2007 est sorti! Alors, quelles sont les nouvelles tendances de la lente dégradation de nos cellules nerveuses attaquées par le monde du divertissement (je suis d'une humeur catastrophiste aujourd'hui)? Mais non, dans le palmarès se sont aussi glissées quelques vraies perles!

Parmi les romans, j'ai pu lire et apprécier L'Elegance du hérisson de Muriel Barbery (voir ma critique ici), Un Roman russe d'Emmanuel Carrère (un des meilleurs livres que j'ai lus ces dernières années), Dans le café de la jeunesse perdue de Patrick Modiano (voir ma critique ici), et Une exécution ordinaire de Marc Dugain (entretenant, sans plus). Et j'ai aussi traduit Odette Toulemonde et autres histoires en russe, mais sans grande conviction quant à leur qualité littéraire, j'ai vu Schmitt mieux inspiré! Parmi les essais, je n'ai eu le temps de parcourir que Une brève histoire de l'avenir de Jacques Attali (première partie historique intéressante, puis j'ai laissé tomber, pas convaincue!).

Sur ma "to-read list": Chagrin d'école, L'aube, le soir et la nuit, et (quelle honte, cela fait plus d'un an que je l'ai acheté, mais toujours pas ouvert - trop peur!) Les Bienveillantes.
En ce moment, je lis avec grand intérêt le dernier roman de Ludmila Oulitskaia, Daniel Stein, traducteur (en russe, ce n'est pas encore traduit en français mais cela ne saurait tarder!).

Et voici le Top 15 du fameux palmarès national! Et vous, vous vous y reconnaissez? Qu'avez-vous lu de bon cette année? Qu'y ajouterez-vous? Pour ma part, y manque cruellement Baisers de cinéma d'Eric Fottorino, un roman merveilleux!

ROMANS

1 L'Elégance du hérisson Muriel Barbery Gallimard


2 Les Enfants de la liberté Marc Levy Robert Laffont


3 Ni d'Eve ni d'Adam Amélie Nothomb Albin Michel


4 Parce que je t'aime Guillaume Musso XO


5 Alabama song Gilles Leroy Mercure de France


6 Le Mystère des dieux Bernard Werber Albin Michel


7 Le Serment des limbes Jean-Christophe Grangé Albin Michel


8 Le Rapport de Brodeck Philippe Claudel Stock


9 Un roman russe Emmanuel Carrère P.O.L


10 Dans le café de la jeunesse perdue Patrick Modiano Gallimard


11 Les Dames de nage Bernard Giraudeau Métailié


12 Les Bienveillantes Jonathan Littell Gallimard


13 Le Parfum d'Adam Jean-Christophe Rufin Flammarion


14 Une exécution ordinaire Marc Dugain Gallimard


15 Odette Tout Le Monde et autres histoires Eric Emmanuel Schmitt Albin Michel

ESSAIS

1 Chagrin d'école Daniel Pennac Gallimard


2 Une vie Simone Veil Stock


3 La Femme fatale Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin Albin Michel


4 Cahier de gribouillages pour les adultes qui s'ennuient au bureau Claire Faÿ Panama


5 L'Aube, le soir ou la nuit Yasmina Reza Flammarion


6 Mais qu'est-ce qu'on va faire de toi ? Michel Drucker Robert Laffont


7 Anticancer. Prévenir et lutter grâce à nos défenses naturelles David Servan-Schreiber Robert Laffont
8 Un pouvoir nommé désir Catherine Nay Grasset


