jeudi 31 juillet 2008

(Musique) Medici.tv - la musique classique en écoute libre!

Après pas mal d'initiatives visant à rendre la musique classique gratuite et accessible (j'en avais notamment parlé ici), voici enfin une tentative viable qui réunit la musique et la vidéo en temps réel. Et en plus, c'est gratuit. Medici.tv est un site de vidéo à la demande consacré à la musique classique dont le grand avantage c'est d'offrir des vidéos de qualité en streaming et gratuitement. En plus des vidéos disponibles en catalogue, cet été, les concerts de trois festivals ont été filmés et transmis en direct : celui d'Aspen, celui de Verdier et, enfin, celui d'Aix-en-Provence. Soyons clairs: le site épargne aux amateurs de musique classique un déplacement qui leur coûterait plusieurs centaines d'euros*...

Parmi les must-see, la représentation de Zaïde de Mozart au festival d'Aix-en-Provence, déjà visionnée par près de 10 000 personnes. Zaïde est non seulement une rareté qu'on n'entend généralement nulle part, mais est en plus dirigée ici par Louis Langrée et mise en scène par Peters Sellars. Je ne sais pas vous, mais moi je vais me faire une petite séance de rattrapage ce week-end (les vidéos restent en accès gratuit pendant 2 mois). Et pour les pressés, les paresseux et les froussards (mais qui a peur de la musique classique?!), je précise que sur Medici.tv on peut zapper les passages "ennuyeux". Donc, même si vous êtes du genre à "enlever le raisin de la brioche" (expression russe: vous voyez, les gens qui achètent une brioche aux raisins et ne mangent que les raisins en jetant le reste? - qui veut dire "ne prendre que le meilleur"), vous pouvez juste écouter les airs. Qui dit mieux?

* Mais non, je sais qu'on ne peut pas comparer un opéra entendu en live, à Aix-en-Provence qui plus est, et un opéra vu en VOD sur son ordinateur. Je vous rappelle tout de même que, à ce que je sache, aucun d'entre nous n'est à Aix en ce moment... alors, arrêtons de faire la fine bouche devant les opéra enregistrés! :-D

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mercredi 30 juillet 2008

(Resto) Le Cafe de la Grande Epicerie Au Bon Marche

Lors d'une promenade dans le 6e (c'est un quartier où cela fait plaisir de marcher), on a souvent envie de quitter le trottoir fondant de chaleur (ou disparaissant sous la pluie, c'est selon) et faire une petite halte pour reprendre des forces. Une fois passé le choc de la Grande Epicerie (des tomates à 30€ le kilos, il faut pouvoir digérer), le Café de la Grande Epicerie semble accueillant et presque abordable.

Situé au deuxième étage du Bon Marché (dans la section Design), le Café de la Grande Epicerie est une parfaite alternative entre le slow food et le fast food: la commande est rapide et les plats, préparés avec soin. Les plats froids ainsi que les desserts sont tous visibles dans la vitrine; les plats chauds sont écrits sur l'ardoise (probablement une version plus high-tech et design de l'ardoise). Après avoir fait votre choix, vous réglez, recevez un numéro de table et allez vous installer où bon vous semble. Pour les plats froids et les boissons, le service est immédiat. Pour les plats chauds, l'attente n'excède pas 10 minutes. Le décor, très épuré et minimaliste, est plutôt agréable (blanc avec des motifs mi-bouleau/mi-bambou), ça fait un peu écolo finalement... Le service est agréable et attentif.

La lasagne froide au thon cru, poisson blanc fumé, légumes et aux deux sésames (15€, photo en haut) est goûteuse, aux saveurs fines se mariant merveilleusement entre elles, mais un peu difficile à couper (demandez un couteau à viande). Elle est accompagnée d'une salade parfaitement assaisonnée. Le saumon à l'unilatérale (14€, photo à gauche), plus classique, est servi sur un lit de légumes et est accompagné d'une sauce au beurre blanc, d'une petite ciabatta et d'un bol de riez blanc. Tous les produits proviennent de la Grande Epicerie et sont en effet d'une très bonne qualité...

