Playing the victim - Kirill Serebrennikov | Une Russe à Paris
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samedi 15 septembre 2007

Playing the victim - Kirill Serebrennikov

Voilà un film dont j'attendais la sortie avec impatience - et qui n'est toujours pas sorti sur les écrans français! Playing the victim (le titre français sera probablement "Jouer les victimes") est une comédie noire russe qui a été sacrée Meilleur film au 1er festival de Rome l'année dernière (+ une multitude de prix en Russie).

L'histoire: Valya, ex-étudiant, se trouve un boulot dans la police: il joue les cadavres lors des reconstructions des scènes de crime. Il accompagne un capitaine charismatique, une policière équipée d'une caméra vidéo et un sergent benêt lors de ces reconstructions, qui, par ailleurs, ne sont menées que pour la pure forme car les accusés seront condamnés de toute façon. Une nuit, le père de Valya lui apparaît dans un rêve et lui dit qu'il a été empoisonné par la mère et l'oncle de Valya...

Le film: une comédie kafkaïenne. Playing the victim dépasse de loin les films que l'on produit actuellement en Russie. Basé sur une pièce des frères Presniakov, il explore une idée géniale qui mène les auteurs très loin... Mais, contrairement à d'autres films d'absurde, celui-ci s'arrête juste là où il faut: la chute est excellente (bien qu'un peu prévisible, dans le genre "la boucle est bouclée"). Un vent de folie légère flotte... Les acteurs sont pas mal du tout, et surtout Yuri Tchursin (Valya). Lia Akhedzhakova y tient un petit rôle de la "Japonaise au destin" - elle est délicieusement décalée, et être décalé dans un film déjà décalé, c'est exactement ce qu'il faut! (je sais, je sais, on va encore m'accuser de lire trop le Télérama et de parsemer mes textes de "décalés").

Playing the victim est un de ces films qui représentent le renouveau du cinéma russe, ça vaut donc le coup d'y jeter un coup d'oeil. C'est tellement dommage que le cinéma russe ne soit représenté en France que par Sokourov (dont le dernier film Alexandra a été reçu plutôt froidement), Lounguine et peut-être Zviagintsev (idem pour le Bannissement)... Alors que l'industrie cinématographique renaît de ses cendres et met au monde d'excellents films expérimentaux (comme Playing the victim, ou encore les films de Renata Litvinova), de très bonnes comédies (Piter FM d'Oksana Bytchkova), et du très bon cinéma d'auteur (allez, ce n'est pas nouveau, mais Kira Muratova crée encore...) Connaissant la morosité du grand public face à des noms inconnus (ou, plutôt, l'opinion que se font les distributeurs de cette morosité), ce n'est guère étonnant que les nouveau cinéma russe ait du mal à percer à l'étranger... Patience!



Faut-il le voir? Pour l'instant, la question est plutôt: peut-on le voir? Le film n'est sorti (au cinéma et en DVD) qu'en Russie... En attendant que Roissy Films (qui a acheté les droits du film pour le territoire français) se réveille, vous pouvez toujours essayer de vous procurer la copie du DVD... ou peut-être vous êtes chanceux et avez des copains au festival de Rome?