9 Cahier de vacances pour adultes, Spécial été Collectif Chiflet


10 Une brève histoire de l'avenir Jacques Attali Fayard


11 Cahier de gribouillages pour les adultes qui veulent tout plaquer Claire Faÿ Panama


12 Qui connaît madame Royal ? Eric Besson entretien avec Claude Askolovitch Grasset


13 L'Inconnu de l'Elysée Pierre Péan Fayard


14 Odeur du temps. Chroniques du temps qui passe Jean d'Ormesson Héloïse d'Ormesson


15 Vous n'aurez pas le dernier mot Jean Piat Albin Michel

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lundi 25 février 2008

Bouillon Racine, le plus parisien des restaurants

Ces derniers temps, beaucoup de gens me demandent: "Où peut-on amener un étranger, dans un endroit parisien mais pas touristique, où l'on mange bien et où le décor ne serait pas minimaliste?" Eh bien, mesdames et messieurs, j'en ai trouvé un! Bien évidemment, ce n'est pas une nouvelle, le Bouillon Racine existe depuis 1906. Fondé par les frères Chartier (que l'on connaît pour la brasserie Chartier, dans le 10e), il arbore un luxueux décor Art Nouveau (avis aux amateurs).

Je ne puis me retenir de vous raconter l'histoire des "bouillons", je ne la connaissais pas du tout! En fait, les premiers Bouillons ont été créés en 1855 par un boucher, Pierre-Louis Duval, qui proposait un plat unique de viande et un bouillon aux travailleurs des Halles. Au début du siècle, le concept fait fureur et on en comptait plus de 200 à Paris! Il n'en reste aujourd'hui que deux - Chartier (dans un style plus populaire, un peu "oeuf-mayo"), et le Bouillon Racine (plus recherché, il est noté par le Pudlo, le Bottin Gourmand et le Gault Millau). Le décor est effectivement somptueux - miroirs, boiseries, vitraux, mosaïques... Mais l'ambiance n'est pas du tout "vieille France", la clientèle est plutôt jeune, c'est même un peu trop bruyant (ne pas y aller pour un tête-à-tête romantique).

Et la cuisine, alors? En entrée, une crème de potiron au marrons - une soupe succulente, fine, exquise, avec des marrons qui fondent dans la bouche. Je la recommande chaudement! Ensuite, un grand classique - Pot au feu du Bouillon, os à moelle, fleur de sel et raifort, plutôt réussi, même s'il manquait un peu de sel et d'épices! Le repas est tellement copieux qu'on n'arrive pas au dessert... Pas grave, le restaurant fait aussi salon de thé dans l'après-midi, on reviendra!

En pratique:
Bouillon Racine
3, rue Racine - Paris 6me
Tél : 01 44 32 15 60
Ouvert tlj de 12 à 23h (dernières commandes)

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dimanche 24 février 2008

Paris de Cédric Klapisch

Paris... Tout le monde en parle, les critiques sont partagés, ils sont dubitatifs, ils font la moue... et le public est quand même au rendez-vous pour ce dernier film de Cédric Klapisch. Dans ce film choral, une ode à Paris, Klapisch ne se contente pas de raconter une histoire, mais nous demande de jeter un coup d'œil dans un kaléidoscope où se croisent, s'entrechoquent, se métamorphosent des milliers de petits destins.

L'histoire. Une myriade de personnages virevolte autour de deux histoires centrales. D'une part, celle de Pierre, danseur au coeur malade (Romain Duris, très juste, dans un rôle proche de celui qu'il a joué dans "Dans Paris" de Christophe Honoré) et de sa sœur Elise, une assistante sociale paumée (Juliette Binoche très complice de Duris, et dont le striptease improvisé plein de candeur est le plus charmant qu'on ait vu). D'autre part, celle de Roland Verneuil, professeur d'histoire de Paris à la fac amoureux et dépressif (Fabrice Luchini réjouissant) et Laetitia, son étudiante (Mélanie Laurent à la froideur incandescente).

On peut énumérer sans cesse les personnages cocasses (comme la boulangère de Karin Viard) et les scènes réussies (le "texto" de Fabrice Luchini), mais un seul personnage de ce film mérite qu'on en parle vraiment - Paris. C'est étrange comment le 11e arrondissement attire les réalisateurs ces derniers temps (je pense notamment à Christophe Honoré, parmi d'autres). J'ai même l'impression qu'il est meilleur sur l'écran! Mais quel que soit l'arrondissement où l'on vit, on partage tous le ciel parisien (pour peu qu'on ait la chance d'habiter en hauteur ou qu'on passe tout simplement au-dessus de la Seine dans le métro aérien). Ce sentiment d'union que l'on ne ressent pas toujours voire jamais, Klapisch parvient à le créer entre ses personnages et à le transmettre au public. La photographie magnifique de Christophe Beaucarne n'y est pas pour rien. C'est un Paris où l'on a envie de vivre (dans les deux sens de la phrase), Paris qu'on voit évoluer au fil des saisons sous l'œil observateur de Romain Duris.