A ma gauche, un monsieur commande un curieux millefeuille: il est placé non à l'horizontale, comme d'habitude, mais à la verticale! Ca a l'air fantastique, mais comment diable va-t-il le couper? Pensif, il le pousse avec sa cuillère et finit par le "coucher" sur l'assiette. Finalement, la pâte a l'air d'être moins dure que ce que je pensais, il n'a aucun mal à la couper avec le rebord de la cuillère. A force de le regarder, je n'ai plus faim - le dessert, ce sera pour une autre fois!

L'endroit doit être bien sympathique pour un thé au milieu d'un après-midi ensoleillé. Les thés servis sont des thés en feuilles (je collectionne les endroits où l'on ne sert pas de sachets Lipton), accompagnés d'un petit gâteau type madeleine. Et les desserts aperçus dans la vitrine semblaient tout aussi fins et délicieux que les plats. Bien évidemment, c'est beaucoup trop cher pour un "fast-food" (d'ailleurs, ce n'en est pas un), mais la qualité de la nourriture et l'emplacement (avec vue sur le square Boucicault) valent largement le prix. Et puis après, vous pouvez aller vous promener parmi des meubles design et jouer au jeu "Combien tu paierais pour cette chaise?"

En pratique:
Au Bon Marché, Espace Décoration, 2e étage
Le lundi, mardi, mercredi et vendredi de 10h30 à 18h00
Le jeudi et le samedi de 10h30 à 19h

Pour voir d'autres adresses gourmandes ou pour visualiser celle-ci sur la carte, cliquez ici.

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mardi 29 juillet 2008

(Theatre) Hors Piste au Theatre Fontaine

Cela faisait une éternité que je n'avais pas vu une bonne comédie, que l'on parle du cinéma ou du théâtre. C'est soit trop plat et potache soit pas drôle du tout. Vendredi dernier, je me traîne les pieds jusqu'au théâtre Fontaine, pour voir "Hors Piste" - cette comédie "aussi drôle que rythmée" (Le Pariscope, pas exactement ma référence pour les sorties), "un vrai bonheur" (Télérama). Bon, allez, mais c'est vraiment pour Télérama que j'y vais... Eh bien, figurez-vous que je crois bien n'avoir jamais autant et aussi bien ri au théâtre - d'un vrai rire spontané et, surtout, sans avoir honte de rire tant les blagues sont originales et bien écrites! Deux heures passent en un instant...

L'histoire: quatre amis qui ne se sont pas vus depuis 10 ans se retrouvent le temps d'un week-end dans un chalet des Pyrénées. Le week-end est organisé par Tom, le propriétaire du château, devenu businessman à succès qui fête son premier milliard. Chacun des amis vient pourtant pour des tas d'autres raisons...

Des répliques assassines fusent dans ce délicieux huis clos où chaque personnage, extrêmement bien trouvé, trouve sa place. Chacun a son caractère, son langage, ses mimiques et mouvements propres; les situations et les dialogues sont on ne peut plus contemporains - bref, un vrai héritier du théâtre du boulevard, la vulgarité en moins. Eric Delcourt, scénariste, metteur en scène et acteur, campe le personnage le plus réussi - celui de Stan, travailleur social à l'humour pince-sans-rire. Marie Montoya incarne une boulangère apprentie chanteuse - un personnage certes clownesque et surjoué, mais surjoué avec talent. Jean-Marie Lamour, qu'on avait notamment vu dans Swimming Pool de François Ozon, est parfait dans le rôle d'un nouveau riche qui ne l'est pas encore parfaitement (son chalet est parfait, mais les chiottes ne marchent pas, il achète une oeuvre d'art que tout le monde utilise comme porte-manteau, il commande des sushis mais ils finissent par être cuits dans le four...). Lydia Andrei, Cyrille Eldin et Franck Molinaro les entourent avec humour dans des situations rocambolesques dignes d'anthologie.

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Faut-il aller le voir? Trois fois oui, et pas seulement parce que c'est l'été, qu'il n'y a rien d'autre à voir, et qu'en plus on peut trouver des places à moitié prix au Kiosque. Non. C'est tout bonnement génial! Je suis rarement aussi enthousiaste, mais là, je sens que non seulement je vais revenir le voir, mais je vais aussi finir par acheter La soeur du Grec, leur spectacle précédent que j'avais boudé par snobisme. Mais qu'est-ce que je suis bête, des fois...

En pratique:
Jusqu'au 27 septembre au Théâtre Fontaine. Tarif: 30€ (il y a des promotions à 15€ qui se baladent un peu partout sur le Net, + au Kiosque (Madeleine/Montparnasse) le jour du spectacle).
Infos, critiques presse et réservation à prix réduit ici.

