mardi 23 décembre 2008

(Ciné) Mes plus belles années de Reshef Levy

Mes plus belles années, le premier film de Reshef Levi, n'est certes pas une surprise, mais un des films qui m'ont le plus touché cette année. Dernier accord de l'année 2008, Mes plus belles années est un film à voir absolument, sans tarder!

A certains égards, cette chronique de la vie d'une famille israélienne dans les années 80 rappelle Le premier jour du reste de ma vie dont je vous ai parlé il y a quelques mois. Deux frères jumeaux, une jeune fille, l'école, la guerre, l'amour... tout cela sonne comme un bon vieux film soviétique! Et pourtant, Mes plus belles années raconte une histoire dont on ne se lasse pas: celle d'une famille dans laquelle chacun reconnaît la sienne... Les vieilles rancunes, les amours ados, les soirées entre copains et les repas en famille, ces derniers moments dont vous vous souvenez avant que vous ne deveniez adulte et que cette famille n'éclate en unités isolées de "mes parents", "mon frère" ou "ma soeur".

Il est intéressant à noter que ce plus grand succès du box-office israélien de l'année est un tout premier essai cinématographique de Reshef Levi, scénariste et créateur de pièces de théâtre de 36 ans. Il est probable que ce succès soit dû à la fois à la spontanéïté d'un premier film, mais aussi aux années de réflexion sur ce film où certains personnages sont inspirés des membres de la famille du réalisateur. Parmi eux, le père, amateur de cactus excentrique et chef de famille intransigeant, celui qui sait faire marcher sa voiture avec du whisky et incite ses fils à ne jamais abandonner leurs rêves. La mère, une boule d'émotions, partiale et attachante... Les histoires de famille se mêlent aux premiers événements qui bousculent la vie d'Erez (Michael Moshonov, vu dans Tehilim).

--bande-annonce--


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Reshef Levi évoque le éveil douloureux au moment de la guerre du Liban qui fait irruption dans les familles auparavant protégées par une bulle. "Nous vivions dans une bulle, en province, à Kefar Sava, finalement très loin de la grande Tel Aviv. Tout au long de l'été, la télévision diffusait les mêmes programmes pour enfants, dont Lost islands [le titre anglais du film], une série au sujet de cinq enfants bloqués sur une île où le temps semblait s'être arrêté." Les îles perdues, cela aurait été un joli titre pour ce film ("Mes plus belles années, cela prête tellement à confusion avec Nos meilleures années de Marco Tullio Giordana et avec Nos plus belles années de Sydney Pollac!!)

Caractéristique des films israéliens des dernières années, la qualité de la distribution: même les seconds personnages sont parfaitement crédibles et développés tant par le scénario que par le jeu des des acteurs. On notera Orly Silbersatz Banai dans le rôle de Simha, et Yuval Schar dans le rôle de Neta (je trouve qu'il y a toujours une force incroyable qui se dégage chez les actrices israéliennes, au-delà de la beauté, elles ont souvent une présence qui envahit l'écran).

Au final, une histoire, servie par des acteurs formidables, mêlant les rires et les larmes sans jamais tomber dans la caricature du mélodrame cucul la praline.

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mercredi 17 décembre 2008

(Restos) Le Marcab: luxe, goût et volupté

Certes, c'est la crise, et il paraît qu'obtenir une réservation dans les meilleurs restaurants de New York n'est plus un problème... Mais à Paris, les nouveaux restaurants continuent à s'ouvir! Comme Le Marcab, une très belle découverte dans le quartier Pasteur/Vaugirard qui commence à être prisé par les restaurateurs, surtout depuis l'arrivée de Thierry Burlot. Nom curieux, Le Marcab est tout simplement la contraction des noms de famille des deux associés (Saint-Marc et Ab?? Abry?) - et, en tout cas, une bonne trouvaille pour le référencement Google, même si les humains tendent plutôt à le lire comme "marcage" ou "marco polo".

Ouvert le 12 novembre dernier, Le Marcab est déjà taxé d'un décor "hype et bling bling" - que, pourtant, j'adore. J'en déduis donc que ce n'est que du bon goût... Décoré dans des tons gris, brun et or, avec des banquettes royalement hautes et confortables et un vrai effort sur les détails et les finitions (tout, du poivrier à la barre qui tient les lourds rideaux gris, est parfait), Le Marcab réjouit aussi par la qualité de son service, sympathique, efficace et pas guindé, et - bien sûr! sinon ce ne serait qu'un demi-succès - par la qualité et l'inventivité de sa cuisine.

