Into the Wild de Sean Penn | Une Russe à Paris
Une Russe à Paris

mardi 25 mars 2008

Into the Wild de Sean Penn

Jolie fin du long week-end hier soir avec Into the Wild de Sean Penn. Je parle rarement d'un film lorsque je le vois avec un tel retard (il est tout de même sorti début janvier). Mais j'ai eu un tel coup de coeur pour Into the Wild que je ne puis m'empêcher de vous en toucher mot.

Quatrième film de Sean Penn en tant que réalisateur (comme à son habitude, il en est également scénariste et producteur), Into the Wild retrace l'aventure d'un jeune diplômé qui lache tout pour partir à la recherche de la vérité. D'emblée, cela sonne prétentieux, moralisateur (on va nous parler de notre société décadente), assommant... Il n'en est rien. Du moins, pour moi, car Into the Wild est de ces films qui divisent: combien d'avis négatifs ai-je entendu sur ce film? On peste contre ce jeune homme qui bousille sa carrière et sa vie, contre la durée du film...

Et pourtant, je l'ai trouvé puissant, long juste ce qu'il faut pour décrire une vie. Sean Penn n'est clairement pas un de ces acteurs qui se mettent à la mise en scène juste parce qu'ils s'ennuient et qu'ils pensent savoir comment ça se passe de l'autre côté de la caméra. Lui a une vraie vision (il a eu le temps de la faire mûrir - cela fait plus de 10 ans qu'il a eu l'idée de faire ce film) qui donne au film un souffle, un mouvement, une âme - le tout avec une perfection technique rare. Notez que son chef de photographie est un français, Eric Gautier, est déjà connu pour, entre autres, son travail dans Les Carnets de Voyage. Il trouve une manière de filmer différente à chaque changement de paysage, et pourtant, on sent qu'on reste toujours dans le même pays. D'ailleurs, la ressemblance avec Carnets de voyage ne s'arrête pas au nom du chef de la photographie: deux voyages initiatiques, deux jeunes enflammés par une idée... Mais si Che Guevara (dans Carnets de voyage) est mu par le désir de faire des rencontres, Alexander, lui, chercher surtout à être seul... et fait des rencontres malgré lui.

Sur le fond: j'avais peur de détester cette histoire, j'ai toujours du mal avec les histoire de vies gâchées. Mais la vie de Christopher MacCandless (ou, comme il se fait appeler, Alexander Supertramp - super voyageur) n'a rien d'un ratage. On le sent destiné à autre chose, en effet, et le fait que cet autre chose se termine si tôt et de façon si tragique nous semble presque normal, dans la logique des choses, tellement ce jeune homme semble se distinguer de nous. A lui seul, il incarne nos désirs, nos rêves, nos révoltes avortées, nos cauchemars, aussi... Il est vrai, on accroche ou on n'accroche pas! Pour ma part, je n'ai toujours pas décroché, ce film s'est imprimé sur ma rétine, et je continue à voir le monde à travers

Les acteurs. Emile Hirsch, qu'on verra bientôt dans le prochain film de Gus van Sant, Milk, aux côtés de ... Sean Penn (décidément, le monde est petit), est très juste, très frais (il n'a que 22 ans et n'a été vu que dans 2-3 films plutôt moyens + un Cassavets), il semble


bouleversé par ce qui arrive à son personnage. Quelques rôles secondaires superbement distribués: Kristen Stewart (surveillez-là, elle va aller très loin), transparente, cristalline en jeune chanteuse hippie; mais aussi Hal Holbrook en vieux monsieur qui a encore tant à vivre, et tant d'autres.

Faut-il voir ce film? Trois fois oui. On ne peut pas cataloguer les gens comme ceux à qui il plait et ceux qui s'ennuient. Tentez le coup! Un seul conseil: voyez-le au cinéma, il perdra beaucoup au passage sur petit écran.

Et si vous l'avez déjà vu: qu'en avez-vous pensé?