Le projet de puissance de la Russie : enjeux, réalités et implications stratégiques
Le colloque avec un titre aussi ambitieux ne peut qu'être intéressant. D'autant plus qu'il n'est sponsorisé par aucune entreprise russe (pas de Gazprom = un espoir pour la liberté de la parole)... Organisé par la Fondation pour la Recherche Stratégique, il aura lieu mardi prochain (2 octobre), de 9h à 16 (déjeuner inclus). Tant pis pour ceux qui travaillent du matin au soir, et tant mieux pour ceux qui peuvent s'éclipser du bureau quelques heures pour y aller!
Au programme:
Sécurité et défense : perceptions et politiques de la Russie
Les fondements économiques et humains de la puissance (économie, démographie et santé...)
Politique étrangère : quelles orientations pour la Russie ?
En tout, une vingtaine d'interventions par les meilleurs spécialistes en la question, français, russes et anglais.
Mardi 2 octobre 2007
Maison de la Chimie
28, rue Saint-Dominique - 75007 Paris
Inscrivez-vous en écrivant à FRS (mail indiqué ici), en précisant que vous serez présent pour le buffet. Et n'oubliez pas de me raconter comment c'était!
samedi 29 septembre 2007
Colloque Le projet de puissance de la Russie
Les expos du mois d'octobre
L'exposition Sots Art : Art Politique en Russie
à partir du 21 octobre
Ce mois-ci on fête les 90 ans de la Révolution de 1917! Curieusement, ce fait est plus connu à Paris qu'en Russie, comme je l'ai découvert récemment en parlant avec ma mère... A Paris donc, quelques expositions (beaucoup dans des galeries) consacrées à l'art russe ouvrent en octobre. Parmi toutes celles-ci, j'ai choisi l'expo Sots Art: Art Politique en Russie.
Sots Art est en fait du Соц-арт --> Art soc-ialiste, mais bon, c'est encore une de ces abbréviations avec "sots" que les non-russophones ne pourront jamais apprécier. Il s'agit d'une forme de post-modernisme, un hybride entre le sots-réalisme (соцреализм) et le pop art. Le terme lui-même a été inventé par Vitaly Komar (Виталий Комар) et Alexandre Melamid (Александр Меламид), sorte d'Andy Warhol bicéphale, en 1972. Au lieu de reproduire à l'infini les images de la conscience collectie (e.g. Marylin Monroe) comme le pop art, le sots art reproduit les idéologies... La photo en haut illustre parfaitement le lien spirituel entre ces deux courants.
Expo à voir absolument si vous vous intéressez à l'art moderne (mais figuratif, ne poussons pas!), et si vous êtes curieux de découvrir "l'autre côté de la médaille" artistique de la guerre froide...
Update 26/11: critique de l'exposition ici.
Maison Rouge / Fondation Antoine de Galbert / 10 boulevard de la Bastille75012 PARIS
Photo : Auteur : Leonid Sokov Titre : Staline et monroe, Année : 1991 Technique : Collage. Acrylique, bronze peint, papier, aggloméré, papier photographique Courtesy Galerie Tretlakov, Moscou (D.R.)
Arcimboldo au Musée du Luxembourg
15 septembre 2007 au 13 janvier 2008.
Qui ne connaît pas Arcimboldo? Question de snob, me direz vous... Mais non, vous le connaissez sûrement, mais peut-être pas de nom! Car ses tableaux, et surtout ses portraits composés entièrement de fruits, légumes et autres fleurs ont été reproduits des milliers de fois par les publicitaires... L'exposition co-organisée par le Musée du Luxembourg et le Kunsthistorisches Museum de Vienne présente une centaine d'oeuvres de ce peintre italien du 16e siècle, l'occasion de découvrir nombre de portraits inédits... Mais n'y allez pas le ventre vide!
Musée du Luxembourg
19, rue de Vaugirard
75006
Fragonard, les plaisirs d'un siècle
Musée Jacquemart André
158, boulevard Haussmann
75008
PARIS
mardi 25 septembre 2007
Les Cakes de Bertrand ou le goût du kitsch
Délicieux déjeuner vendredi dernier - pour fêter la fin d'un travail, le début d'un autre, ainsi que - accessoirement - le seul et unique (après-midi de) RTT que j'aie jamais eu (et dont je suis loin de profiter de nouveau...): Les Cakes de Bertrand
7, rue Bourdaloue / 75009 Paris
Notre Dame de Lorette
01 40 16 16 28
dimanche 23 septembre 2007
Sex and the City (le film): le tournage a commencé!