De l'extérieur, on ne voit qu'une salle un brin sombre, très design, avec ces deux chandeliers qu'un fil invisible retient au beau milieu de la fenêtre. Des banquettes au tissu imprimé, un très beau bar... La deuxième salle est encore meilleure! Toujours le même décor, mais, en plus, un lustre absolument fantastique (qu'est-ce que j'aimerais en avoir un comme ça!): les détails du lustre ne sont pas reliés entre eux, mais flottent dans l'air, indépendants les uns des autres. La photo ne lui rend absolument pas justice, mais c'est une vision absolument magique. D'ailleurs, la lumière est très travaillée - les plats ne sont pas plongés dans le noir, comme dans certains restos un peu "hype", mais elle n'inonde pas non plus les convives en quête d'intimité. Un petit aperçu de la déco en vidéo:




Côté cuisine, ça en jette tout autant. Au début, on est effrayé par la sophistication des plats ("médaillon de lotte, crème de bacon et fèves blanches", n'est-ce pas un peu trop?) - puis, on se décide! Résultat: un Magret de canard "Apicius", mousseline de carotte à la citronnelle et navets glacés au cumin (photo à droite) est délicieux, tendre et entouré d'une sauce douce qui se marie parfaitement avec le plat. Les navets manquent un peu de goût, mais prennent avec joie celui de la sauce! Le magret est de qualité, parfaitement cuit (rosé, comme demandé) et tendre. Le filet de bœuf poêlé au satè, échalotes confites et darphin de pommes de terre fut si bon que je n'ai pas pu en goûter une miette... sauf le darphin, excellent dans le style "rösti design". Ne zappons pas le dessert! Il n'y a plus de terrine de fromages, mais le plateau de fromages fait bien l'affaire, avec toujours des produits de grande qualité (c'est bien connu, c'est la moitié de la réussite du plat!). Quant à moi, je goûte la Salade d'oranges épicées et sorbet cacao (photo à gauche), mariage inattendu mais totalement maîtrisé! Les oranges aux épices (qui rappellent un peu le thé de Noël de Mariage Frères) sont plongées dans une petite "soupe" de jus; le sorbet de cacao est déposé par dessus - son goût, très concentré en cacao et presque pas sucré, fait ressortir celui des oranges. "Cerise" sur le gâteau - une framboise bien sucrée et juteuse, en plein hiver... Subtil! Pour accompagner le tout, une corbeille de pain (baguette/baguette aux céréales, très bonne) et une bonne bouteille de vin. Une soirée parfaite!

En pratique:

Le Marcab
225 rue de Vaugirard (face à la station Volontaires)
75015 Paris
Tel. 01 43 06 51 66
Formule 35€ (entrée, plat, dessert).

Lire aussi une critique chez CroqueCamille, avec plein de (très belles) photos!
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mardi 16 décembre 2008

(Ciné) Burn after reading des frères Coen

"Halfway between a good Coen brothers movie and a terrible Coen brothers movie." (Matthew de Abaitua, Times). On ne pouvait mieux résumer ce qu'est le nouveau film des frères Coen. Que de promesses! Une comédie des frères Coen: comment résister, après avoir tant ri avec The Big Lebowski, Ladykillers ou O'Brother? Pour Burn after reading, les frères Coen n'ont utilisé que des ingrédients de choix... et pourtant, quelque chose cloche! Après réflexion, cette farce d'espions aux airs de Johnny English et de Austin Powers, l'espion qui m'a tirée couplés avec un mélange d'Ocean's 13 et de Ladykillers... me rappelle surtout le "traditional English trifle" que cuisinait Rachel dans Friends (voir l'extrait en question). Voilà ce qui s'était passé: les pages de son livre de recettes s'étant collées, elle finit par mélanger crème anglaise et confiture au sauté de boeuf aux oignons dans un dessert pour le moins étonnant. Dans Burn after reading, le mélange est tout aussi détonnant... et le soufflé tombe à plat.


