Il y a quelques années, lorsqu'était sorti le film "Le Pianiste" de Polanski, j'étais tombée sur ce portrait d'Adrien Brody fait par Annie Leibovitz. J'avais l'impression de ne jamais avoir vu de portrait auparavant, tellement celui-ci était chargé de sens, tellement le visage se révélait dans ce jeu subtil de nuances de gris. C'est à ce moment-là que j'ai compris à quel point le noir et blanc peut être plus expressif que la couleur. Depuis, j'avais oublié le nom d'Annie Leibovitz, mais je n'ai pas oublié ce portrait. Aussi, lorsque je l'ai aperçu à l'exposition "Annie Leibovitz, A photographer's life, 1990-2005", je me suis tout de suite remémoré ce sentiment de l'instant de vérité qui se dégage de ses portraits.
Pour vous rappeler qui est Annie Leibovitz (étrangement, beaucoup de gens ignorent son nom, mais tous ont déjà vu au moins une de ses photos) - vous souvenez-vous de ce portrait de John Lennon, fait cinq heures avant sa mort? De ce portrait de Demi Moore? Ou peut-être de ce portrait de la Reine d'Angleterre? Vous voyez donc qui est Annie Leibovitz: une portraitiste géniale aux mises-en-scène toujours révélatrices de ses personnage. Elle est au portrait ce qu'Oprah Winfrey est au talk-show - une des rares personnes avec qui les célébrités donnent l'impression d'être elles-mêmes.
Mais, au-delà de ce travail de portraitiste, l'exposition nous emmène plus loin, en montrant la vie de la photographe - sa famille, son amie Susan Sontag, ses enfants, mais aussi toute une autre partie de son travail qu'est le reportage, du génocide des tutsi au Rwanda à la guerre en Yougoslavie. La photo à droite, déjà exceptionnelle pour sa composition, attire le regard. Vous vous penchez sur le petit écriteau avec le titre. "Vélo renversé d'un enfant tué par un sniper, Sarajevo, 1994". Coup de poing.
De ses portraits, je préfère ceux de gens "ordinaires" - non au sens de leur destin mais de leur célébrité. Celuid d'Oseola McCarthy, "blanchisseuse et philanthrope" est absolument époustouflant, je pourrais l'observer des heures, comme une personne réelle. Celui de sa mère (à gauche), aussi, celui que celle-ci n'aima pas car on l'y voyait vieillir. Et puis surtout, ceux, nombreux, de Susan Sontag qui a partagé sa vie pendant ces quinze année et dont on sent la présence sur même sur les photos où elle ne figure pas - comme ce petit cliché d'un coucher de soleil sur le Nil, intitulé sobrement "Le Soixantième anniversaire de Susan". (je me dis que, parfois, il y a une interaction étrange entre la photo, son titre et celui qui la regarde).
Faut-il voir cette expo? Oui. En plus, vous pouvez y amener n'importe lequel de vos amis (le portrait est le genre de photos qui se regarde le plus facilement - et surtout ceux des célébrités, les gens ont l'impression de voir un album photo de famille tellement ils connaissent ces visages par coeur).
Maison européenne de la photographie,
5-7, rue de Fourcy, Paris (IVe), 01-44-78-75-00.
Jusqu'au 14 septembre.
http://www.mep-fr.org/
Ajout 31/07: rien à voir avec l'exposition, mais voici une des dernières photographies faites par Annie Leibovitz - celle de Carla Bruni-Sarkozy, posant sur le toit de l'Elysée... Symbolique.
vendredi 18 juillet 2008
(Expo) Annie Leibovitz, A photographer's life, 1990-2005
Annie Leibovitz. La vie d'une photographe (1990-2005).
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1 commentaires:
bien belles photographies....j'adore celle de la reine d'Angleterre....très solennelle et poignante...
Je trouve aussi que les portraits en noir et blanc permettent une certaine représentation de ce que certains appelleront l'âme et d'autres l'aura !
(Davai)
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