Oui oui oui!!! Ça y est! Le tournage de Sex and the city (le film) a commencé! C'est une nouvelle d'importance mondiale, je sais... Les premières scènes sont tournées à New York (ici, à côté de Tiffany & Co) depuis le 19 septembre. Ça leur a pris 3 ans pour se mettre d'accord sur les salaires et le scénario, mais mieux vaut tard que jamais...
Le réalisateur (sans surprises) est Michael Patrick King, qui avait été le producteur exécutif, scénariste et réalisateur d'un bon nombre d'épisodes de SATC; toutes les héroïnes (et Mr Big aussi, ouf!) sont de retour (bien qu'ils aient essayé de remplacer Kim Catrall - Samantha...). Dans les seconds rôles, on retrouvera aussi Smith (le copain de Samantha) et Anthony (l'ami gay de Charlotte).
Le film compte une star de plus: Jennifer Hudson (mais si, mais si, vous l'avez vu dans Dreamgirls, c'est la fille un peu boulotte qui a remporté la Star Ac' américaine, et a eu un Golden Globe et un Oscar depuis) dans le rôle Louise, l'assistante de Carrie Bradshaw.
L'intrigue est (pour l'instant) tenue en secret, mais Kristin Davis (Charlotte) a l'air bien enceinte sur cette photo... A suivre!
Le film devrait sortir fin mai 2008.
D'autres photos de tournage sont affichées ici.
Update 04/10:
Et peut-être un mariage pour Carrie? :-)
Update 09/06:
Voir ma critique du film ici.
vendredi 21 septembre 2007
La mafia russe londonienne dans Eastern Promises de David Cronenberg
Les festivals de Toronto, de San Sebastian et de Londres ont révélé un film qui va certainement m'attirer au cinéma début novembre: Eastern Promises (Promesses de l'ombre en VF, sortie le 7 novembre) de David Cronenberg, réalisateur de History of violence. Prix du public à Toronto, Les Promesses de l'ombre a eu d'excellentes critiques aux Etats-Unis où le film est déjà sorti.
L'histoire se passe dans le milieu de la mafia londonienne des années 90', entre Noël et le Nouvel An. Une infirmière (Naomi Watts) cherche à retrouver la famille d'un bébé dont la mère (une prostituée russe) est morte à l'accouchement. Elle se retrouve au milieu d'une intrigue sanglante (apparemment, le carnage dans les bains publiques peut choquer certaines sensibilités, à la fois par le réalisme et par la beauté d'un Viggo Mortensen entièrement nu...). Les mafieux russes sont donc joués par Armin Mueller-Stahl, Vincent Cassel (bon Vincent Cassel en mafieu russe j'ai quand même un doute...) et Jerzy Skolimowski.
Les Promesses de l'ombre montre "une nouvelle Russie porteuse d'un capitalisme très brutal qui montre ce qu'était le capitalisme à l'origine avant son évolution sophistiquée. Je suis sûr que le président Poutine va beaucoup l'apprécier!", a plaisanté David Cronenberg lors de la conférence de presse au festival de San Sebastian.
Variety affirme qu'il s'agit là d'un des meilleurs films de David Cronenberg, et d'un des meilleurs rôles de Viggo Mortensen (Casino Royale, After the Wedding). Le New York Times est également enthousiaste: Les Promesses de l'ombre est un film dont les images et les implications resteront dans votre esprit pendant longtemps. Un film d'action, un thriller, un drame de gangsters et, au fond, la quête de la morale dans un monde obscur et rempli de désespoir.
jeudi 20 septembre 2007
Le torse nu de Poutine ou le Bon, la brute et le truand
Qui est-ce? Un cowboy? Naaan, c'est notre cher président Poutine! Au milieu du mois d'août, le Kremlin a fait une des meilleures opérations de relations publiques, à l'occasion de la visite du prince Albert de Monaco.