Certes, l'idée des frères Coen est brillantissime: écrire des rôles à contre-emploi pour des acteurs qu'ils connaissent bien. Idée brillantissime, certes, mais qui conviendrait davantage pour un spectacle de sketches ou un one-man show. Résultat: un Brad Pitt drôle comme jamais dans ce qui, pour moi, est son meilleur rôle. George Clooney pour une fois pitoyable (et toujours obsédé par un détail, comme dans chacun de ses rôles chez les frères Coen). John Malkovitch qui, pour une fois, ne joue pas une incarnation de l'intelligence. Seules les femmes (Tilda Swinton et Frances McDormand, l'épouse de Joël Coen pour qui c'est une septième collaboration avec les deux frères) restent fidèles à elles-mêmes: Tilda Swinton est parfaite dans le rôle d'une femme froide et castratrice qui lui colle à la peau (cf Michael Clayton), et le jeu de Frances McDormand rappelle parfaitement ce qu'elle avait fait dans Fargo. Si chacun des acteurs surjoue jusqu'à devenir la caricature de sa propre caricature, c'est Frances McDormand qui atteint les sommets du soutenable avec une interprétation presque aussi irritante que celle de Sally Hawkins dans Be Happy (et on pensait que c'était impossible!) Les deux films sont d'ailleurs en lice pour le Golden Globe de la meilleure comédie.

Quant à l'histoire, elle n'est intéressante que dans la mesure où elle donne lieu à quelques scènes d'anthologie (un coup de téléphone mémorable, et un coup de feu drôle à en mourir) - des scènes qui, tels des sketches, pourraient être vues séparément. Mais, vu de loin, on a du mal à croire à cette histoire de l'idiotie humaine (peut-être plus à cause du jeu forcé des acteurs que du scénario lui-même): une histoire aussi improbable devrait se baser sur des faits réels pour pouvoir être crédible. Finalement, réunir une histoire d'espions, une bande de bras cassés, de l'humour noir et du comique de situation ne réussit pas le trifle si le scénario ne prend pas!

Préparé en même temps que No Country for Old Men, Burn after reading est un revers de la même médaille: comme si les frères Coen avaient besoin de cet échappatoire idiot où l'on rit aux éclats sans raison apparente pour compenser la tension et la noirceur de No Country for Old Men. De ce point de vue-là, Burn after reading est un succès. Du point de vue des spectateurs, c'est plus mitigé...

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vendredi 12 décembre 2008

(Gourmandises) Des wagashi chez Toraya, ou le Japon à Paris

Le quartier entre Madeleine, Concorde et place Vendôme concentre la quintessence de l'art du salon de thé de la Rive droite avec, notamment Angelina (et son chocolat chaud indétrônable), 1 T rue Scribe (dont je vous parle bientôt), Ladurée (et son Saint-Honoré à la rose)... et plein d'autres. Décor soigné mais ambiance un peu surfaite, desserts proches de la perfection gastronomique, service un peu guindé ou suranné mais tellement chaaarmant... tout cela, on le retrouve chez Toraya, mais... de façon détournée. Car Toraya est un salon de thé japonais, et rien n'est pareil de l'autre côté du globe, c'est bien connu depuis qu'aAlice au pays des merveilles s'est posé la question sur les antipodes et les antipathes. Toraya est ainsi un bien curieux mélange de l'ambiance "8ème arrondissement" et de la tradition japonaise de desserts, wagashi, et de la cérémonie du thé, bien évidemment. Au final, une expérience dépaysante aux confins de la luxure... et du minimalisme.

Le wagashi (wa (japonais) et kashi (fruit) est une pâtisserie japonaise traditionnelle. Ce sont des desserts bien particuliers: aux quelques ingrédients de base (sucre de canne, haricots, agar-agar, farine de riz et farine de blé) s'ajoutent des ingrédients "éphémères", en fonction des saisons: des marrons en hiver, des fleurs de cerisiers en printemps, et ainsi de suite. Plus qu'un dessert, le wagashi est un concentré gastronomique de la réflexion sur la nature, la littarature ou la peinture... autant vous dire qu'il faut le savourer lentement pour avoir le temps de réfléchir à tout ça.

