Avez-vous déjà rompu pour cause littéraire? | Une Russe à Paris
Une Russe à Paris

mardi 15 avril 2008

Avez-vous déjà rompu pour cause littéraire?

Petite petite pensée du mardi soir, au détour d'un article aperçu dans le New York Times ("It's not you, it's your books!", et un autre dans le Libé ("Rupture littéraire") lui faisant écho. Qu'est-ce qu'une cause littéraire de rupture (literary deal breaker)?

"Lorsqu’elle/il vous a dit «Chéri(e), l’Alchimiste (Paulo Coelho) est un livre qui a changé ma vie», vous avez immédiatement compris que cette relation amoureuse ne pourrait pas aller tellement plus loin et que le moment était venu de se dire adieu."

D'après les commentaires des lecteurs du NYT, trois livres sont à l'Olympe des causes littéraires de rupture:

1) Da Vinci Code (Dan Brown)
2) L’Alchimiste (Paulo Coelho)
3) Les Cerfs-volants de Kaboul (Khaled Hosseini)

Certains diront que ce n'est pas bien d'être si catégorique dans ses jugements. Certes. Mais, comme disait un certain Stanford, "We all judge, it's our hobby. Some people do arts and crafts, we judge", et je m'y retrouve parfaitement (oui, je lis des articles vieux de trois semaines, et je regarde des séries vieilles de cinq ans!). A ce sujet, pas de liste de dealbreakers, mais quelques réflexions:

Tout d'abord, le dealbreaker (littéraire ou autre) est valable dans toute relation, et pas seulement dans des relations amoureuses... Combien de fois avez-vous été repoussé par la mention soudaine d'un auteur, d'un livre, d'un film - de la part d'un ami ou d'une simple connaissance?

Paulo Coelho est probablement le dealbreaker littéraire numéro 1 pour moi. Rien à faire, je trouve que cela fait "philosophie remâchée pour ceux qui n'ont pas les dents pour lire de vrais philosophes". C'est peut-être erroné, mais dans mon esprit c'est souvent connoté avec un manque d'éducation familiale, même si j'ai eu affaire à d'heureuses exceptions! Le numéro 2 serait Bernard Werber (littérature et cinéma confondus). Je sature également devant quelqu'un qui a lu plus de 2 romans d'Anne Gavalda et ne s'en est pas lassé. Dans un sens contraire, un "scelleur" de deal serait un livre ou un auteur confidentiel que j'adore (par exemple, Inversion de l'idiotie de David Foenkinos, ou une connaissance même superficielle de la poésie russe du XXe siècle). Non, ça n'arrive pas souvent.

Sinon, que ce soit dans la musique ou dans le cinéma je ne trouve pas vraiment de dealbreakers, mais plutôt des incompatibilités (je ramerai un peu pour trouver des sujets de conversation communs avec un amateur de rap ou de films d'action au scénario bidon, mais j'y arriverai sans doute). Et je n'en ai pas du tout en peinture, en photographie ou en danse, peut-être quelques uns en gastronomie (par exemple, un sachet de Lipton mis dans un mug avec de l'eau froide et passé 30 secondes au micro-ondes jusqu'à une température de 30°C, ça ne passe pas avec moi!). En fait, je critique, je critique, mais je suis vachement tolérante, quand même, faut le dire. Un poil mauvaise langue, ça oui, mais il faut me comprendre, je dois bien compenser mes efforts de tolérance par un petit plaisir de médisance...



Et vo
us, avez-vous (eu) des dealbreakers littéraires?