Au final, la multiplication de personnages ne m'a pas tant dérangée, car, comme le personnage de Romain Duris, je me pose souvent la question "Que sont ces gens qui passent dans la rue? A quoi ils pensent? De quoi ont-ils l'air au lever? Que vont-ils devenir dans quelques années? Comment était cet SDF quand il était petit et avait encore une famille?" Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'être aussi prise de tête que moi au quotidien pour pouvoir apprécier ce film poétique, drôle, parfois un brin répétitif (mais peut-on se lasser de Paris?), dont la bande son vous plonge dès le début dans une mini-euphorie parisienne (j'émettrai juste une réserve quant au choix du leitmotiv pour le film, la Gnosienne N1 d'Eric Satie que je n'ai jamais trouvé génial).

Faut-il voir ce film? A voir au cinéma, si vous aimez Paris, si vous aimez Klapisch, si vous aimez Romain Duris, Juliette Binoche ou Fabrice Luchini. Vous voyez, il y a beaucoup de chances que vous vous retrouviez parmi les spectateurs!

Et, à défaut de voir le film, écoutez la bande originale, parfaite pour une balade à Paris! (tracklist sur le lien à gauche).

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dimanche 17 février 2008

Les Compères, parc Georges Brassens

Depuis mon déménagement en mai dernier, je commence à connaître assez bien ce quartier bien sympathique du 15e, entre Pasteur et Convention. Aussi, quand je vois dans le blog de Caroline Mignot qu'il y a un nouveau restaurant qui a ouvert ses portes près du parc Georges Brassens, je fonce! Bon, c'est vrai que Caroline Mignot dit aussi que le restaurant se trouve dans un "coin paumé du 15e". Je me vexe d'abord, puis reconnais qu'elle a raison: le coin est effectivement un peu paumé (y a que le bus là-bas, et en plus c'est juste en face de la Préfecture, pas exactement le coin le plus animé le soir), et 20 minutes à pied quand on oublié son bonnet à la maison et qu'il fait un froid de canard, c'est pas toujours de la balle! Mais je me dit que ça vaut bien le coup, et qu'un bon restaurant qui accepte votre réservation "vers 21-21h30" faite à 20h48 un samedi soir, ça se fait et ça se fête!

Les Compères est en effet tout nouveau: les clients sont peu nombreux, le service, très (voire trop) décontracté - la serveuse ne connaît ni la carte des vins ("Le Corbières, on ne sait pas d'où ça vient"), ni la carte elle-même ("La pannacotta, il y a 4 saveurs, alors là je crois que c'est du caramel, du chocolat, des fruits rouges, et puis ça je sais pas, vous me direz"); et on ne peut pas encore avoir une fiche car le tampon n'est pas arrivé! Va pour les débuts, tout ça n'est pas bien grave. On trouve un serveur qui connait ses vins et nous propose d'en goûter un, (le Corbières en question a d'ailleurs été pas mal du tout!). Passons à table!



La salade aux tomates confites, artichauts marinés, asperges vertes cuites et un oeuf "Hervé this" (une sorte d'œuf mollet vraiment très bon) est plutôt réussie, il y a à peine trop d'huile, mais rien de grave. La selle d'agneau au gratin dauphinois (viande goûtue et à la cuisson parfaite, rosée comme demandé, et un gratin à se lécher les doigts) ou le filet de bar (aux petits légumes, car il n'y avait plus de risotto aux champignons!) sont parfaits tous les deux! Rien à redire sur les plats, les produits sont très bons et la réalisation, maîtrisée. Le dessert, une pannacotta: en fait, ce sont quatre petites verrines aux saveurs différentes (la quatrième, c'était du miel). La texture est un peu trop riche, plus proche d'une crème brûlée, mais on finit l'assiette!