Bien évidemment, les clients parisiens de Toraya ne s'adonnent pas toujours à ce genre de réflexion. Un samedi après-midi, c'est surtout l'endroit où échouent des shoppeurs fatigués (face à moi, un homme au visage si las que je lui trouve quelque chose de canin, oui, son visage me rappelle un bloodhound) , où ont lieu des first dates soigneusement planifiés, où viennent prendre une tasse de thé des couples qui n'ont rien à se dire et qui mangent en silence... Bref, tous ces gens que vous espérez ne jamais devenir ou êtes ravis de ne plus être. A ma gauche, justement, un jeune homme se lance dans un monologue laborieux visant à séduire sa compagne. C'est clairement leur premier rendez-vous... "Je lis, oui. Je lis. Mais c'est dur. J'avais commencé à lire Lacrimosa. Mais j'ai arrêté. Au boût de 48 pages! J'étais essouflé." - venant d'un type qui a l'air de passer bien plus de temps dans une salle de gym que dans une bibliothèque, c'est doublement étonnant. La conversation glisse sur la nourriture, terrain où il se sent plus à l'aise, face à sa compagne qui ne sait pas ce que c'est qu'un KFC (je vous jure): "C'est comme la Brioche Dorée", lui explique-t-il, l'air nonchalant. Puis continue: "Je ne mange pas que chez mes parents, je me fais aussi à manger! Alors j'ai mangé copieusement et j'ai pris deux vodkas..." En fait, comme beaucoup de salons de thé, Toraya est un excellent terrain de chasse pour les amateurs de la Comédie Humaine. Et oui, je l'avoue, je me suis emparée d'un stylo pour noter, noter, noter ces dialogues aussi succulents que les wagashi...

Justement, qu'en est-il des wagashi? J'aime beaucoup le gâteau matcha à l'azuki aux marrons glacés (photo); la texture un peu farineuse du thé marcha et des marrons glacés est parfaite! Je suis aussi une grande fan de leur glace (ou sorbet?) au thé vert et, encore plus, de la glace (là je suis sûre) au sésame blanc, absolument délicieuse. Et puis, bien sûr, bien sûr, les macarons, très délicatement parfumés et beaucoup moins sucrés que les macarons de Ladurée, par exemple... Le tout accompagné d'un thé (je prends souvent un genmaicha au riz grillé), joliment présenté, exhalant de douces odeurs... (je suis en train d'écouter du jazz en rédigeant ce billet, alors ça me rend romantique. Non parce que sinon, Toraya, faut pas rêver non plus, ce n'est pas l'endroit magique qui vous fera tout à coup découvrir la philosophie ou la beauté d'une fleur de cerisier emprisonnée dans de la gelée, il faut y mettre de l'imagination!)

Mon imagination, je l'ai emprisonnée dans cette jolie (je me flatte) photo faite avec un Lomo (voir mon post d'hier sur les Lomo) - je parle de la photo tout en haut de ce billet. J'aime beaucoup cette atmosphère floutée-feutrée mais très graphique: la quintessence du Japon, la douceur et l'ordre.

Pour en savoir plus:
Le site de Toraya avec plein de photos et descriptions alléchantes de wagashi
Un reportage dans Madame Figaro sur la nouvelle mode des wagashi (je suis terriblement dans le vent).

En pratique:
Toraya
10, Rue St-Florentin,
75001 Paris

tlj sauf dimanches et fêtes

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mercredi 10 décembre 2008

(Photo) Lomo, le parfait imparfait, ou "C'est moi qui l'ai fait!"

Le mois de la photo vient de se terminer, et je n'ai bien évidemment rien vu, occupée comme je suis! Alors... alors je me suis enfin décidée - non, non pas de sortir de chez moi pour me traîner à une expo - mais de vous parler de mes essais lomographiques.

A l'origine, le Lomo est un appareil photo de piètre qualité fabriqué par LOMO à Leningrad (LOMO est une abbréviation du Cosortium optico-mécanique de Leningrad - ce sont des génies du marketing, là-bas!). En 1991, deux étudiants autrichiens, Matthias Fiegl et Wolfgang Stranzinger, se baladent au marché à puces de Prague et tombent sur un Lomo LC-A. Ils l'utilisent pour faire des photos de leurs soirées - vous voyez, le genre de photos que nous avons tous faites, mal cadrées, mal éclairées mais... totalement délirantes. Matthias et Wolfgand exposent donc leurs chefs-d'oeuvre dans leur appartement. Les copains adorent... et le concept est né. Mais, en 1991, on ne badine plus avec la production en URSS: la production des Lomo est arrêtée. Les deux étudiants n'en démordent pas, et, un an plus tard, persuadent le directeur de redémarrer la production des Lomo dont ils seront désormais les distributeurs mondiaux. Depuis, les Lomo sont fabriqués en Chine... mais le concept est resté d'origine.

