Saint John Coltrane Church: Jazz mystique à la Cité de la Musique | Une Russe à Paris
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dimanche 10 février 2008

Saint John Coltrane Church: Jazz mystique à la Cité de la Musique

Ha, là je fais dans l'original! Lorsque j'ai lu la description du concert de la Saint John Coltrane Church à la Cité de la Musique, je me suis dit: j'y vais! Il s'agit d'une "orthodox african church" qui, à travers des offices à mi-chemin entre le jazz et le gospel, voue un culte au Saint John Coltrane (eh oui, avis aux jazzmen en quête de l'éternel, vous pouvez vous faire canoniser grâce à votre métier!), et puis au JC bien sûr, car la musique de John Coltrane est serait capable de lui ramener des brebis égarées. Compte-rendu.

Je dis d'emblée que j'aime bien le gospel et les formes d'art qui s'en inspirent (comme la danse de Alvin Alley, par exemple), que j'adore le jazz (plutôt vocal qu'instrumental), et que le saxophone compte parmi mes instruments préférés. Serait-ce suffisant pour se laisser emporter par la musique de la Saint John Coltrane Church? Il est vrai que, pour une parisienne dotée d'un solide sens de second degré et d'une capacité à rationaliser l'irrationnel exceptionnelle, la transe religieuse n'est pas un état de tous les jours. Cependant, je me suis laissée tenter par ce concert, car j'étais à la fois hilare (je ne sais pas vous, mais la photo du saint John Coltrane avec son saxo me fait hurler de rire - je sais que c'est pas bien de se moquer des autres), curieuse (tiens, un reverend au saxo, ça doit être marrant, et puis faut s'ouvrir à d'autres cultures), et intriguée - car l'idée de l'essence divine de la musique ne m'est pas étrangère. Il est vrai que je peux facilement me faire transporter par un oratorio de Bach, un concerto de Mozart, Le Sacre du Printemps de Stravinsky ou un choeur de la Forza del Destino de Verdi, pour en citer quelques uns. Je trouvais donc qu'il n'était pas du tout con de trouver une essence divine au jazz!



Vous sentez que je vous parle plus de mes idées que du concert en lui-même, et ce n'est pas pour rien. Au final, la Saint John Coltrane Church n'a gardé du jazz que le côté un peu destroy (en gros, le saxo qui part en vrille et l'harmonie qui casse les oreilles - malgré 5 ans de cours d'analyse musicale au conservatoire, ça passe pas pour moi!), et du gospel, le côté un peu "secte enflammée" où l'on vous fait vous lever et crier Amen tous ensemble. En plus, du point de vue de la composition, c'était extrêmement répétitif, surtout le chant - c'est assez peu supportable pour quelqu'un qui a une bonne ouïe et une bonne mémoire... Je n'étais pas transportée pour un sou, ce fut donc la ligne 5 qui nous transporta à la maison, au bout d'une heure de concert. Mais sinon, la salle avait l'air plutôt contente, on était les premiers à partir! Alors, soit on est des leaders d'opinion et notre départ a déclenché une vague de fauteuils qui claquent (on peut toujours rêver), soit on n'était tout simplement pas leur genre. Ça arrive! Je n'abandonne pas pour autant mon idée de musique divine et vais persévérer dans ma recherche d'expériences extrêmes. Je suis en train de lire un traité bien sympathique sur la "jouissance de l'amateur d'opéra" (critique à venir). Je vous tiens au courant.

En pratique:

Cycle Jazz mystique à la Cité de la Musique (jusqu'au 13 février)
Le 13 février, il y a un concert dont la première partie a l'air plutôt intéressante, c'est consacré à la musique sacrée de Duke Ellington.