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lundi 28 juillet 2008

(Cine) Le Premier jour du reste de ta vie de Rémy Bezançon

Choisi sans grande conviction, Le premier jour du reste de ta vie s'est avéré une surprise agréable. Un quintette familial orchestré avec tendresse et malice par Rémy Bezançon. Un père, une mère, deux frères et une sœur vivent les cinq journées les plus importantes de leurs vies, entre éclats de rires, coups de colère et moments de solitude. La vie qui passe, la vie qui termine, la vie qui commence, qui piétine et qui repart tout à coup - le message est loin d'être sophistiqué, mais est-ce peut-être grâce à cela qu'il nous touche autant?

Le film démarre en comédie familiale - dans la famille Duval, les enfants grandissent et commencent à quitter le nid... L'aîné fait de la médecine, le second, "la fac" et des concours de guitare imaginaire, la troisième, une crise d'adolescence. Les répliques font mouche et nous font penser à nos parents ou à des parents de nos copains, tellement les situations, souvent cocasses, sont bien trouvées. Peu à peu, on se surprend à prendre près du coeur les tribulations des Duval et d'y trouver, à chaque fois, un écho avec notre propre histoire. Les deux heures du film se passent en un clin d'oeil sans que le rythme ne se relâche.

Les acteurs sont tous très justes; j'ai trouvé Jacques Gamblin absolument génial, tout autant que Zabou Breitman - deux acteurs que je découvre! Tous les seconds rôles - du papy amateur de vin et contemplateur du temps qui passe au copain grunge aux chansons de merde - sont parfaitement bien trouvés et interprétés.

Etrangement, ce film m'a tellement plu que j'ai du mal à en parler - peut-être parce que je suis à court d'arguments pour expliquer l'émotion qu'il provoque...



Faut-il aller voir ce film? Oui, d'autant plus que c'est l'été et que vous vous cassez certainement la tête devant l'Officiel bien vide... A décommander quand même à la génération de nos parents/grands-parents, ils ne comprendront pas toujours les références et verront le film d'un point de vue bien plus pessimiste...

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jeudi 24 juillet 2008

(Gourmandises) Un thé à la Grande Mosquée

Le week-end dernier, une belle balade très Rive Gauche m'a amenée à la Mosquée de Paris. Tout le monde sait qu'à l'intérieur, il y a un salon de thé génialissime. Etrangement, je n'avais jamais mis les pieds dedans, bien que j'aie (j'eusse?) étudié dans le coin pendant trois ans et passais régulièrement devant. Va savoir... Je me demande si les gens qui habitent à côté du Louvre, ou du Centre Pompidou y vont parfois?

Le but de mon pélerinage n'était pas du tout la mosquée, mais "les quais du cinquième" - un morceau du cinquième que je connais peu et que j'avais décidé d'explorer. J'ai donc entrepris une vraie rando (absolument involontaire, je pensais prendre le bus au départ...) en partant du 15e, à travers Sèvres-Babylone, Saint-Sulpice, le Jardin de Luxembourg, le Panthéon, les quais du 5e, et le jardin des Plantes (Paris est une toute petite ville!).

Comme si cela ne suffisait pas, je me suis arrêtée pour acheter quatre ou cinq kilos de livres à la librairie l'Âge d'Homme place Saint-Sulpice (vraiment, juste une simple promenade ce serait trop facile pour moi, c'est beaucoup plus intéressant avec des poids, c'est bien connu, ça muscle mieux!). Bien évidemment, Météo France s'était encore plantée et il faisait beau et même chaud (les parisiens ne sont jamais contents). Vers le Panthéon, je m'essoufle et me dis que, en fait, ce serait super sympa de prendre un thé. C'est là que j'aperçois le panneau d'indication "Institut du Monde Arabe". Bingo! Dix minutes après, je comprends que la mosquée et l'institut ne se trouvent pas au même endroit. J'arrive essouflée au Mona Lisait de la rue Jussieu et y tombe sur un super livre de cuisine juive du monde entier avec une super recette de strudel aux pommes - je dois absolument l'acheter! Quelques 800 grammes ne vont plus y changer grand chose, et en plus comme ça j'allais obtenir un sac pour y fourrer mon manteau - oui, parce qu'en plus, j'avais un manteau. Je crois que le caissier de Mona Lisait se souvient encore de moi, il avait une expression de visage assez étrange lorsque, après avoir acheté "Cuisine juive du monde entier" j'ai demandé, l'air de rien: "Comment on fait pour aller à la Mosquée?" J'étais trop contente de moi. Semer la confusion est un art.