Au final, une très bonne adresse de quartier aux prix raisonnables (formule déjeuner 12 euros, à la carte 20-30 euros; les prix des plats oscillent entre 13 et 20 euros), qui mérite d'être connue des voisins, peut-être davantage pour un déjeuner (il paraît que c'est très ensoleillé en journée) ou un dîner casual. Il il ne manque plus que la serveuse ait un peu plus de métier ("Alors, c'était quoi? - elle met le nez dans notre assiette. "Du miel". "Ah bon" - elle fait une moue dubitative), et ce sera parfait! La sélection des vins au verre mériterait d'être étendue, j'espère que ce n'est qu'une question de temps.

Les Compères
32 rue Dantzig (à l'angle de la rue des Morillons)
75015 PARIS
T 01 45 33 72 71
Métro Convention

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vendredi 15 février 2008

Tous à l'opéra! Journée européenne de l'opéra

Tous à l'opéra! Demain, samedi 16 février, c'est la deuxième édition de la Journée européenne de l'opéra: partout en Europe, les maisons d'opéra ouvrent leurs portes pour plein d'animations, de visites, d'ateliers gratuits et ouverts à tous!

L'initiative est vraiment sympathique et est relayée par plus de 20 opéras en France (qui est le pays au plus grand nombre de participants, on peut être fier!) Vous pouvez voir le site officiel de l'événement ou consulter le programme des opéras français directement ici.

Ma petite sélection à Paris:

Théâtre des Champs-Elysées:

  • 14h30 et 16h20: assistez à la répétition Scène-Orchestre de l'opéra Thésée de Lully (l'opéra lui-même sera donné du 20 au 29 février). Entrée libre dans la limite des places disponibles. Venez tôt!
La Péniche Opéra:
  • 17h30 à 19h. Répétition de la représentation du soir Variation autour de la Viole(s) avec Marianne Muller, violiste, Robert Expert, contre ténor et Magali Duclos danseuse de hip-hop.
  • Projection d'un film d'opéra en plein air sur le quai de Loire (si les conditions climatiques sont avec nous), ou au restaurant « Les deux bateaux ».
Opéra-Comique:
  • Assistez à la répétition de l'opéra comique Zampa (sur réservation uniquement). Maus aussi, visites des atelies de fabrication de costumes, un atelier Vaudeville...

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mardi 12 février 2008

Juno de Jason Reitman

J'ai eu la chance de voir Juno avant que ne commence le ras-de-marée médiatique et le bouche-à-oreille (je l'ai déjà dit, j'ai du mal à apprécier les films après en avoir entendu parler pendant des semaines!) Et bien, je l'ai trouvé fort sympathique! L'histoire a tout pour en rebuter plus d'un: une ado tombe enceinte et décide de donner son bébé à un couple qui cherche à adopter. Ca sentait le tire-larmes et/ou un film moralisateur anti-avortement à 100km. Eh bien, rien de tout ça!

Tout d'abord, le film a été réalisé par Jason Reitman à qui l'on doit l'excellent "Thank you for smoking" (si vous ne l'avez pas vu, voilà une bonne idée pour votre prochaine soirée télé!). De plus, le scénario a été écrit par... Diablo Cody. Qui est-ce? Et bien, Diablo Cody est une jeune bloggueuse et une (non moins jeune) strip-teaseuse. Elle écrivait tranquilou son blog de stripteaseuse à Minneapolis, et puis paf! Quelqu'un la trouve drôle, on lui propose d'écrire un scénar, et elle pond Juno. Chapeau. Non, enfin, elle a fait aussi un bouquin (des "mémoires", disent les américains qui, je crois, ignorent totalement ce que ce mot veut dire), écrit des articles par ci, par là... La perseverance (et le talent) paye! Au final, un scénario drôle et enlevé, avec des dialogues ciselés au phrasé réaliste mais non vulgaire (bravo), moins absurde que Little Miss Sunshine (que j'ai pourtant bien aimé) mais moins conventionnel que tout ce qui se fait sur le thème de la "teen pregnancy" actuellement.



