Reviens-moi de Joe Wright | Une Russe à Paris
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mercredi 9 janvier 2008

Reviens-moi de Joe Wright

En deux mots: un des meilleurs films de l'année 2007 (et non seulement dans la catégorie des "historical drama"), un candidat certain pour les Oscars 2008 (si la cérémonie n'est pas annulée), deux très beaux rôles pour Keira Knightley et James McAvoy, et enfin la découverte de Saoirse Ronan, une jeune actrice à suivre!

L'histoire. Adapté d'une nouvelle (Atonement (Expiation), excellente et très connue aux USA) de Ian McEwan, le film raconte une histoire qui commence en 1935 dans un manoir anglais que Cecilia Tallis (Keira Knightley) et sa soeur Briony (Saoirse Ronan, puis Romola Garai) partagent avec, entre autres, Robbie Turner (James McAvoy), fils d'une servante. Après avoir assisté à un événement qu'elle ne comprend pas parfaitement, Briony fait quelques fausses accusations dont les répercussions nous amènent au-delà de la IIe Guerre Mondiale.

La réalisation. N'ayant pas vu Orgueil et Préjugés de Joe Wright, je ne ferai point de comparaison. J'ai trouvé la mise en scène brillante, très classique, mais pleine de trouvailles qui rendent le récit fluide et ponctuent l'histoire de moments-révélations (imaginez une série de mini-chocs à la manière de la fin du "Sixième élément"); des lettres tapées à la machine fusent tels des coups de fusils en formant des mots assassins... La fin est également astucieuse et très réussie: c'est si rare d'éviter le mélodrame dans ce genre de films! Je ne vous en dis pas plus.

Les acteurs. Voilà enfin un rôle à la mesure du talent de Keira Knightley (qui le cache souvent dans des films "corsetés"), dont la présence évanescente transcende chaque plan, même ceux où elle n'est qu'un objet hors-champ... Face à elle, James McAvoy j'avais déjà tant apprécié dans Le Dernier Roi d'Ecosse, est parfait un rôle qui l'entraîne, de l'innocence à l'amertume, dans une spirale descendante. Enfin, j'ai été frappée par le jeu de Saoirse Ronan (qui joue Briony, petite) - son visage, sans être beau (c'est d'ailleurs très reposant, des fois, d'apercevoir un visage différent à l'écran!) a à la fois quelque chose d'angélique à la Naomi Watts, quelque chose de terrifiant qui me fait penser à Sylvie Testud dans Blessures assassines, et un sérieux enfantin qui rappellent les débuts de Ludivine Sagnier dans 8 femmes.

Avant de voir le film, lisez!
Expiation est un grand roman de Ian McEwan, l'un des romanciers anglais les plus doués de sa génération (celle notamment de Graham Swift, Martin Amis, Julian Barnes)... "Placé sous les auspices conjugués de Jane Austen, Virginia Woolf et Cyril Connolly, Expiation est tout ensemble une fresque romanesque somptueuse, une réflexion sur l'imagination et un hommage à la littérature anglaise". Télérama Expiation, de Ian McEwan, éd. Folio, 24,50 €.

Faut-il le voir?
Absolument! Vous pouvez même y amener des hommes réfractaires aux films pour les filles (même celui qui aurait refusé de voir Orgueil et Préjugés!!) Un conseil: j'ai l'impression que le battage médiatique va être énorme pour ce film, essayez de le voir avant d'être submergé par la vague généralisée du "ah c'est génial génial - c'est un must-see - voyez-le!!" qui (en tout cas chez moi) a tendance de provoquer un dégoût profond pour chaque film qui bénéficie de ce genre de "couverture".