Il n'empêche que, huit ans et trois heures de rando plus tard, je découvre enfin le salon de thé de la mosquée! C'est incroyablement joli et cette fraîcheur multicolore est d'autant plus inattendue que l'on se trouve au beau milieu d'un quartier en plein désamientage. On s'installe à une jolie table en mosaïque près d'une petite fontaine dans la cour intérieure (je crois qu'ils appellent ça "la verrière" mais la cour n'est pas couverte). Le service est... comment dire... "venu d'ailleurs". Un monsieur s'approche de nous avec un plateau de verres sales et s'enquiert:
- Vous voulez du thé?
- Euh oui.. et aussi..
- Ce sera 4€! (il nous dégotte deux verres de thé pleins sur son plateau)
- Et puis aussi, on voudrait des gâteaux?
- Ca, vous allez l'acheter à côté.

D'"à côté", on ramène deux gâteaux (dont un à la semoule, excellent, et l'autre bon mais moins frais). Puis on décide de changer de table - le soleil tape trop fort! Le temps de déplacer les gâteaux, une volée de moineaux s'abat dessus! J'étais morte de rire, mais je crois qu'il y a des gens qui n'appréciaient pas trop :-)

L'endroit est génial mais, bizarrement, on n'y reste pas lontemps: la visite est aussi expéditive que le service. Rien ne vous empêche de vous y installer pour de bon avec votre ordi livre et bouquiner pendant des heures... En revanche, soyez prêt à la dose de sucre que votre organisme va devoir assimiler et au coup de barre qui va suivre: le thé est traditionnelement ultra-sucré (et je ne parle même pas des gâteaux - je sais, nul n'est obligé de prendre des gâteaux).

En fait, j'écris tout ça, mais c'est surtout parce que j'avais trois photos à vous montrer et qu'il fallait mettre du texte autour pour que ça fasse joli. Pour résumer, c'était pour dire que j'ai passé un moment délicieux dans un endroit de rêve, probablement un de ces endroits dont les gens rêvent devant les pubs de Marmara dans le métro ("Tout le monde a droit aux vacances!")), et que je vous le conseille vivement, surtout à ceux qui ne partent pas cet été!

En pratique:39 rue Geoffroy-Saint-Hilaire
75005 Paris (Métro Censier-Daubenton, Jussieu, bus 89 et un autre, me souviens pas)

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mercredi 23 juillet 2008

(Musique) Pyeng Threadgill au Sunside

Comme vous le savez déjà, Télérama est une source de conseils absolument inépuisable. L'application de certains d'entre eux tourne en catastrophe, mais, une fois qu'on a appris à les déchiffrer (c'est la même chose qu'avec les annonces immobilières), on en profite vraiment. Parmi les dernières trouvailles "téléramiennes", une jeune chanteuse de jazz new-yorkaise, Pyeng Threadgill. Télérama situe sa voix entre Cassandra Wilson et Nina Simone, et je dis "Bingo!" Je suis donc allée écouter le "Pyeng Threadgill Quintet" rue des Lombards, au Sunside, lundi dernier. Ils seront de passage au festival de Cognac les 25 et 26 juillet prochains (le deuxième concert est gratuit).


Fille d'Henri Threadgill (ne vous affolez pas, je ne connaissais pas non plus - apparemment très connu), Pyeng a effectivement une voix sublime, chaleureuse, pleine de couleurs (sa voir a pour moi une couleur ocre) et le sens du swing dans la peau. On dirait que chanter est son état le plus naturel... Je suis conquise! En revanche, je suis moins convaincue par la forme de quintette: entourée de quatre musiciens, sa voix disparaît au profit d'une presque-cacophonie dans le style "jazz qui part en vrille" (le genre qui me tape sur les nerfs et sur les oreilles).