Ellen Page est effectivement excellente, sa candeur et son sens de l'humour (et pas une once d'ego!) sont une bouffée d'air frais dans le star system américain qui, par ailleurs, ne manquera pas de l'engloutir très bientôt, puisque la demoiselle est nominée aux Oscars pour ce rôle. Vous savez comment tout s'enchaîne en ce moment, encore deux films et elle va en rehab! Mais pour l'instant, allez voir cette comédie (ou louez le DVD quand ça sortira, c'est tout aussi bien!), ce n'est pas un grand film (et ça n'en a pas l'ambition) mais on passe un très très bon moment en compagne de cette petite famille joyeuse et un brin loufoque.

A lire également: une longue liste de citations de Juno sur IMDB. Ca vous donnera une idée de l'humour de Diablo Cody!

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dimanche 10 février 2008

Saint John Coltrane Church: Jazz mystique à la Cité de la Musique

Ha, là je fais dans l'original! Lorsque j'ai lu la description du concert de la Saint John Coltrane Church à la Cité de la Musique, je me suis dit: j'y vais! Il s'agit d'une "orthodox african church" qui, à travers des offices à mi-chemin entre le jazz et le gospel, voue un culte au Saint John Coltrane (eh oui, avis aux jazzmen en quête de l'éternel, vous pouvez vous faire canoniser grâce à votre métier!), et puis au JC bien sûr, car la musique de John Coltrane est serait capable de lui ramener des brebis égarées. Compte-rendu.

Je dis d'emblée que j'aime bien le gospel et les formes d'art qui s'en inspirent (comme la danse de Alvin Alley, par exemple), que j'adore le jazz (plutôt vocal qu'instrumental), et que le saxophone compte parmi mes instruments préférés. Serait-ce suffisant pour se laisser emporter par la musique de la Saint John Coltrane Church? Il est vrai que, pour une parisienne dotée d'un solide sens de second degré et d'une capacité à rationaliser l'irrationnel exceptionnelle, la transe religieuse n'est pas un état de tous les jours. Cependant, je me suis laissée tenter par ce concert, car j'étais à la fois hilare (je ne sais pas vous, mais la photo du saint John Coltrane avec son saxo me fait hurler de rire - je sais que c'est pas bien de se moquer des autres), curieuse (tiens, un reverend au saxo, ça doit être marrant, et puis faut s'ouvrir à d'autres cultures), et intriguée - car l'idée de l'essence divine de la musique ne m'est pas étrangère. Il est vrai que je peux facilement me faire transporter par un oratorio de Bach, un concerto de Mozart, Le Sacre du Printemps de Stravinsky ou un choeur de la Forza del Destino de Verdi, pour en citer quelques uns. Je trouvais donc qu'il n'était pas du tout con de trouver une essence divine au jazz!



Vous sentez que je vous parle plus de mes idées que du concert en lui-même, et ce n'est pas pour rien. Au final, la Saint John Coltrane Church n'a gardé du jazz que le côté un peu destroy (en gros, le saxo qui part en vrille et l'harmonie qui casse les oreilles - malgré 5 ans de cours d'analyse musicale au conservatoire, ça passe pas pour moi!), et du gospel, le côté un peu "secte enflammée" où l'on vous fait vous lever et crier Amen tous ensemble. En plus, du point de vue de la composition, c'était extrêmement répétitif, surtout le chant - c'est assez peu supportable pour quelqu'un qui a une bonne ouïe et une bonne mémoire... Je n'étais pas transportée pour un sou, ce fut donc la ligne 5 qui nous transporta à la maison, au bout d'une heure de concert. Mais sinon, la salle avait l'air plutôt contente, on était les premiers à partir! Alors, soit on est des leaders d'opinion et notre départ a déclenché une vague de fauteuils qui claquent (on peut toujours rêver), soit on n'était tout simplement pas leur genre. Ça arrive! Je n'abandonne pas pour autant mon idée de musique divine et vais persévérer dans ma recherche d'expériences extrêmes. Je suis en train de lire un traité bien sympathique sur la "jouissance de l'amateur d'opéra" (critique à venir). Je vous tiens au courant.