Notre cowboy national a passé quelques jours avec Albert II dans la région de Krasnoyarsk, à faire de la pêche, du rafting, de la rando en jeep, du cheval (j'espère qu'Albert a survécu à ce programme)... histoire de montrer qui est le vrai super-héros russe. Cette histoire faussement innocente a été commentée en long et en travers par les médias russes (tous glorifiant le président qui est en si bonne forme bla-bla-bla), ainsi que par les tabloïds occidentaux (qui ont surtout blasé sur le torse nu de Poutine).
Ce fut une nouvelle occasion de mettre des lunettes roses sur le nez d'un pays entier... A lire les articles des journaux russes, on pourrait presque dire qu'il est temps que le Pape commence à penser à la future canonisation de Poutine... "Le Président a pêché un poisson assez rare, taïmen, mais, ayant appris que le poisson est inscrit dans le Livre Rouge des espèces en voie de disparition, le laissa repartir" (vous en avez dans le même genre sur bouc que Poutine aurait pu tuer, mais ne l'a pas fait)...
Tout ceci me rappelle les campagnes PR de Lénine (pendant et après la mort) (Poutine fait aussi dans le "Poutine et les enfants"); ainsi que les nombreuses blagues qu'elles ont engendrées ("a мог бы и сабелькой").
Au final, nous obtenons une parfaite image d'un héros national:
Entouré de paysages russes, le superman dobry molodets joue de ses muscles (comme dit le Sun, "maintenant Poutine peut monter autre chose que ses dents"), boit de l'eau fraîche... Tout le contraire de son prédécesseur! Qui oserait penser que la vie politique de cet homme en pleine forme puisse se terminer l'année prochaine?
Il paraît qu'il a déjà pris rendez-vous avec Zoubkov pour l'initier aux joies de la pêche. Comme ça la relève de super-héros est assurée (et puis on garde toujours Khodorkovsky le méchant sous le coude, pour le sequel!)
mardi 18 septembre 2007
Sept ans en France!
Et voilà, je vous avais prévenu: c'est le grand jour - ça fait sept ans que je suis en France! Ne croyez pas quand même que je le fête tous les ans, mais cette année (et plus précisément ce mois-ci) je sors définitivement du monde étudiant/stagiaire éternel, yay! Ça compte, ça, comme début d'une nouvelle vie?
Mais je n'ai pas pu oublier: les nuits blanches de Saint-Pétersbourg, le visage de ma mère quand je la vois dans le hall d'arrivée de l'aéroport, la musique russe (non non, Tchaïkovsky, ce n'est pas gnangnan!), les histoires drôles de chez nous, intraduisibles en français, les pelmenis à la crème fraîche, le bortsch, les pirojkis, les pirogis aux airelles, l'odeur de la forêt, la datcha des Zilberburg, le fait que les champignons ne s'achètent pas, ils se cueillent, les rires, les soirées entre amis, la vie sans formalités...
J'ai découvert que toutes les françaises ne sont pas comme Catherine Deneuve et que tous les français ne sont pas comme d'Artagnan (deux grands fantasmes russes sur la France); que l'opéra c'est snob (
Et enfin, last but not least: j'ai découvert que plus on change de pays, plus on est nostalgique de chacun des endroits qu'on a quittés, et moins on s'y sent chez soi.
dimanche 16 septembre 2007
Les puces de Saint-Ouen ou le déjeuner des antiquaires
A Paris depuis 7 ans (7 ans après-demain, déjà!), je n'ai jamais mis pied aux puces de Saint-Ouen, la honte! Vous me direz, il y a pire. Certes! Mais tout de même, je me flattais jusqu'ici d'avoir visité tous les musées de Paris, sauf le musée de Lénine (4, rue Marie Rose, sur rendez-vous uniquement - pour ceux que ça intéresse). Bon, c'est une grosse flatterie, mais ce n'est pas très loin de la vérité! Surtout quand on se compare aux Parisiens n'étant jamais monté sur la tour Eiffel (un grand classique).
