(Expos) Gainsbourg 2008 à la Cité de la Musique | Une Russe à Paris
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lundi 9 février 2009

(Expos) Gainsbourg 2008 à la Cité de la Musique

Comment exposer la musique autrement qu'en l'interprétant en concert ou en enregistrant un disque? Telle est la question que je me posais en allant à l'exposition Gainsbourg 2008 (2009, maintenant, mais "Gainsbourg 2008" a l'air d'être une trademark - après réflexion, c'est probablement pour fêter le 80e anniversaire de l'artiste).

Il est vrai que Gainsbourg se prête au jeu plus facilement que n'importe quel musicien - peintre, compositeur, chanteur, réalisateur, agitateur... il en a laissé, de traces! Mais comment rassembler le tout, de façon à faire ressortir un personnage? C'est Frédéric Sanchez, créateur musical plus qu'ambigü: ses intérêts vont d'ambiances musicales pour les défilés Prada ou l'Hôtel Costes aux bandes-son des expositions comme celle de Gainsbourg ou celle, à venir, de Ange Leccia au Musée Bourdelle. Son dada? Les associations d'images et d'idées (et de sons, rajouterais-je). Bingo! C'est exactement ce que fut Gainsbourg - une image, une idée, un son. En route pour une exposition des plus déroutantes!

Déroutante, je l'imagine, l'exposition le sera pour de nombreux visiteurs qui viendront la découvrir seuls. J'ai eu de la chance d'avoir une guide - ce que je vous conseille de faire vivement, tant sa présence m'a aidée à apprécier l'exposition et à éviter certains aspects dérangeants. Sur le papier, l'organisation est classique: quatre périodes, la "bleue" (1958-64), Les idoles (1965-69), La Décadanse (1969-79) et Ecce Homo (1979-...). Mais, dans la salle, tout se passe bien différemment: l'espace est organisé par une vingtaine de "totems" (sic!), à savoir des colonnes rectangulaires divisées en rectangles, dont certains comportent des écrans et d'autres, de simples photos. Chaque colonne représente une idée, une image, une collaboration marquante (Je t'aime moi non plus), un goût (la peinture, le jazz...) ou une histoire (les parents, Théodosie...) Les hauts parleurs disposés près de chaque colonne permettent d'écouter des témoignages (comme celui de Barbara, très intéressant), des vidéos, des films ou des dessins animés.



Ce brouhaha est complété par une installation sonore made by Frédéric Sanchez: au-dessus de nos têtes, des haut-parleurs diffusent en permanence des textes de Gainsbourg lus par des artistes qui ont partagé sa vie ou l'ont inspiré, tels Isabelle Adjani, Vanessa Paradis, Juliette Gréco ou Jacques Dutronc. C'est probablement l'aspect que l'on apprécie le moins, tout simplement parce qu'on ne parvient pas à saisir les textes prononcés, mais simplement les intonations et certains mots qui résonnent dans les (rares) moments de silence. Sur le mur de gauche, un autre aspect de Gainsbourg - Gainsbourg-collectionneur, Gainsbourg-poète, Gainsbourg-peintre (un autoportrait que j'ai trouvé vraiment réussi, ressemblant et dérangeant tout comme son modèle).

L'intérêt du guide, justement, était de savoir à quel moment passer à quel élément, de passer de colonne en colonne en attirant notre attention sur tel ou tel détail et en servant, finalement, de fil directeur qui manque à la conception de l'exposition. Son rôle me faisait penser à une situation suivante: imaginez, devant vous, un petit tas de pierres précieuses, jaunes, rouges, vertes, des diamants, des saphires... Vous êtes éblouis, vous ne savez que choisir et vous finissez par fixer les pierres sans les toucher. Imaginez maintenant qu'un joaillier vienne - non faire un bijou à votre place - mais simplement vous indiquer quelles couleurs vont mieux ensemble, mettre un topaze à côté d'un amétiste et vous faire apprécier le lien entre les deux. Devant vos yeux, un véritable kaleïdoscope, changeant, comme dans les temps de notre enfance. Et puis, à la fin, vous avez le droit (les enfants en ont parfois si envie!) de tout mélanger à nouveau. Vous avez du temps libre, parcourez, mélangez, écoutez ce qui bon vous semble.

Au final, une mise en espace intéressante et un retour sur un personnage hors du commun...

En pratique:
Gainsbourg 2008
Jusqu'au 15 mars
Cité de la Musique
Tarif: 8 euros
Visites gratuites: samedi et dimanche, 14h, 15h, 16h (30 min) - ce n'est pas ce que j'ai essayé (la mienne était une visite privée pour un groupe), mais je pense que ça doit être pas mal quand même.
Sinon, organisez un groupe de copains et commandez une visite guidée! Maintenant que tout le monde est sur Facebook, ça devrait être fingers in the nose, non?

Crédits: AFP pour la photo de l'exposition