En pratique:

Cycle Jazz mystique à la Cité de la Musique (jusqu'au 13 février)
Le 13 février, il y a un concert dont la première partie a l'air plutôt intéressante, c'est consacré à la musique sacrée de Duke Ellington.

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vendredi 8 février 2008

No Country for Old Men de Joel et Ethan Coen

Ce film est une énigme. D'une virtuosité cinématographique certaine, il m'a tout de suite convaincu. Mais pourquoi? - telle était la question que me posa ma mère (qui a vu le film le même soir, mais 2000km plus à l'Est, quelle coïncidence!). Une fois qu'on a enlevé la forme, les références de genres (road movie, western, films de serial killer style Zodiac, etc.), qu'on a digéré les litres de sang déversé, que reste-t-il, au nom de quoi ont-ils fait ce film? Oui, ma mère a de ces questions... Bien évidemment, je ne suis pas obligée de convaincre toute personne n'ayant pas aimé un film qui m'a plu, mais là, j'étais intriguée. Car je ne pouvais pas y répondre! Alors, ça fait une semaine que je réfléchis, et enfin je peux vous livrer quelques résultats.

Evidemment, puisque ça fait maintenant des jours et des jours que c'est sorti et que tout le monde l'a déjà vu, ça ne sert à rien de vous dire "C'est génial, courez-y!" Ca sent un peu le réchauffé là. En revanche (et c'est là que ma mère a raison - c'est dur à reconnaître!), No Country for Old Men pose effectivement des questions. Je me suis dit que, au-delà des éloges pour la photographie, le scénario, le jeu des acteurs (Javier Bardem exceptionnel et méconnaissable), il y a des choses à dire sur le fond.

La première question c'est "Mais qu'est-ce qu'ils voulaient nous dire?" Après avoir réfléchi, lu ce que les gens ont écrit et parlé à tout le monde (y mi mamá también), voilà l'opinion qui me semble la plus intéressante conceptuellement parlant.

D'emblée, le film verse dans le symbolisme. Au début, Anton Chigurh tue un homme avec un pistolet pneumatique utilisé pour abattre le bétail. Il lui dit "Hold still" ("Ne bouge pas") avant d'appuyer sur la gâchette. Le plan d'après, c'est Llewelyn Moss qui vise une antilope dans la lunette de tir de son fusil, et murmure "Hold still" avant d'envoyer la balle. Aucun dialogue entre ces deux personnages différents qui, dans des lieux différents, tuent chacun un animal. La Mort est distribuée aux humains de la même façon qu'elle frappe les animaux. Anton ne serait pas un tueur à gages psychopate, mais l'incarnation de la Mort. Il y a une multitude de signes qui parsèment le film et qui l'indiquent (à qui veuille l'interpréter dans ce sens). Ainsi, lorsqu'il retourne sur le lieu de carnage dans le désert, il tue les "managers" qui y sont allés avec lui: peut-on voir la Mort et revenir? Notez bien que ceux qui le voient et ne meurent pas sont uniquement ceux qui ne savent pas qu'il est un tueur (la Mort).

(***SPOILER***) C'est pour ça que, lorsqu'il trouve Carla Jean et lui propose d'appeler pile ou face, elle refuse, en disant que ce n'est pas la pièce de monnaie, mais lui seul qui peut en décider. Ce à quoi Shigurh répond "I got here the same way the coin did" ("Je suis arrivé ici de la même manière que la pièce"): la mort serait alors à la merci de la nature tout comme nous; Anton doit tuer car nous devons tous mourir. Proposer le pile ou face, c'est le mieux qu'il peut faire pour ses victimes (repousser la mort mais non annuler son avènement). Ce pile ou face n'est cependant jamais dans les mains d'Anton: souvenez-vous d'une des dernières scènes, lorsque le cherif revient sur les scènes du crime. Il y a deux chambres, Shigurh se cache dans l'une d'entre elles. Bell (le cherif) choisit de rentrer dans l'autre (2 chambres = deux face d'une pièce de monnaie); la décision est alors placée entre ses mains, et Anton n'a pas plus de poids qu'un pile ou face.