Oui, alors, vu la honte qui couvrait ma réputation de "museum geek", je suis allée aux puces de Saint-Ouen. Deux fois. La première fois, en repérage. J'avais alors adoré cet endroit pittoresque, d'un autre temps, très "Alice aux pays des merveilles". Je m'attendais à voir le chapelier fou (était pas là). J'avais aussi assisté à une scène si émouvante pour mes yeux de russe, que je n'ai pas pu résister: j'y suis retournée.
DR: Pavel Savitsky
La deuxième fois, j'amenais ma mère, un copain et son appareil photo. La scène en question, c'est celle-ci: si vous allez aux puces de Saint-Ouen vers 11h, faites le marché Vernaison (le plus connu et le plus pittoresque) d'abord, et attaquez le marché Biron (très "dorures, moulures et cheminées" ensuite, vers 12h30, vous allez assister au déjeuner des antiquaires. Non non, ce n'est pas une attraction pour touristes.
Dirigez-vous vers l'allée 2 (couverte). Là, enfin, vous atteindrez votre but. Des tables dressées, du vin, du fromage, du steak-frites, et des antiquaires. Attablés à plusieurs (ou mangeant tout seul sur son stand), ils s'adonnent avec joie au repas du midi. Entourés de leurs chiens (habitude médiévale encore, où les seigneurs s'essuyaient les mains en les passant sur les chiens qui couraient autour de la table), de leurs copains-antiquaires et de superbes meubles, ils se fichent royalement des touristes. C'est peut-être étrange, mais c'est une des images de la France que j'aime (de même que les SDF déjeunant sous les quais de la Seine, du fromage en une main, une bouteille de vin rouge dans l'autre - vision de rêve pour qui connaît les SDF de Saint-Pétersbourg).
samedi 15 septembre 2007
Playing the victim - Kirill Serebrennikov
Voilà un film dont j'attendais la sortie avec impatience - et qui n'est toujours pas sorti sur les écrans français! Playing the victim (le titre français sera probablement "Jouer les victimes") est une comédie noire russe qui a été sacrée Meilleur film au 1er festival de Rome l'année dernière (+ une multitude de prix en Russie).
L'histoire: Valya, ex-étudiant, se trouve un boulot dans la police: il joue les cadavres lors des reconstructions des scènes de crime. Il accompagne un capitaine charismatique, une policière équipée d'une caméra vidéo et un sergent benêt lors de ces reconstructions, qui, par ailleurs, ne sont menées que pour la pure forme car les accusés seront condamnés de toute façon. Une nuit, le père de Valya lui apparaît dans un rêve et lui dit qu'il a été empoisonné par la mère et l'oncle de Valya...
Le film: une comédie kafkaïenne. Playing the victim dépasse de loin les films que l'on produit actuellement en Russie. Basé sur une pièce des frères Presniakov, il explore une idée géniale qui mène les auteurs très loin... Mais, contrairement à d'autres films d'absurde, celui-ci s'arrête juste là où il faut: la chute est excellente (bien qu'un peu prévisible, dans le genre "la boucle est bouclée"). Un vent de folie légère flotte... Les acteurs sont pas mal du tout, et surtout Yuri Tchursin (Valya). Lia Akhedzhakova y tient un petit rôle de la "Japonaise au destin" - elle est délicieusement décalée, et être décalé dans un film déjà décalé, c'est exactement ce qu'il faut! (je sais, je sais, on va encore m'accuser de lire trop le Télérama et de parsemer mes textes de "décalés").
Playing the victim est un de ces films qui représentent le renouveau du cinéma russe, ça vaut donc le coup d'y jeter un coup d'oeil. C'est tellement dommage que le cinéma russe ne soit représenté en France que par Sokourov (dont le dernier film Alexandra a été reçu plutôt froidement), Lounguine et peut-être Zviagintsev (idem pour le Bannissement)... Alors que l'industrie cinématographique renaît de ses cendres et met au monde d'excellents films expérimentaux (comme Playing the victim, ou encore les films de Renata Litvinova), de très bonnes comédies (Piter FM d'Oksana Bytchkova), et du très bon cinéma d'auteur (allez, ce n'est pas nouveau, mais Kira Muratova crée encore...) Connaissant la morosité du grand public face à des noms inconnus (ou, plutôt, l'opinion que se font les distributeurs de cette morosité), ce n'est guère étonnant que les nouveau cinéma russe ait du mal à percer à l'étranger... Patience!
