(Expos) Image révélée / Daguerréotype français au Musée d'Orsay | Une Russe à Paris
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mercredi 4 juin 2008

(Expos) Image révélée / Daguerréotype français au Musée d'Orsay

Auguste Belloc Femme nue devant un miroir © Musée d'Orsay, dist. RMN / © Patrice Schmidt

Nouvelle exposition photo au Musée d'Orsay, qui, cette année, est devenu ma galerie photo préférée tellement leurs expos sont bien faites! Cette fois-ci, le Musée d'Orsay fait de deux pierres un coup avec deux expositions consacrées aux débuts de la photographie: Image révélée (premières photographies sur papier en Grande-Bretagne 1840-1860) et le Daguerréotype français (cette dernière est en fait un réaccrochage des meilleurs daguerréotypes des collections du Musée d'Orsay). Bien que le réaccrochage m'ait paru presque plus intéressant que l'exposition elle-même, les deux valent largement la visite!

Jean-Baptiste Sabatier-Blot
Fillette assise tenant un cerceau
© Musée d'Orsay, dist. RMN / © Patrice Schmidt
Le Daguerréotype français. Depuis son invention à la fin des années 1830, le daguerréotype a suivi le chemin que toute invention pourrait lui envier. D'abord jouet onéreux des aristocrates excentriques s'amusant à immortaliser leurs châteaux familiaux, le daguerréotype bénéficie très tôt d'une décision intelligente (pour une fois) du gouvernement: à l'instigation d'Arago, l'État français acquiert le nouveau procédé contre une pension annuelle à Daguerre et au fils de Nicéphore Niépce. L'invention tombe alors dans le domaine public et se démocratise: se faire un portrait devient désormais accessible à une grande majorité, les ateliers de photo se multiplient. Le daguerréotype est vite utilisé par les peintres, qui s'y appuient pour avoir des photos de modèles (objets, animaux) d'après lesquelles ils dessinent ensuite. Une section est consacrée aux portraits - on est ravi d'y découvrir un excellent portrait d'Alexandre Dumas-père, assis en tailleur, avec un gilet craquant sous la pression de la chair clairement bien entretenue, ou encore un très beau portrait d'Haussmann. C'est extraordinaire de découvrir une époque que l'on connaît davantage à travers des peintures et des romans... Tout à coup, on découvre des visages contemporains, presque familiers - et cette proximité créée par un art nouveau-né est saisissante, car c'est celle qui définit notre rapport au monde aujourd'hui. Comme j'ai déjà dit, l'exposition est un vrai travail de joaillier: grâce à un jeu astucieux de spots fixés au plafond, les photos sont parfaitement éclairées et, malgré leur petite taille, semblent "sortir" des murs avec une force rare - on a l'impression d'avoir été derrière l'épaule du photographe lorsque celui-ci a pris la photo.

William Fox Talbot
The Haystack
© The RPS Collection at the National Media Museum, Bradford

L'image révélée. L'exposition pour laquelle le Musée d'Orsay avait décidé de ressortir ses meilleurs daguerrotypes, c'est celle-ci. Comme vous le savez peut-être, les années 1830-1860 ont connu de nombreuses inventions photographiques dans plusieurs pays, dont certaines ont traversé des frontières (comme le daguerréotype), tandis que d'autres sont restées cantonnées à une seule région. Tel fut le sort du calotype (du grec "belle image") de William Fox Talbot, qui fit l'erreur de déposer un brevet sur ce prodigieux procédé, protection qui limita la diffusion du calotype en dehors de la Grande Bretagne.

Les oeuvres présentées ne manquent pas d'intérêt pour autant car grâce à cet "isolement" involontaire elles exhalent un extrait pur, la quintessence de l'Angleterre de l'époque. Les paysages (les anglais sont fascinés par la nature, les vieux arbres, les ruines,
Roger Fenton
Dômes du Kremlin

© National Gallery of Art, Washington

les granges à foin et autres meules, les bateaux et les rochers austères) et les personnages romanesques sont enveloppés par une sorte de brume couleur sépia assez particulière, au grain fin et désuet qui nous transporte à l'époque de Charlotte et Emily Brontë. Il est vrai que, à la vue d'un dixième tronc d'arbre aux allures d'Hurlevent, on en a un peu marre. C'est là que commence la partie de l'exposition consacrée à une autre invention anglaise - Le Grand Tour (vous savez, ce grand voyage européen que les jeunes aristocrates effectuaient après avoir terminé leurs études et avant d'entamer une brillante carrière) et le voyage exotique en tout genre. Des dômes du Kremlin à ceux du Taj Mahal, le regard glisse avec un détachement étonnant, tant le calotype introduit de la distance là où le daguerréotype faisait irruption dans l'intimité et la proximité.

Pour terminer, un petit tour à l'expo Lovis Corinth (vraiment pas terrible à mon humble avis), et voilà, vous avez terminé votre saison 2007-2008 du Musée d'Orsay, rendez-vous l'année prochaine! Ne ratez pas les spectacles de la série Chat Noir à l'auditorium la semaine prochaine :-)
Enfin, une bonne nouvelle de la part du Musée d'Orsay: à partir de septembre, la carte MuséO (carte jeune) sera vendue aux moins de 30 ans! On est donc jeune plus longtemps (encore quatre ans, aaah) - profitez-en! Ca ne coûte que 18 euros (et 15€ si vous avez la carte fidélité de la Fnac).




En pratique
:
Image révélée/Daguerréotype français
Musée d'Orsay
Jusqu'au 7 septembre 2008