La deuxième question concerne les rêves que Bell raconte à la fin à sa compagne. Le premier est très court mais crucial pour comprendre le second. Il se voit petit garçon qui va en ville, son père lui donne de l'argent pour acheter quelque chose, mais il n'achète rien et ne se souvient plus de ce qu'il a fait avec l'argent ("Maybe I lost it"). Ceci est à rapporter à la course-poursuite pour les $2 millions et le fait que Bell n'a jamais essayé d'avoir un peu de cet argent. Dans le deuxième rêve, il se trouve dans une vallée, la nuit, et son père passe devant lui avec une torche allumée, en s'enfonçant dans la noirceur de l'horizon, et Bell sait que, quand il aura traversé la nuit, il y trouvera de la lumière. Cette lumière dans la nuit, est-ce un signe que Dieu est entré dans la vie de Bell, comme il le disait à son copain Ellis (le gars en fauteuil roulant)?

Et est-ce que Shigurh n'a pas tué Bell car celui-ci a mené une vie lui permettant d'accéder à la lumière de l'au-delà? Il est évident qu'il n'y a que les morts qui ont la réponse à cette question. La question finale serait donc de savoir s'il y a un Dieu face à la Mort ou non (toujours dans le film, j'entends, on ne va pas verser dans des discussion générales d'ordre philosophique et/ou religieux!). Question ouverte.

Et puis, enfin, il y a la question plus "pratique": que s'est-il passé avec les $2 millions? Honnêtement, j'ai des idées mais aucune qui soit convaincante! Et vous?

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lundi 4 février 2008

Des gâteaux et du pain!

Le septième péché capital a encore frappé: j'ai succombé aux fourneaux de Claire Damon, la charmante patissière Des Gâteaux et du Pain, une nouvelle boulangerie-pâtisserie qui fait de la concurrence à Pierre Hermé dans le quartier Pasteur. Claire Damon a été chef-adjointe de Christophe Michalak au Plaza Athénée pendant 5 ans, a travaillé aussi chez Ladurée, chez Pierre Hermé, au Bristol - bref, tout ce qu'il y a de recommandable! Ses gâteaux sont fins (eh non, pas du tout roulés sous les aisselles, ils sont parfaits!), succulents, inventifs, et mettent en scène les saveurs comme le sait si bien faire Pierre Hermé, qui n'a désormais qu'à bien se tenir!

Si Claire Damon ne présente que ses recettes originales, elle copie un peu: le décor de la boutique n'est pas sans rappeler celle de Pierre Hermé (pas étonnant, c'est le même décorateur, Yann Pennors), et surtout celle de Pierre Marcolini: comptoir noir, les boîtes à pâtisseries noires, tout est très concept, même si, à mon humble goût, ce minimalisme esthétique sent trop le marketing!

Le marketing, on le sent aussi dans les prix (autour de 5 euros pour une petite boule de pain un peu "inventive" - au comté, au chorizo, aux graines de courges; autour de 4-5 euros le gâteau). Heureusement, le goût y est! J'ai la chance (ou le malchance?) d'habiter juste à côté, ce qui me permet de rationner mes razzias gourmandes: cette fois-ci, je n'ai emporté qu'une religieuse au caramel et beurre salé, vraiment très réussie. Le caramel ressort bien grâce à la petite pointe de sel, la crème est onctueuse et pas trop sucrée, et le glaçage, parfait! Prochain essai: le saint-honoré (un de mes gâteaux préférés, et qui est très bon chez Ladurée)!


En pratique:

Des Gâteaux et du Pain (plein de photos ici)
63 boulevard Pasteur
75015 PARIS
T 01 45 38 94 16
Métro Pasteur, Montparnasse-Bienvenue

Ouvert de 7h30 à 20h30, fermé le mardi

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