Sur les disques, cela ne s'entend absolument pas et sa voix est toujours mise en avant, mais en concert (peut-être un problème de réglage?) je me sentais un peu comme un contemporain de Vivaldi qui se retrouverait, par un coup de baguette magique, au beau milieu d'un orchestre jouant du Wagner. Je sais, c'est très réducteur de ne vouloir entendre que la jolie voix mener une jolie mélodie, mais... "that's the way - the way, the way - I like it! - like it!" Je ne sais pas dans quel direction elle travaillera par la suite, mais en solo, elle est capable de devenir une grande chanteuse.


Vous pouvez écouter d'autres chansons de Pyeng Threadgill gratuitement ici; et même en télécharger deux gratuitement! Une de mes préférées, "Can we pretend" dont le rythme enchanteur me balance doucement. Vous pouvez aussi consulter son Myspace.

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mardi 22 juillet 2008

(Cine) Ballerina de Bertrand Normand

Demain sort sur les écrans un très bon documentaire de Bertrand Normand, Ballerina. Un voyage à Saint-Pétersbourg où, entre la célèbre école Vaganova et le théâtre Mariinsky (plus connu comme le Kirov pour sa troupe de ballet), il tente de percer le mystère de la ballerine russe à travers cinq personnages: deux jeunes ballerines Alina Somova et Evgenia Obraztsova (celle qui jouait dans "Les poupées russes" de Klapisch), et les étoiles Ulyana Lopatkina, Svetlana Zakharova et Diana Vishneva, bien connues des amateurs de danse classique du monde entier.

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Faut-il aller le voir? Si vous vous intéressez à la danse classique (ou aux filles russes, on en a déjà parlé), vous y trouverez quelques très belles séquences et des interviews de danseurs et chorégraphes français (Manuel Legris, Pierre Lacotte...) et russes. Les néophites ne se sentiront pas largués car le documentaire est assez (parfois trop, pour ceux qui s'y connaissent bien) pédagogique. Si vous y allez, essayez de le faire avant lundi, comme ça le film restera à l'affiche un peu plus longtemps (c'est toujours décidé le lundi matin pour la semaine qui vient).

Séances:
Reflet Medicis - 3, rue Champollion, 75005 Paris (Métro Odéon)
tlj à 14 heures,
L'Entrepôt - 7-9 rue Francis de Pressensé, 75014 Paris (Métro Pernety)
tlj à 18 heures.

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lundi 21 juillet 2008

(Cine) Valse avec Bachir d'Ari Folman

La première fois où j'ai entendu parler de Valse avec Bachir c'était en mai, lorsqu'on lui prédisait la prix de la mise en scène, voire la Palme d'Or à Cannes. Finalement, il n'a eu ni l'un, ni l'autre. Mais les critiques enthousiastes ont suffi pour lancer le film qui a dépassé déjà les 300 000 entrées en France. Ari Folman réussit en effet un exploit avec, à la base, un genre inclassable (un documentaire animé!) et un sujet difficile et méconnu du grand public (massacre des camps de refugiés Sabra et Chatila en 1982 par les milices chrétiennes).

On aurait pu craindre l'artifice de l'animation, mais il n'en est rien: entre bande dessinée et cinéma (notamment pour le travail sur la lumière), le langage employé par Folman apporte une distance nécessaire pour pouvoir aborder le sujet, mais cette distance se révèle trompeuse tant on adhère à l'histoire, un peu comme on le faisait, enfant, avec nos héros préférés de BD et de dessins animés. Dès la haletante scène d'ouverture, où vingt-six chiens enragés traversent une ville fantôme à la recherche de leur victime, on ne parvient plus à détacher les yeux de l'écran. On en sort étonnés d'avoir pris à coeur l'histoire de ce jeune en quête de sa mémoire.

On aurait pu craindre l'ennui d'un documentaire, mais il n'en est rien: ce que fut, un temps, un vrai documentaire (filmé par Ari Folman en vidéo, puis transformé en dessin animé), devient ici une enquête qui tient le spectateur en haleine. Ari, le personnage principal, se rend compte que des pans entiers de sa vie se sont effacés de sa mémoire, dont toute la période de la guerre du Liban. Il entreprend alors à interviewer des amis, des participants, des journalistes, des psychologues pour retrouver le chemin des événements et se souvenir, enfin, où il était lors du massacre de Sabra et Chatila.

