Et voilà, je vous avais prévenu: c'est le grand jour - ça fait sept ans que je suis en France! Ne croyez pas quand même que je le fête tous les ans, mais cette année (et plus précisément ce mois-ci) je sors définitivement du monde étudiant/stagiaire éternel, yay! Ça compte, ça, comme début d'une nouvelle vie?
Retournons à nos moutons: je suis donc arrivée en France le 19 septembre 2000, pour faire mes études à la Sorbonne... L'époque bénie où je pensais que la Sorbonne était la plus grande université du monde (ne vous inquiétez pas, j'ai pu comparer avec Sciences Po depuis, ça calme) et où je détestais les week-ends (quelle hérésie!) parce que je ne connaissais personne...
Depuis, il s'est passé pas mal de choses. J'ai déménagé 11 fois, vécu à Paris, à Milan et à Bruxelles; je suis passée par plein d'entreprises dans la musique et le cinéma (dont beaucoup me trouvaient "brillante", mais apparemment pas suffisamment pour me payer); j'ai changé de métier trois fois et ai fini par en faire une synthèse en devenant journaliste. Je me suis fait des amis honduriens, américains, polonais, italiens, espagnols, grecs, bulgares, roumains, français (!); je suis devenue moins russe, plus française (mais au final "ni viande ni poisson", comme on dit en russe), j'ai appris deux langues en plus (comme si ça ne suffisait pas)...
Je me suis intéressée à la politique française, je suis devenue une fan de jazz, de cinéma, d'opéra (ça ce n'est pas nouveau), de photo, de bouledogues anglais, de cheesecakes, de brunchs et de salons de thé parisiens, de week-ends en amoureux, de macarons Pierre Hermé, de chocolats Pierre Marcolini et de thés Mariage Frères (on est à fond dans le spirituel, vous le sentez là), du Télérama, du Figaro le matin, de séries américaines en VO (téléchargées mais tout à fait légalement!), d'Internet... et d'un milliard d'autres choses dont mes amis russes ignorent l'existence et dont ils se passent parfaitement. Bref, j'ai grandi.
Mais je n'ai pas pu oublier: les nuits blanches de Saint-Pétersbourg, le visage de ma mère quand je la vois dans le hall d'arrivée de l'aéroport, la musique russe (non non, Tchaïkovsky, ce n'est pas gnangnan!), les histoires drôles de chez nous, intraduisibles en français, les pelmenis à la crème fraîche, le bortsch, les pirojkis, les pirogis aux airelles, l'odeur de la forêt, la datcha des Zilberburg, le fait que les champignons ne s'achètent pas, ils se cueillent, les rires, les soirées entre amis, la vie sans formalités...
J'ai découvert que toutes les françaises ne sont pas comme Catherine Deneuve et que tous les français ne sont pas comme d'Artagnan (deux grands fantasmes russes sur la France); que l'opéra c'est snob (
Et enfin, last but not least: j'ai découvert que plus on change de pays, plus on est nostalgique de chacun des endroits qu'on a quittés, et moins on s'y sent chez soi.