(Ciné) Les Sept Jours de Ronit et Shlomi Elkabetz | Une Russe à Paris
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mercredi 16 juillet 2008

(Ciné) Les Sept Jours de Ronit et Shlomi Elkabetz

Aujourd'hui, j'ai fait un bilan de demi-parcours cinématographique (j'ai vu près de 20 films, soit la moitié de ceux que je voulais voir), et ai réalisé que, depuis janvier, j'ai vu 5 films israéliens. Soit seulement un de moins que de films français ou américains... Le cinéma israélien affiche une vitalité incroyable, et cette capacité à se renouveler (malgré des thèmes qui reviennent très souvent) est d'une fraîcheur agréable qui contraste avec une certaine inertie qui semble envahir une partie du cinéma français... Et surtout, ce n'est pas toujours un seul et même réalisateur - je crois qu'en deux-trois ans je n'ai pas dû voir plus de deux films d'un même réalisateur israélien; de plus, pratiquement tous ces réalisateurs ont moins de 35 ans! Fascinant. Si quelqu'un a lu un bon article sur le cinéma israélien récemment (et notamment une explication d'une telle santé), je suis preneuse!

Les 7 jours est le deuxième film de la trilogie initiée par "Prendre femme": bien évidemment, je l'ignorais jusqu'à ce que je fasse des recherches pour ce post.Ceci dit, ne pas avoir vu "Prendre femme" n'empêche presque en rien d'apprécier Les 7 jours - au pire, cela vous donnera envie de voir cette trilogie à l'envers (une seule séance à Paris, à l'Arlequin, le samedi à 11h40 pour revoir "Prendre femme").

L'histoire: Les 7 jours, c'est la période de shivah - la période de deuil qui dure 7 jours après la mort d'une personne, pendant laquelle toute la famille doit habiter sous le même toit pour soutenir l'endeuillé et honorer le mort. Ce huis-clos est ici l'occasion pour un déchirement familial comme seule la promiscuité peut en créer (pensez aux serpentariums qu'étaient les appartements communautaires en URSS). La promiscuité et les problèmes financiers ainsi que le décès de Maurice, le seul que toute la famille écoutait, exaltent les vieux conflits de familles, les rancunes enfouies et les amours secrets, sur fond d'une guerre contre Saddam.

C'est une œuvre chorale à laquelle participent les meilleurs acteurs israéliens dont chacun a accepté un tout petit rôle: grâce à eux, chaque personnage possède une vraie présence et en même temps ne monopolise jamais l'attention des spectateurs. Comme dans une œuvre musicale, les thèmes se suivent, se répondent; les instruments se parlent, se répondent, se disputent et se réconcilient, jusqu'à ce que le conflit éclate au grand jour, lors d'une scène nocturne (quel paradoxe) extraordinaire.

Ronit Elkabetz, dont je suis une fan inconditionnelle, illumine l'écran par sa présence douloureuse et son visage de madone (quel cliché, mais ce n'est qu'en voyant le visage de Ronit Elkabetz que l'on puisse comprendre ce que cette expression veut dire). La trilogie raconte l'histoire de Viviane (la femme jouée par Ronit Elkabetz), de sa vie de couple aux rapports avec la famille. Dans Prendre femme, elle n'ose pas quitter son mari. Dans Les 7 jours, elle a gagné sa liberté, mais la paye cher, car son mari lui refuse le divorce. Le film de clôture devrait sortir d'ici un ou deux ans...

Si vous avez aimé Prendre femme, si vous aimez le cinéma israélien, si vous aimez Ronit Elkabetz ou si, simplement, vous venez d'une famille nombreuse qui s'entredéchire à chaque Noël, ne passez pas à côté de ce film.