16 commentaires:

fanette a dit…

je suis tout à fait d'accord avec toi...Ce que j'ai du mal à accepter, moi, c'est un peu dans l'autre sens, ce sont les gens qui me disent avec un petit pli méprisant aux lèvres :" Ah euh Alexandre Dumas euh non ça fait vraiment littérature du pauvre... "ou tout autre remarque désobligeant envers Alexandre Dumas (père). Ah, elle aime Alexandre Dumas...comme si c'était salissant.
Cela étant, la majorité de mes fréquentations pensent qu'Alexandre Dumas a écrit les Misérables... ou Jane Eyre.

sarah a dit…

moi j'ai plein de "dealbreaker" cinématographiques !
Entre ceux qui te parlent de a catégorie des "films chiants" dès qu'il y a un peu de fond, où qui t'expliquent que X ou Y est le film de leur vie, ou qui ne font pas la différence entre Brice de Nice (sombre ...) et OSS 117 (coup de génie) et je peux continuer longtemps !
Mais effectivement Da vinci code, quand même, c'est un must ;-)

aBIGouDi a dit…

et instructif cet article merci!!!
perso des breakers ou plutôt des tues l'amour y'en a pas mal...

je sortirai jamais avec un garçon fan de Blockbusters de ciné et de litté (da vinci code me sort par les oreilles d'ailleurs)

en général je déteste tous les bouquins "à la mode", celui qu'on va retrouver dans toutes les rames de métro, et que le libraire du coin va vendre... ça m'écoeure de lire comme des millions d'autres c'est peut etre egoiste mais bon...

Olivier a dit…

je me souviens qu'à Noël ou un anniversaire la petite amie de mon frère m'avait offert la Cinquième Montagne. je ne réalise qu'aujourd'hui que cela nous a mis à l'abri d'une belle embrouille familiale ; que Paolo en soit ici remercié !

sinon, comme je suis poli et que je suis toujours partant pour goûter quitte à recracher (j'essaie dès demain ta recette du thé au micro-onde), je l'ai lu ; pas en entier hein, faut pas déconner quand même...

et bien détrompe-toi, Paolo Coelho c'est de la philosophie, et de la sans filtre : l'ennui profond est en soi une véritable expérience philosophique ; j'admire ceux qui ont su la vivre jusqu'au bout et, plus fort, s'en souviennent avec émoi.

Lohengrin a dit…

Hi hi c'est un sujet très amusant! ;-)) Et les commentaires sont aussi piquants les uns que les autres !

C'est drôle mais plusieurs personnes m'ont vanté l'Alchimiste: "tu verras, c'est génial", conseil que je me suis empressé de ne pas suivre, car il faut toujours aller contre le vent ;-) Quant à Khaled Husseini, par un heureux miracle je n'en ai jamais entendu parler, mais le titre du bouquin mérite en effet de le placer à la suite des deux autres (sorte de littérature pour bobo en mal d'exostisme).

En fait à mon avis ce genre de rupture doit forcément être précédée de signes qui ne trompent pas (une bizarre attirance vers les gros films américains, ou vers des émissions de télé du samedi soir?). Mais l'allégresse amoureuse passe vite sur ces détails qui fâchent, tout à fait minimes devant....devant quoi déjà ? Et alors se produit le cataclysme du Da Vinci Code, sorte de goutte d'eau qui fait déborder le vase mais qui à mon sens sert plutôt de prétexte pour affirmer sa propre tiédeur de sentiment...

Oui, ça marche aussi pour la gastronomie, sujet ô combien capital, n'est-ce pas ? Elever le poulet-frites au sommet de l'art culinaire a quelque chose d'affligeant... Pour la peinture, ça le fait moins ; finalement c'est un art beaucoup moins "démocratique" que les autres : on a tous un iPod dans les oreilles (euh, sauf moi) mais on ne fait pas défiler les tableaux sur l'écran du portable ;-)
Oups, désolé, le post est long : en fait on pourrait parler des heures sur ce sujet car je pense que ça révèle plein de choses sur notre manière d'aborder le monde !

Une Russe à Paris a dit…

Merci à tous pour vos commentaires! Je vois que le sujet vous passionne :-)
Fanette: je suis n'ai jamais entendu de commentaires méprisants sur Dumas-père (qui, en passant, est adoré en Russie, on a tous lu au moins une petite dizaine de ses livres)! Je vais faire attention maintenant :-)

Sarah: tout à fait d'accord sur cette catégorisation "films chiants"... Quand je me souviens des regards que mes collègues m'ont lancé lorsque j'ai essayé de donner à quelqu'un une invit pour l'avant-première de La graine et le mulet où je ne pouvais pas aller...