On aurait pu craindre un sujet difficile et trop pointu pour le grand public qui n'en a cure des massacres qui se sont passés si loin, il y a si longtemps. Il n'en est
rien, car Valse avec Bachir est tout d'abord un film sur l'inutilité de la guerre, sur les rapports humains, sur la mémoire. Nul ne l'expliquera mieux qu'Ari Folman lui-même, dans sa note d'intention:
"J'ai réalisé Valse avec Bachir du point de vue d'un soldat quelconque, et la conclusion est que la guerre est si incroyablement inutile ! Ca n'a rien à voir avec les films américains. Rien de glamour ou de glorieux. Juste des hommes très jeunes, n'allant nulle part, tirant sur des inconnus, se faisant tirer dessus par des inconnus, qui rentrent chez eux et tentent d'oublier. Parfois ils y arrivent. La plupart du temps, ils n'y arrivent pas."

La bande-annonce vous donnera un aperçu de ce style très particulier car puissant avec très peu de moyens (notamment chromatiques):
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Faut-il aller voir ce film? Oui, même si le sujet ne vous dit rien, et même si vous n'aimez pas les dessins animés. Même si Valse avec Bachir n'était qu'un exercice de style, il vaudrait la peine d'être vu.

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vendredi 18 juillet 2008

(Expo) Annie Leibovitz, A photographer's life, 1990-2005

Il y a quelques années, lorsqu'était sorti le film "Le Pianiste" de Polanski, j'étais tombée sur ce portrait d'Adrien Brody fait par Annie Leibovitz. J'avais l'impression de ne jamais avoir vu de portrait auparavant, tellement celui-ci était chargé de sens, tellement le visage se révélait dans ce jeu subtil de nuances de gris. C'est à ce moment-là que j'ai compris à quel point le noir et blanc peut être plus expressif que la couleur. Depuis, j'avais oublié le nom d'Annie Leibovitz, mais je n'ai pas oublié ce portrait. Aussi, lorsque je l'ai aperçu à l'exposition "Annie Leibovitz, A photographer's life, 1990-2005", je me suis tout de suite remémoré ce sentiment de l'instant de vérité qui se dégage de ses portraits.

Pour vous rappeler qui est Annie Leibovitz (étrangement, beaucoup de gens ignorent son nom, mais tous ont déjà vu au moins une de ses photos) - vous souvenez-vous de ce portrait de John Lennon, fait cinq heures avant sa mort? De ce portrait de Demi Moore? Ou peut-être de ce portrait de la Reine d'Angleterre? Vous voyez donc qui est Annie Leibovitz: une portraitiste géniale aux mises-en-scène toujours révélatrices de ses personnage. Elle est au portrait ce qu'Oprah Winfrey est au talk-show - une des rares personnes avec qui les célébrités donnent l'impression d'être elles-mêmes.

Mais, au-delà de ce travail de portraitiste, l'exposition nous emmène plus loin, en montrant la vie de la photographe - sa famille, son amie Susan Sontag, ses enfants, mais aussi toute une autre partie de son travail qu'est le reportage, du génocide des tutsi au Rwanda à la guerre en Yougoslavie. La photo à droite, déjà exceptionnelle pour sa composition, attire le regard. Vous vous penchez sur le petit écriteau avec le titre. "Vélo renversé d'un enfant tué par un sniper, Sarajevo, 1994". Coup de poing.

De ses portraits, je préfère ceux de gens "ordinaires" - non au sens de leur destin mais de leur célébrité. Celuid d'Oseola McCarthy, "blanchisseuse et philanthrope" est absolument époustouflant, je pourrais l'observer des heures, comme une personne réelle. Celui de sa mère (à gauche), aussi, celui que celle-ci n'aima pas car on l'y voyait vieillir. Et puis surtout, ceux, nombreux, de Susan Sontag qui a partagé sa vie pendant ces quinze année et dont on sent la présence sur même sur les photos où elle ne figure pas - comme ce petit cliché d'un coucher de soleil sur le Nil, intitulé sobrement "Le Soixantième anniversaire de Susan". (je me dis que, parfois, il y a une interaction étrange entre la photo, son titre et celui qui la regarde).

Faut-il voir cette expo? Oui. En plus, vous pouvez y amener n'importe lequel de vos amis (le portrait est le genre de photos qui se regarde le plus facilement - et surtout ceux des célébrités, les gens ont l'impression de voir un album photo de famille tellement ils connaissent ces visages par coeur).


Annie Leibovitz. La vie d'une photographe (1990-2005).
Maison européenne de la photographie,
5-7, rue de Fourcy, Paris (IVe), 01-44-78-75-00.