Faut-il le voir? Pour l'instant, la question est plutôt: peut-on le voir? Le film n'est sorti (au cinéma et en DVD) qu'en Russie... En attendant que Roissy Films (qui a acheté les droits du film pour le territoire français) se réveille, vous pouvez toujours essayer de vous procurer la copie du DVD... ou peut-être vous êtes chanceux et avez des copains au festival de Rome?
vendredi 14 septembre 2007
La vengeance dans la peau - Paul Greengrass
Ce que je peux dire, c'est que je ne regrette absolument pas de l'avoir vu! Dans ce sens, c'est clairement le "meilleur des trois" (construction logique complexe, mais vous n'avez pas à comprendre).
L'histoire: le pauvre Bourne toujours à la recherche de sa mémoire. La CIA, craignant le scandale, cherche à éliminer ses sources et lui-même... Oui oui, je sais, rien de très très spécial, et en plus, après avoir percé le secret de Bourne, je me souviens parfaitement d'un épisode de X-Files où la même idée avait été exploitée en long et en large. Soit.
Ce qui est génial dans La vengeance dans la peau, c'est la mise en scène (Paul Greengrass). Le film est d'un rythme haletant, les courses-poursuites sont admirablement filmées, les contre-plongées dynamisent les moments plus creux, le mélange des moments de tension extrême et de scènes plus calmes dans les bureaux de la CIA est savamment orchestré. Ah oui, et en plus, on voyage. Moscou, Paris, Madrid, Tanger, Etats-Unis... Je trouve ça extrêmement intéressant leur façon de filmer chaque ville, très différentes. Alors, évidemment, à Paris ils font une prise de vue du ciel sur l'Arc de Triomphe et les Champes, mais à Moscou ils montrent un noeud autoroutier la nuit et des policiers en chapkas... Mais bon, allez, je ne vais pas me plaindre, l'image des russes dans le cinéma américain s'est tout de même considérablement améliorée depuis "From Russia with love"... Finis les gaillards rasés de près au cou de boeuf orné d'une chaîne d'or!
Quant aux acteurs, Matt Damon est parfait pour ce rôle, même si je ne comprendrai jamais les filles qui le trouvent beau. En vieillissant, il commence à avoir le visage bouffi et des yeux tout petits petits (là, il fait de la concurrence à Richard Gere que l'on croyait pourtant hors compet). En plus, au début, il a la paupière inférieure maquillée avec un coup d'eye-liner (léger, mais bon), c'est trop. A part ça, il est super.
Les filles? Pas vraiment de James Bond girl (je trouve que Julia Stiles n'est pas vraiment belle, et en plus là est affublée de vêtements difformes et de mèches claires sur cheveux foncés d'un goût douteux), en revanche, Joan Allen (Pamela Landy, la blonde intelligente de la CIA) est pas mal du tout. Ils lui ont permis de garder quelques rides (mais un front botoxé à mort), ça fait plaisir à voir. Franchement. Pour info (pour ceux qui vont voir le film): elle a 51 ans. Ah, on me dit qu'elle a déjà joué dans La Mort dans la peau, alors bon, vous l'avez certainement déjà vue et ce n'est pas un scoop. Zut!
Faut-il aller le voir? Oui! Un seul conseil: ne vous asseyez pas trop près de l'écran, la caméra est tellement mobile que ça risque de vous donner mal à la tête? Ah oui, et encore: allez-y, parce que le prochain, si jamais il existe, ne sera pas sur les écrans avant dix ans, histoire d'obtenir un "effet de patine" (dixit Matt Damon himself au festival de Deauville).
mercredi 12 septembre 2007
Le Vertige: tournée du Sovremennik au Théâtre de Paris
Enfin, le Sovremennik est à Paris! Première tournée pour ce théâtre qui existe depuis déjà 50 ans… La troupe vient avec deux spectacles : Le Vertige (Крутой маршрут) et la Cerisaie.
Reportage NTV consacré à la tournée du Sovremennik à Paris (en russe):
J’ai été à la première du Vertige au Théâtre de Paris.
