Une Russe à New York: Stéréotypes. Part 2 | Une Russe à Paris
Une Russe à Paris

jeudi 27 décembre 2007

Une Russe à New York: Stéréotypes. Part 2

Il y a deux jours, je commençai à parler des mes impressions new-yorkaises (voir le post précédent ici). La suite!

La passion pour l'argent. Vrai. Déjà dans l'avion (vous avez vu, tout commence toujours dans l'avion!), je suis tombée sur quelques pubs assez représentatives dans la revue Skymall (c'est le M6 boutique de la presse écrite, vous y trouverez toujours un milliard de choses géniales qui vous facilitent la vie et dont vous n'aviez absolument pas besoin un instant auparavant). Parmi les différents produits, vous aviez notamment un jouet: une machine pour compter les coupures (faux dollars fournis). Le paysage urbain n'est pas en reste: ici vous tombez sur un "High school for Leadership", là sur une pub pour un College avec un slogan éloquent "Here you will learn how to earn" ("Ici vous apprendrez à gagner de l'argent"). D'ailleurs, vous n'avez qu'à regarder sur Google: la phrase "how to earn money" se rencontre sur 418 000 pages.
Mais... Ce n'est pas tout à fait une passion, c'est surtout un mode de vie: l'argent ici fait partie du paysage comme, disons, les droits sociaux en France. Ici, on a droit de gagner et de dépenser de l'argent. Et j'ai bien l'impression que nulle part ailleurs les gens ne dépensent de l'argent autant, et aussi facilement. C'est probablement ce qui fait que le pays n'a pas encore fait faillite! Enfin, c'est aussi une passion pour le "bargain" (le bon deal): l'Amérique est le pays du "buy 2 get 1 free". Et quand vous allez dans un magasin discount (comme le Century 21, génialissime), sur votre reçu vous aurez toujours deux montants: ce que vous avez payé, et ce que vous avez gagné en payant moins cher!

Le talent d'entreprendre. Vrai. Une économie libérale, certes, ne protège pas les faibles (boo!), mais permet à beaucoup de réaliser des idées des plus folles et... des plus rentables. Ce phénomène a plusieurs facettes. Tout d'abord, la "convenience": en gros, tout ce qui rend votre vie facile mais n'est pas vraiment nécessaire (ex. en France: le fromage râpé. Tout le monde sait qu'on peut prendre un morceau de fromage et une râpe, mais c'est si pratique!). D'un spray à l'huile pour huiler les formes pour les gâteaux à une baguette spéciale qui permet de fermer un bracelet rien qu'avec sa main gauche, ou un appareil qui fait six mini-doughnuts par minute, tout est possible ici. Vous ne saviez même pas que votre vie était si dûre sans ces objets. D'autre part, ce sent les objets au design recherché que vous possédez déjà, mais le design en moins (ex. européen: Bang&Olufsen. Vous avez déjà un téléphone fixe, mais le leur est teeeeeeelllement beau!). Aux USA, il y a un Bang&Olufsen pour tout. Tout ce qui existe a nécessairement une meilleure version, soit plus belle, soit plus performante. D'où la tendance lourde nommée "keep up with the Jones" (les "Jones" ce sont vos voisins, et il s'agit de faire toujours mieux ou au moins aussi bien qu'eux). Il y a aussi la capacité qu'ils ont à transformer n'importe quelle petite idée qui marche en une chaîne nationale.

Mais... Malgré ce petit paragraphe ironique, je trouve tout ça génial. Les gens n'arrêtent pas d'inventer, dans n'importe quel domaine. Est-ce dû au fait que les américains ne soient pas affublés d'une histoire aussi ancienne que celle des européens, et qu'ils aient moins peur d'innover? En Europe, il est dur de se dire, "je peux faire mieux que Rembrandt dans la peinture, mieux que Bernini dans l'architecture, mieux que Dickens dans la littérature", ça vous bloque... Maisi ici, j'ai l'impression que le slogan "Just do it", ce n'est pas juste Nike.