(Expo) Bijoux Art déco et Avant-garde au Musée des Arts Décoratifs | Une Russe à Paris
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dimanche 22 mars 2009

(Expo) Bijoux Art déco et Avant-garde au Musée des Arts Décoratifs

"Les diamants sont les meilleurs amis de la femme", chantait Marylin Monroe dans Les Hommes préfèrent les blondes. Mais si une promenade place Vendôme reste un passe-temps superficiel (dans le sens où on l'on fait du lèche-vitrines sans jamais rentrer dans le magasin), l'exposition Bijoux Art déco et Avant-garde au Musée des Arts Décoratifs est une véritable balade... architecturale. Oui oui! Car, dans les années 1930, c'est une nouvelle ère de la joaillerie qui commence lorsque le Salon d'Automne refuse à Jean Desprès une trentaine de pièces sous prétexte qu'elles étaient "modernes". Les formes deviennent géométriques, et les bijoux font objet d'autant d'inventivité que l'architecture et la sculpture de l'époque. L'exposition permet alors de revoir les modèles aujourd'hui presque disparus des collections (car nous sommes, depuis le New Look de Dior, et encore plus aujourd'hui, revenus à la joaillerie ultra-féminine, où tout est rond, tout est ondulant, tout est fleurs).

Or, dans les années 1930, justement, tout est nouveau, et "tout est mathématiques" (des citations de Blaise Cendrars imprimées sur les murs vous permettront de briller en société même si vous n'arborez pas à votre poignet l'un des "amis" susmentionnés). Le grand hall abrite une rétrospective de l'oeuvre de Jean Desprès (une première!), des bijoux de ses débuts inspirés par l’esthétique industrielle (bielle, engrenage, roue dentée) ; les bijoux-glaces en argent et verre ; les bijoux-céramiques réalisés; mais aussi des objes liturgiques, des reliures et - ce que j'ai préféré de loin! - les pièces d'art de table (comprenez - fourchettes-couteaux-cuillères).

Si l'on n'est pas convaincu par les bijoux de Jean Desprès - sublimes, mais dont la majorité paraît importable - on est ravi par la deuxième partie de l'exposition où l'on découvre de nombreux créateurs. Des broches très mondrianesques de Jean Fouquet aux plus classiques maisons de Cartier, Boucheron ou Van Cleef & Arpels: ici, ne manquez pas les fameux "bracelets réversibles" (côté or ou côté diamants), ainsi que les bijoux modulables (la structure - collier, boucles d'oreille, bracelet - vous est fournie, ainsi que quatre clips de diamants que vous pouvez attacher à votre guise.

On airait aimé les notices moins arides et mieux disposées (commentant, par exemple, les pièces plutôt que l'oeuvre de tel ou tel joailler dont on ne se souviendra pas en sortant), mais l'ensemble des pièces est parfaitement exposé et éclairé si bien que les bijoux parlent d'eux-mêmes.

Catalogue de l'exposition: Bijou Art déco et avant-garde : Jean Desprès et les bijoutiers modernes

En pratique:
Musée des Arts Décoratifs (107, rue de Rivoli)
Jusqu'au 12 juillet 2009
NB: n'oubliez pas de demander le bon ticket à la caisse, sinon on vous vendra le ticket pour les trois musées (les caissières ne demandent pas ce que vous voulez quand vous dites "un ticket"). Si vous avez fait erreur, faites appel à l'un des gardes (ils sont aussi nombreux que les méchants dans James Bond, on penserait que c'est comme ça que le Musée des Arts Déco lutte contre le chômage - l'un vous prend le ticket, l'autre le déchire, le troisième le vérifie et vous envoie vers le quatrième qui se trouve dans la bonne entrée, celui-ci revérifie votre billet et vous renvoie vers l'ascensceur - le troisième vous rattrape en disant qu'il faut rester au rez-de-chaussée - "Mais votre collègue a dit qu'il faut monter au troisième..." - "Il a dit ça par rapport à votre billet" - finalement un autre court vous échanger le billet, un sixième le vérifie, un septième dit "C'est pas de ma faute", un huitième vous indique les toilettes, un neuvième vous renvoie vers les toilettes parce que, bien sûr, vous vous êtes perdus...) C'est utile d'avoir du personnel, mais n'exagérons rien.

Si vous avez une demi-heure de plus, passez voir l'exposition consacrée à Sonia Rykiel (à l'occasion des 40 ans de la maison) - beaucoup de modèles ont perdu de leur fraîcheur, d'autres sont très mal exposés (une robe noires en dentelle sur un mannequin noir dans une vitrine noire non éclairée), mais l'on s'amuse toujours à découvrir la veste en cheveux roux de Rykiel (comme quoi, Martin Margiela n'a rien inventé) et plein plein d'autres robes qui prouvent que Sonia Rykiel avait autant de talent que d'humour.

(jusqu'au 19 avril 2009)

Illustrations:

1) Brigitte Helm habillée par Jacques Manuel, parée par Raymond Templier; Archive de la maison Templier © D.R.
2) Jean Després, bague, 1937 (platine, or, diamants, aigue-marine)© Les Arts Décoratifs, photo Jean Tholance;
3) Sonia Rykiel - Campagne publicitaire de la collection Printemps/Eté 1986 © Dominique Issermann