Le spectacle qui est toujours à l’affiche du Sovremennik à Moscou depuis 18 ans (il faut dire que ça paraît incroyable en France, mais en Russie c’est assez courant, ce sont des théâtres de répertoire où les pièces restent à l’affiche pendant des années…) - il avait été créé durant les premières années de la glasnost; hier il a enfin été présenté au public parisien. Enfin, parisien… Aux abords du Théâtre de Paris, on n’entendait que du russe ! A l’intérieur, aux dire de certains, la différence avec les premières « parisiennes » crevait les yeux : la quantité de 1) très jolies filles (et mêmes pas toutes blondes, ne renforçons pas les stéréotypes !) et de 2) gens très bien habillés (sans exagérer, il n’y avait que des français qui étaient en jean). Bref, à part ce genre de considérations mondaines, je vais quand même vous parler du spectacle.
Créé à partir du livre autobiographique de Evgenia Ginzburg (Guinzbourg, si on veut l’écrire à la française), ce spectacle raconte l’histoire de Ginzbourg elle-même, victime des répressions staliniennes. Le livre retrace dix-huit ans qui suivirent l’arrestation de Evgenia Ginzburg, en 1937. Accusée d’avoir été à l’origine d’un groupe terroriste trotskiste contre-révolutionnaire, sur la base de fausses déclarations obtenues sous des tortures à ses proches et amis, elle a fait son chemin sans signer une seule dénonciation, sans trahir un seul ami…
Le premier acte met en scène les interrogatoires, les dénonciations, les tortures, la première année en prison, les rencontres avec d’autres femmes, arrêtées « par erreur » (comme elles croient) elles aussi. Beaucoup d’entre elles l’ont été pour ne pas avoir dénoncé un fait dont elles ignoraient l’existence (pas étonnant, car la plupart de ces « faits » n’ont jamais eu lieu) - par exemple, une critique de Staline qui aurait été dite lors d’un anniversaire d’un copain… Ou par exemple, une femme (7 ans de prison) qui avait raconté deux histoires drôles (dont je ne puis m’empêcher de reproduire une, excellente - malheureusement en russe, car la chute n’est pas drôle lorsqu’elle est traduite).
Собрание в колхозе: нужно решить, что делать с оставшейся фанерой. Кто-то предлагает построить свинарник, кто-то курятник, кто-то тащит себе на крышу... Тут руку поднимает колхозный сторож :
- Товарищи, у меня замечательная идея: а давайте мы из ентой фанеры выстроим аероплан и улетим на нем к едреней матери!
Le deuxième acte relate le procès, la condamnation, et le « voyage » de prison en prison avant d’arriver à la destination finale : le goulag. « Le bagne, quelle bénédiction ! », s’écrie Evgenia, quand elle apprend que ses 10 ans de prison en cellule isolée ont été remplacées par 10 ans de lager.
Les actrices, toutes excellentes dans cette œuvre chorale - mais surtout Marina Neelova dans le rôle de Ginzburg - créent des personnages haut en couleurs, sincères, torturés (dans les deux sens), parfois réussissant à garder le sens de l’humour, plus rarement la dignité, refusant à devenir un « numéro ».
Faut-il aller le voir ? Dans les heures qui restent avant la deuxième et dernière représentation, décidez-vous ! Ou bien, allez voir le deuxième spectacle (vendredi et samedi soir), la Cerisaie - avec Neelova, Gaft, et plein d’autres bons acteurs.
Le Sovremennik, même s’il ne fait plus partie de l’avant-garde théâtrale russe, reste un très bon théâtre. Cela donnera un bon aperçu de l’art théâtral russe à ceux qui ne le connaissent pas ! Et puis ça permettra aux russes parisiens de ne pas oublier leur langue et leur histoire !
lundi 10 septembre 2007
Mon père avait raison - Sacha Guitry - Théâtre Edouard VII
Mon père avait raison est une petite pièce adorable de Sacha Guitry (vous avez peut-être vu le film...), mise en scène par Bernard Murat au Théâtre Edouard VII, avec Claude Brasseur et son fils Alexandre dans les rôles principaux.
