(Théâtre) Les Vêpres de la Vierge par Oleg Kulik au Théâtre du Châtelet | Une Russe à Paris
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vendredi 23 janvier 2009

(Théâtre) Les Vêpres de la Vierge par Oleg Kulik au Théâtre du Châtelet

Cette saison est placée, pour le Théâtre du Châtelet, sous le signe du contre-emploi. Après avoir invité Sting pour participer à un opéra (no comment), le Châtelet accueille Oleg Kulik, célèbre artiste russe connu pour ses performances à scandale (ce sont ses photos qui ont été confisquées par la police lors de la dernière FIAC), pour une mise en scène des Vêpres de la Vierge de Monteverdi. Quelques impressions de la répétition générale d'hier soir.

L'idée de confier à Kulik la mise en scène d'une liturgie paraît suprenante. Mais il faut garder à l'esprit que, depuis quelque temps, Kulik s'est assagi, a voyagé en Inde, en Mongolie et au Tibet où il a visité des monastères et où lui est venue l'idée d'une liturgie populaire, à laquelle participent tous les membres de la communauté. C'est ainsi que la nouvelle production des Vêpres de la Vierge débute par une intervention du Kulik lui-même, invitant le public à participer à la première "liturgie spatiale". Quelques gloussements dans la salle... et on commence!

Mais la liturgie spatiale avait en fait commencé bien avant: dès l'entrée, une façade transformée, des feux de bois, des policiers en peau d'ours (sic), des ouvreuses aux habits cosmiques sonnant des clochettes... Les dernières rangées de chaque balcon sont rétroéclairées en rouge, quelques rayons de projecteurs sortent de l'obscurité les médaillons décorant les loges et, au milieu de la salle, un énorme écran transparent est suspendu au plafond. En soi, le théâtre est déjà une oeuvre d'art. Le ton est donné: de la soirée, on ne verra plus la musique que comme un accompagnement musical de la nouvelle oeuvre de Kulik.

L'artiste tente pourtant le contraire: mettre la musique au centre de la mise en scène. Les musiciens, déguisés en prêtres, se trouvent sur scène, face au public. Le chef d'orchestre Jean-Christohe Spinosi, est lui aussi face au public, tournant le dos à l'orchestre qui ne voit ses gestes que par le biais d'un miroir. Les chanteurs, disséminés dans la salle, pâtissent de cette spatialisation laborieuse mais pas toujours réussie, tout comme le chef d'orchestre, mal à l'aise sans un contact direct avec ses musiciens.




Les projections vidéo envahissent la salle,éblouissent au début (ah que c'est ingénieux!), ennuient ensuite, énervent plus tard. Sur scène, évoluent deux acrobates dont on peine à comprendre l'utilité et qui semblent peu grâcieux voire franchement amateurs. Des bruitages (la pluie, un bus qui s'arrêtent, les ronflements d'un spectateur...) parsèment la partition sans pour autant la gêner, dans la mesure où, de toute façon, on n'écoutait déjà plus la musique.

On en a plein les yeux, plein les oreilles, on en ressort avec un début de mal de tête et une brassée de questions. Une liturgie non rattachée à une religion en particulier, pourquoi pas. L'inclusion du public dans la liturgie, pas mal! Les projections? On n'en voit pas toujours le rapport avec la musique, idem pour la grande partie de ce qui se passe sur scène - mais qui n'aime pas se renverser sur un fauteuil en velours en écoutant de la jolie musique de fond avec de jolies lumières chassant l'une l'autre sur le plafond?

Au final, une oeuvre intéressante d'Oleg Kulik sur les motifs de Monteverdi...

En pratique:

Vespro della beata vergine, Claudio Monteverdi
Théâtre du Châtelet
du 24 janvier au 29 janvier 2009