Le concept justement: laisser faire le hasard et oublier les règles! Il s'agit de négliger toutes les règles de l'art photographique (ou, du moins, ne pas y penser à chaque instant) pour privilégier la spontanéité. Le résultat? Des clichés dont se dégage souvent la force d'un instant, la chaleur d'une ambiance, la personnalité d'un portrait...



Les photos prises avec un Lomo (dont il existe aujourd'hui des dizaines de versions l'une plus loufoque que l'autre) ont un rendu très particulier: comme je disais plus haut, ce sont des appareils-photo qui ont une très mauvaise optique, ce qui rend chaque cliché unique. Pour paraphraser Tolstoï, tous les bons appareils se ressemblent, tous les mauvais appareils le sont chacun à sa façon. Cette mauvaise optique produit souvent des défauts qui rendent les photos très intéressantes: des couleurs très saturées (i.e. plus que "vives" - pour ceux qui ne maîtrisent pas le jargon photographique) voire complètement fausses, et le vignetage (lorsque les bords de la photo sont plus foncés que le centre).

Les quatre photos que vous voyez ont été faites par mes blanches mains avec un Lomo d'emprunt (très bonne idée, d'ailleurs, de l'emprunter à un copain histoire de voir si ça vous plait. Après, le problème, c'est que ça plait, et qu'il faut acheter). En haut, le petit terrier écossais en promenade entre Opéra Garnier et place Vendôme (ça se voit vachement sur la photo, je sais). Puis, une installation dont je vous avais déjà parlé ici - "Dehors - dedans fluorescent" de Jean-Claude Le Gouic. Ce sont des espèces de fils un peu mous qui permettent de rentrer à l'intérieur du cube (--> vous êtes à l'intérieur d'une oeuvre d'art). Les enfants avaient tout de suite adopté le principe! J'adore le côté suranné des photos, le Lomo donne exactement le même grain que l'on peut observer sur des photos publiées dans des magazines des années 1970. Fantastique!



Et enfin un essai sur des feuilles rouges - comme vous voyez, les couleurs virent vers un rose fuschia bien clinquant, j'adore! Et bientôt, une petite photo prise chez Toraya (billet à suivre).

En savoir plus:

Voir les dix commandements du lomographe ici.
Voir le groupe consacré au Lomo sur Flickr.
Voir quelques photos prises avec le Holga (moyen format, donc des photos carrées) ici.
Voir ici comment obtenir un "effet Lomo" à partir de clichés numériques faits avec un appareil photo normal.

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dimanche 7 décembre 2008

(Théâtre) Le Mariage de Figaro à la Comédie Française

C'est probablement le rêve de tout amateur de théâtre (ou d'art en général) - une surprise venant de là où l'on l'attendait le moins. Une pièce bien connue, une institution vénérable, gardienne des traditions théâtrales; et, de plus, même pas une nouvelle production, mais une reprise... Tout dans cette représentation privatisée à l'occasion de la rentrée du Barreau de ParisTout promettait une soirée ordinaire. Que nenni! Pour rien je n'aurais raté cette folle journée soirée.

Il y a quelque temps, je vous avais parlé de la pièce d'Odon von Horvath, Figaro divorce, donnée à la Comédie Française en miroir au Mariage de Figaro. Je vois donc l'histoire de Figaro à l'envers, mais quelle joie de terminer sur un happy end! D'autant plus que la pièce entière est un feu d'artifice de talents, de joie de jouer, d'étonner le public, de courir, de s'exclamer, de feindre - bref, tout simplement, de vivre sur scène.

Car c'est ce que font les acteurs de cette folle journée, à commencer par l'excellent Comte de Christian Hecq, entré dans la troupe de la Comédie Française il y a seulement trois mois. Certains diront - "il surjoue, il cherche trop à faire rire!" - il n'en est pas moins qu'on rit et qu'on y croit, à son compte macho et ridicule. Pour moi, c'est à lui que l'on doit une bonne partie de la réussite de cette pièce. Laurent Stocker construit un Figaro dont le sens de la repartie n'égale que son énergie; il endort néanmoins la moitié de la salle lors de son monologue du 2e acte. Face à eux, un duo de femmes de tête: une Comtesse d'Elsa Lepoivre, belle, élégante et dramatique sans tomber dans la caricature; et une Suzanne d'Anne Kessler (cf photo à droite) un brin trop sage et bien moins pimpante et manipulatrice que ce dont on aurait pu rêver (cela fait un peu penser à des situations du genre "Si elle était la seule femme sur de ce château, on comprendrait pourquoi tout le monde lui court derrière") - ce qui ne me nullement en cause la qualité de son jeu. Mention spéciale à Benjamin Jungers (photo en haut) en Cherubin (rôle dans lequel il fit ses débuts, l'année dernière, sur les planches de la Comédie Française), jeunot enflammé et amoureux de l'amour, constamment à bout de souffle et ne tenant pas une seconde sur place.