Jusqu'au 14 septembre.
http://www.mep-fr.org/


Ajout 31/07: rien à voir avec l'exposition, mais voici une des dernières photographies faites par Annie Leibovitz - celle de Carla Bruni-Sarkozy, posant sur le toit de l'Elysée... Symbolique.

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mercredi 16 juillet 2008

(Ciné) Les Sept Jours de Ronit et Shlomi Elkabetz

Aujourd'hui, j'ai fait un bilan de demi-parcours cinématographique (j'ai vu près de 20 films, soit la moitié de ceux que je voulais voir), et ai réalisé que, depuis janvier, j'ai vu 5 films israéliens. Soit seulement un de moins que de films français ou américains... Le cinéma israélien affiche une vitalité incroyable, et cette capacité à se renouveler (malgré des thèmes qui reviennent très souvent) est d'une fraîcheur agréable qui contraste avec une certaine inertie qui semble envahir une partie du cinéma français... Et surtout, ce n'est pas toujours un seul et même réalisateur - je crois qu'en deux-trois ans je n'ai pas dû voir plus de deux films d'un même réalisateur israélien; de plus, pratiquement tous ces réalisateurs ont moins de 35 ans! Fascinant. Si quelqu'un a lu un bon article sur le cinéma israélien récemment (et notamment une explication d'une telle santé), je suis preneuse!

Les 7 jours est le deuxième film de la trilogie initiée par "Prendre femme": bien évidemment, je l'ignorais jusqu'à ce que je fasse des recherches pour ce post.Ceci dit, ne pas avoir vu "Prendre femme" n'empêche presque en rien d'apprécier Les 7 jours - au pire, cela vous donnera envie de voir cette trilogie à l'envers (une seule séance à Paris, à l'Arlequin, le samedi à 11h40 pour revoir "Prendre femme").

L'histoire: Les 7 jours, c'est la période de shivah - la période de deuil qui dure 7 jours après la mort d'une personne, pendant laquelle toute la famille doit habiter sous le même toit pour soutenir l'endeuillé et honorer le mort. Ce huis-clos est ici l'occasion pour un déchirement familial comme seule la promiscuité peut en créer (pensez aux serpentariums qu'étaient les appartements communautaires en URSS). La promiscuité et les problèmes financiers ainsi que le décès de Maurice, le seul que toute la famille écoutait, exaltent les vieux conflits de familles, les rancunes enfouies et les amours secrets, sur fond d'une guerre contre Saddam.

C'est une œuvre chorale à laquelle participent les meilleurs acteurs israéliens dont chacun a accepté un tout petit rôle: grâce à eux, chaque personnage possède une vraie présence et en même temps ne monopolise jamais l'attention des spectateurs. Comme dans une œuvre musicale, les thèmes se suivent, se répondent; les instruments se parlent, se répondent, se disputent et se réconcilient, jusqu'à ce que le conflit éclate au grand jour, lors d'une scène nocturne (quel paradoxe) extraordinaire.

Ronit Elkabetz, dont je suis une fan inconditionnelle, illumine l'écran par sa présence douloureuse et son visage de madone (quel cliché, mais ce n'est qu'en voyant le visage de Ronit Elkabetz que l'on puisse comprendre ce que cette expression veut dire). La trilogie raconte l'histoire de Viviane (la femme jouée par Ronit Elkabetz), de sa vie de couple aux rapports avec la famille. Dans Prendre femme, elle n'ose pas quitter son mari. Dans Les 7 jours, elle a gagné sa liberté, mais la paye cher, car son mari lui refuse le divorce. Le film de clôture devrait sortir d'ici un ou deux ans...

Si vous avez aimé Prendre femme, si vous aimez le cinéma israélien, si vous aimez Ronit Elkabetz ou si, simplement, vous venez d'une famille nombreuse qui s'entredéchire à chaque Noël, ne passez pas à côté de ce film.

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lundi 14 juillet 2008

(De la Russie) Les femmes russes vieillissent-elles mal?

Suite à mon post précédent sur les filles russes, on me posa une question extrêmement pertinente: "Il y a un sujet que vous n'abordez pas toutefois, qui revient souvent sur la table des discussions entre garçons : pourquoi autant de si jolies jeunes femmes et aussi peu de jolies femmes mûres, dirons-nous ? Que se passe-t-il après 30 ans ?" Et bien, que se passe-t-il après 30 ans?