Abigoudi: les bouquins du métro, souvent, oui! J'ai d'ailleurs vu, pas plus tard qu'hier, quelqu'un en train de lire les Cerfs-volants de Kaboul. Mais j'en ai vu aussi qui lisaient "Les Démons" de Dostoïevsky, Aristide... il ne faut pas désespérer! Moi c'est surtout ceux qui lisent "Public" dans le métro :-)

Olivier: j'adore ta façon de positiver, j'essaierai de m'en inspirer! Tu me diras si tu as aimé le thé.

Lohengrin: tu as probablement raison pour la peinture... Je ne l'avais pas vu comme ça!

Une Russe à Paris a dit…

J'ajoute ici quelques dealbreakers qui m'ont été envoyés par mail ou par la rubrique Contact:

Cinéma:

Les films de Michael Bay (Pearl Harbor, Armageddon)
Les films de Michael Young

Littérature;

Les livres de Christian Jacques sur l'Egypte
Les biographies des personnes people

Peinture:

"l'art moderne, bof, mon petit frère dessine mieux" - j'adore et adhère totalement à celle-ci!

N'hésitez pas à m'en envoyer d'autres, par mail ou via les commentaires. J'en ferai une petite synthèse la semaine prochaine!

Kaplan a dit…

Bonjour,

Je viens de découvrir votre blog, qui m'a beaucoup emballé. Cultivé, plein d'esprit et de charme, bravo ! :)

Et bravo aussi pour votre dernier post, auquel j'adhère complètement. Je ne crois pas avoir déjà été confronté à un vrai "dealbreaker", mais il est clair que quelqu'un qui ne jure que par Bernard Werber ou Anna Gavalda va me mettre sur mes gardes... :)

tiusha a dit…

j'aime bien ton post et le ton qu'il adopte, sauf que je te trouve un peu sévère sur un point quand même.

je me tâte... oserai-je avouer ici (le risque étant connu) que j'ai lu et pire, bien aimé (!) deux romans d'Anna Gavalda, dont son dernier... je trouve que c'est un peu rude de la ranger avec Da Vinci code, Coelho et Weber. Si on cherche une fiction plaisante et agréable à lire on y trouve largement son compte (elle est moins mièvre et beaucoup plus inventive qu'au début à mon avis). Même si je ne la rangerais pas non plus dans la grande littérature.

de manière générale je n'aime pas condamner un film ou un livre au seul motif qu'il a fait un gros succès, mais plutôt sur son contenu

Mes dealbreakers par excellence:
- la culture télé avant tout le reste (je ne vois pas de quoi on pourrait parler, vraiment)
- les films d'action dépourvus de scénario (surtout s'il faut aller les voir ensemble!)

Et puis au chapitre "gourmandises", sans conteste, le nescafé ;-)

secondflore a dit…

Je crois bien que le pire, c'est : "ah non, moi tu sais je lis pas trop de romans, je préfère les livres qui parlent de la vraie vie, ou alors les romans historiques parce qu'on apprend des choses".
Il y a sûrement des phrases qui viennent après... mais je suis déjà loin ;)

vaselinethirsty a dit…

mes dealbreakers:
ceux qui regardent d'en haut le petit peuple vulgaire qui aime regarder des blockbusters pourris et lit l'alchimiste plutot que mandelstam
ceux qui veulent toujours pas admettre le progres des micro ondes et des sachets individuels et ne boivent que kusmi tea de chez le bon marché
ceux qui ne vont pas acheter leur billet pour NTM

oué, cest de l'ironie. mais il y a bien quelque chose de romantique dans la masse inculte. j'espere que jamais je vais quitter un garcon parce qu'il vote josé bové ou ecoute bb brunes. soyons un peu plus intelligents que ca, SURTOUT si on a un peu de culture.