Le metteur en scène Christophe Rauck occupe l'immense plateau avec aise et inventivité, grâce à des décors mobiles et astucieux et une direction d'acteurs proche de la perfection. Jamais je n'ai remarqué à quel point le texte du Mariage de Figaro était contemporain... et à quel point le sens de l'humour de Beaumarchais pouvait encore faire rire! Plus qu'une histoire de lutte de classe, nous sommes ici dans un galerie de portraits où les rapports de force se dévoilent dans toute leur compléxité.

Faut-il aller le voir? Courez-y! Aucun "mais". Vous avez jusqu'au 25 janvier!

En pratique:

Comédie Française (salle Richelieu - celle à Palais-Royal)
Place Colette 75001
Réservation de places sur le site de la Comédie

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jeudi 4 décembre 2008

(Restos) Toujours imité, jamais égalé...

Ah, les pluies arrivent, et on a envie à la fois d'un bon plat un brin lourd, d'un peu de chaleur et... d'une réminiscence de l'été. Bingo! Le falafel! Et - comme vous le savez peut-être - il y a une maison à Paris où il faut avoir goûté le falafel, c'est... roulement de tambours... l'As du Fallafel ("toujours imité, jamais égalé", comme l'indique judicieusement la devanture, depuis 1979).

Au coeur du Marais, rue des Rosiers, l'été comme l'hiver, l'As du Fallafel reste l'épicentre de l'émeute des parisiens affamés et des touristes en mal d'exotisme: la queue, vous la voyez et l'entendez de loin. Au premier regard, on pourrait laisser tomber tant sont nombreux les amateurs des petites boulettes de pois chiches et autres délices moyen-orientaux. Mais la queue avance vite et, cinq minutes plus tard, vous êtes à l'intérieur!

Le secret, c'est ce service ultra-rapide - ça court, ça crie, ça jette les cartes sur les tables, vite, vite, vite! Et puis finalement, on s'y sent bien: beaucoup viennent avec des enfants, des copains... et cette ambiance décontractée n'est pas sans rappeler certains cafés de Tel-Aviv. Ce n'est certes pas un endroit pour un rendez-vous galant, mais idéal pour une pause rapide après une promenade dans le quartier, ou après une expo. A côté de notre table, deux japonaises se tiennent toutes droites sur leurs chaises, ne sachant où poser leur petits sacs à main dernier cri. Intriguées, elles pignochent dans leur pita-falafel avec une fourchette (mais quelle idée!), et, l'air suspect, relisent leur guide de Paris en japonais. En effet, l'As du falafel figure dans plusieurs guides du Soleil Levant et les Japonais affluent par petits groupes pour se retrouver, à leur grande surprise (ce sont en général des Japonais ultra-branchés), dans une antre chaude sentant l'huile de friture, le schawarma et les pois chiches. Un vrai choc des cultures! Cela ne fait qu'amuser les habitués, qui ne réagissent plus au bruit ambiant: finalement, nous ne sommes là que pour une seule chose: la nourriture!

Le grand classique, c'est la pita-falafel (ou pita-schawarma-falafel) - à déguster avec les doigts, accompagnée d'une citronnade maison (délicieuse), d'un jus de carottes fraichement pressé ou d'un lait au sirop d'orgeat. Mais il y a aussi les "assiettes" (globalement, c'est le contenu de la pita qui est - un peu plus - joliment disposé sur une vraie assiette) - pour ceux qui réchignent à enfoncer leur dents dans une pita dégoulinante de sauce (qui se marie à merveille avec les ingrédients - le falafel, bien sûr, mais aussi des légumes, des choux, de la salade, des tomates...). Un vrai repas d'ogre qui pourrait décomplexer les bouches les plus fines!

En pratique: ça marche aussi en vente à emporter (il y a deux queues distinctes; on vous donnera un ticket avec un numéro et on vous appellera). Pour une queue de dix-quinze personnes, prévoyez dix minutes d'attente.

L'As du Fallafel
32 rue des Rosiers
75004 Paris

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