(Ciné) Burn after reading des frères Coen | Une Russe à Paris
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mardi 16 décembre 2008

(Ciné) Burn after reading des frères Coen

"Halfway between a good Coen brothers movie and a terrible Coen brothers movie." (Matthew de Abaitua, Times). On ne pouvait mieux résumer ce qu'est le nouveau film des frères Coen. Que de promesses! Une comédie des frères Coen: comment résister, après avoir tant ri avec The Big Lebowski, Ladykillers ou O'Brother? Pour Burn after reading, les frères Coen n'ont utilisé que des ingrédients de choix... et pourtant, quelque chose cloche! Après réflexion, cette farce d'espions aux airs de Johnny English et de Austin Powers, l'espion qui m'a tirée couplés avec un mélange d'Ocean's 13 et de Ladykillers... me rappelle surtout le "traditional English trifle" que cuisinait Rachel dans Friends (voir l'extrait en question). Voilà ce qui s'était passé: les pages de son livre de recettes s'étant collées, elle finit par mélanger crème anglaise et confiture au sauté de boeuf aux oignons dans un dessert pour le moins étonnant. Dans Burn after reading, le mélange est tout aussi détonnant... et le soufflé tombe à plat.


Certes, l'idée des frères Coen est brillantissime: écrire des rôles à contre-emploi pour des acteurs qu'ils connaissent bien. Idée brillantissime, certes, mais qui conviendrait davantage pour un spectacle de sketches ou un one-man show. Résultat: un Brad Pitt drôle comme jamais dans ce qui, pour moi, est son meilleur rôle. George Clooney pour une fois pitoyable (et toujours obsédé par un détail, comme dans chacun de ses rôles chez les frères Coen). John Malkovitch qui, pour une fois, ne joue pas une incarnation de l'intelligence. Seules les femmes (Tilda Swinton et Frances McDormand, l'épouse de Joël Coen pour qui c'est une septième collaboration avec les deux frères) restent fidèles à elles-mêmes: Tilda Swinton est parfaite dans le rôle d'une femme froide et castratrice qui lui colle à la peau (cf Michael Clayton), et le jeu de Frances McDormand rappelle parfaitement ce qu'elle avait fait dans Fargo. Si chacun des acteurs surjoue jusqu'à devenir la caricature de sa propre caricature, c'est Frances McDormand qui atteint les sommets du soutenable avec une interprétation presque aussi irritante que celle de Sally Hawkins dans Be Happy (et on pensait que c'était impossible!) Les deux films sont d'ailleurs en lice pour le Golden Globe de la meilleure comédie.

Quant à l'histoire, elle n'est intéressante que dans la mesure où elle donne lieu à quelques scènes d'anthologie (un coup de téléphone mémorable, et un coup de feu drôle à en mourir) - des scènes qui, tels des sketches, pourraient être vues séparément. Mais, vu de loin, on a du mal à croire à cette histoire de l'idiotie humaine (peut-être plus à cause du jeu forcé des acteurs que du scénario lui-même): une histoire aussi improbable devrait se baser sur des faits réels pour pouvoir être crédible. Finalement, réunir une histoire d'espions, une bande de bras cassés, de l'humour noir et du comique de situation ne réussit pas le trifle si le scénario ne prend pas!

Préparé en même temps que No Country for Old Men, Burn after reading est un revers de la même médaille: comme si les frères Coen avaient besoin de cet échappatoire idiot où l'on rit aux éclats sans raison apparente pour compenser la tension et la noirceur de No Country for Old Men. De ce point de vue-là, Burn after reading est un succès. Du point de vue des spectateurs, c'est plus mitigé...