Cristophe a dit…

Bonjour, j'arrive de je ne sais plus où, en allant de lien en lien...

Je n'ai pas connu de rupture pour une histoire de goût, littéraire ou autre. Car avant de rompre, il faut s'entendre ! d:-)

Une Russe à Paris a dit…

Kaplan: merci pour vos compliments! :-)

Tiusha: je vois ce que tu veux dire pour Gavalda. En fait, j'aurais dû préciser: Gavalda pourrait devenir un dealbreaker lorsqu'il s'agit d'une personne qui ne lit jamais, et le seul bouquin qu'elle lit dans l'année, c'est un roman d'Anne Gavalda. Cela équivaut à ceux qui vont une fois par an au cinéma, et c'est pour voir Camping (contre lequel je n'ai rien en soi, ça se défend et ça se regarde).

Vaselinethirsty: comme quoi, le monde est bien fait: nous ne sommes pas faits pour nous rencontrer alors! :-) Je précise: j'ai lu Mandelstam ET Alchimiste avant de pouvoir former mon avis, et c'est essentiellement le manque de fondements pour la comparaison que je reproche à certaines personnes... Je trouve que, à partir du moment où l'on sait de quoi on parle, on est libre d'aimer ou ne pas aimer certaines choses/personnes et de les classer comme on veut! Vous faites bien la même chose :-)
Sans rancune!

Christophe: bienvenue! Justement, lorsqu'on se rencontre, on peut parfois s'entendre sur certaines choses plus superficielles, et puis, au fur et à mesure que l'on découvre... ça va moins bien!

Nicolas a dit…

Qu'est-ce que vous avez contre Bernard Werber ? "Nous les dieux", après tout c'est un traité de métaphysique post-moderne... :-)
Quant à Anna Gavalda, j'avais bien aimé les premières nouvelles de "Je voudrais que quelqu'un m'attende qque part" : c'est léger et vif sur le style, et assez touchant au final, non ?

Enfin là je me suis attaqué à une biographie de Rimbaud en plus de 1200 pages...

Julien a dit…

Bonjour,
je viens de decouvrir ton blog par hasard et j'avoue qu'une certaine cerebralite, ajoute a un melange de curiosite et de culture, n'est pas pour me deplaire. Si en plus il semble que tu sois, ma foi, fort jolie, et que ton orthographe soit bien meilleur que celui de l'ensemble des Francais anonymes que j'ai pu lire recemment au hasard de mes perigrinations webiennes, alors... alors, je me dis que je laisserai bien un commentaire. D'autant qu'une Russe vivant a Paris, cela m'intrigue, moi le Francais ayant fui Paris il y a trois ans, et dorenavant immigre a Londres (ce qui explique que je ne mette aucun accent la ou il devrait y en avoir). Tout ca pour dire, que je n'ai jamais rompu pour cause litteraire mais si il devait y avoir des motifs futiles a la rupture amoureuse, la litterature serait sans doute un de mes favoris. Au demeurant, je trouve tes exemples bien choisis. J'ajouterai, pour ma part, qu'un gout particulier pour Florian Zeller ou pour Marc Levy me deconcerte, pour le moins. Ils sont l'equivalent litteraire de ce qu'est un sandwich Pret a Manger (une chaine de restauration rapide ici en Angleterre) a la gastronomie, joliment emballes, fades au gout, et pas tres nourissants. Et si l’on restreint le champ de l’irritation a de simples expressions, je placerai « wanna-be ecrivain » en tete de liste, juste devant « dealbreaker ». Pardon d'avoir ete un peu long. Bien a vous.

Une Russe à Paris a dit…

Julien: Bonjour et bienvenue! Merci pour les compliments, étant quelqu'un de relativement peu modeste, je les apprécie grandement :-)
Et oui, j'avais oublié Marc Lévy, comment ai-je pu! Merci! Pour Florian Zeller, j'avoue que je n'en ai lu aucun et n'oserai pas avancer mon avis, même si l'écho que j'en ai eu me fait pencher de ton côté.