Une histoire contée par trois générations de pères et de fils (le grand-père, le père, le fils, bien évidemment) - sur la vie, les femmes, le mensonge, l'hérédité, le bonheur... Ça a l'air banal? Mais non, mais non, le texte de la pièce est tout simplement délicieux, et de plus servi par des interprètes de grand (et même très grand, pour Claude Brasseur) talent.
Les personnages... Le grand-père, qui devient égoïste en vieillissant, et prêche la joie du mensonge (le mensonge est une volupté, une joie "qui n'est limitée que par la crédulité des autres, alors tu vois, ça peut aller très loin..."), la bonne vie ("Pour moi, le tabac est brun, le vin est pur, le gigot est à l'ail et les femmes sont jeunes!") et le bonheur d'être seul.
Le père (Alexandre Brasseur, puis Claude Brasseur dans le "20 ans après"), quitté par sa femme, transmet son manque de confiance à son fils dont il faillit ruiner la vie... pour le sauver juste à temps! Et puis des discussions, des discussions, des discussions... Des perles d'humour et des perles de vérité à la louche. A mi-chemin entre la fable philosophique et le théâtre de boulevard.
La mise en scène est toute somme assez classique, mais faut-il autre chose pour le texte de Guitry? Un décor Louis Philippe dans un hôtel particulier à Neuilly, un valet, une vieille gouvernante (excellente par ailleurs), et puis des femmes - la mère repentie qui revient 20 après, et la petite amie qui est "dans la couture", repoussée puis attirée de nouveau...
Faut-il y aller? Absolument! Si vous aimez Claude Brasseur, si vous aimez Sacha Guitry, ou si vous ne connaissez ni l'un ni l'autre!
A voir également: Un type dans le genre de Napoléon de Sacha Guitry au même théâtre (voir ma critique ici)
Réduction "Premiers aux premières" (les places à moitié prix) du 14 au 29 septembre.
Du mardi au samedi à 21h, matinées le samedi à 16h00 et le dimanche à 15h30
Théâtre Edouard VII
10, place Edouard VII
75009 Paris
mercredi 5 septembre 2007
Gretchen Parlato/Lionel Loueke
Why search for gold when silver's in front of you?
Dimanche, magnifique concert au festival Jazz à la Villette: Gretchen Parlato. Vous ne connaissez pas? J'avoue, moi non plus... je cherchais un concert de jazz pour dimanche soir, et je suis tombée dessus! Heureusement, car j'ai fait une (voire deux, lisez la suite de ce post) très belle découverte!
Gretchen Parlato est américaine (je soupçonne que sa mère est une néerlandaise ayant épousé un brésilien? italien?, mais bon passons, les parents sont libres d'appeler leurs enfants comme ils veulent...), elle n'est pas du tout (et injustement) connue du grand public. Mais elle a gagné le concours de jazz le plus réputé des USA (Thelonious Monk Competition), ce qui n'est pas rien! Depuis, elle mène une carrière célébrée par les professionnels mais ignorée des médias...
Une "voix de printemps", dit la brochure, (avoir une voix de printemps dans un monde où il fait 13 degrés au mois d'août, c'est tout de même imprudent), et oui, elle en a une. Une voix-ruisseau, d'abord claire, puis sensuelle, légèrement rauque, elle se voile pour réapparaître en murmurant (comme un ruisseau, vous ai-je dit), en nous envoûtant... C'est inattendu, c'est frais, c'est intéressant à écouter (la demoiselle est férue de nouvelles harmonies, et de nouveaux rythmes) - ce qui m'a plu le plus, je pense, c'est la reprise du célèbre Doralice de Joao Gilberto - une profusion de rythmes, point de guitare, et la voix de Gretchen Parlato.
Bien sûr, tout cela n'aurait pas été possible sans un autre artiste que j'ai également découvert ce soir-là: Lionel Loueke. C'est un (plus que) chanteur et guitariste béninois, qui a fait sa carrière entre Paris, Los Angeles et New York. C'est assez étrange, ce qu'il fait, avec sa guitare. Virtuose, aussi. C'est un homme-orchestre à lui tout seul! Un autre super clip de lui ici (album "Virgin Forest" - des influences de la musique du Bénin, de la musique européenne, des tendances américaines...)