Je me suis déjà posé la question, mais étrangement, dans mon post, je n'avais pas pensé à faire le lien entre les "filles" et les "femmes" russes - c'est dire à quel point les unes ne ressemblent pas aux autres. J'ai fini par avoir quelques explications dont aucune n'est vraiment satisfaisante... Je vous les soumets, dites-moi si cela vous paraît convainquant et si vous en avez d'autres!

Tout d'abord, comme disait une écrivaine polonaise que j'aime beaucoup (Joanna Chmielewska) lorsqu'on lui demandait pourquoi les petites vieilles danoises étaient beaucoup plus jolies que les polonaises: "elles n'ont jamais lavé le linge dans des cuves à lessive!" (cuve à lessive est la traduction de mon dictionnaire, mais, en gros, il s'agit de toutes les tâches ménagères). Le quotidien était et reste très dur en Russie, moins maintenant - si vous avez de l'argent. Si vous n'en avez pas, comme partout ailleurs, vous payez avec votre temps. Et ce temps-là, vous ne le consacrerez plus à vous-même. Même si la situation s'améliore peu à peu, les mentalités (et les infrastructures) ne suivent pas toujours: aussi, les clubs de sport sont beaucoup plus chers qu'à Paris et vous n'y trouverez que de très jeunes filles, ce qui peut mettre très mal à l'aise une femme de 40-50 ans. La mode n'est souvent destinée qu'à des très jeunes, mais il est encore très difficile de trouver de jolies choses dans un style convenant à quelqu'un qui a arrêté de montrer son nombril. Et puis, il persiste une habitude qui consiste à "se laisser aller" une fois que le mari a été trouvé (par l'exposition démesurée du nombril sus-mentionné). La plupart de ces raisons vont disparaître avec le temps, mais est-ce que cela veut dire que les femmes russes d'un certain âge seront aussi belles que lorsqu'elles étaient jeunes?

C'est là qu'entre en scène une explication risque de fâcher certain(e)s. Ayant beaucoup voyagé et aimant observer les gens, j'ai pu remarquer que dans certains pays, effectivement, les femmes "mûres" (comme on dit en russe, "les femmes d'âge balzacien" - en sachant que Balzac parlait plutôt des femmes de 30-35 ans) étaient beaucoup moins belles que les filles de 16-18 ans. Parmi ces pays, un grand nombre de pays du sud de l'ex-URSS (surtout la Géorgie et l'Arménie), mais aussi un grand nombre des pays de l'Est (y compris la Pologne et, dans une moindre mesure, la République Tchèque et l'Allemagne), ainsi que certains pays africains et les pays du Maghreb. Je ne saurai jamais dire à quoi c'est dû, mais, avec l'âge (souvent encore très jeunes), les jeunes filles commencent à grossir, inévitablement - et par grossir je n'entends pas "prendre du ventre et des cuisses" - non, elles grossissent partout, pas nécessairement beaucoup, mais sur toute la superficie du corps et du visage. Les traits du visage deviennent alors plus flous et plus grossiers (un peu comme Britney Spears maintenant - on voit bien qu'on ne peut plus rien y faire) et, souvent, plus communs voire vulgaires (question de maquillage certainement). Sur les visages de type slave (blonde, pommettes hautes, "yeux de fée" etc.), je ne connais, en Russie, aucune femme vraiment belle de plus de 30-35 ans. Et là, pour le coup, cela n'a rien à voir avec le quotidien, car il est le même pour tous les "types"... C'est exactement la même chose si vous allez en Géorgie, on se pâme devant la beauté des jeunes filles, et puis on voit leurs mères - de vraies matrones. Un autre exemple, c'est l'Allemagne, où les jeunes filles peuvent être ravissantes et puis elles font des Angela Merkel (qui n'est pas moche du tout, mais bon) - ou bien, pour prendre un exemple connu, Claudia Schiffer, dont le visage devient de plus en plus "commun" avec l'âge. En revanche, dans certains pays (France, Italie, Espagne, mais aussi Amérique Latine) beaucoup de femmes deviennent plus belles (ou restent aussi belles) avec l'âge... Un vrai mystère pour moi. Je pense vraiment que cela dépend des traits de visage que vous avez au départ! Probablement, le type russe ne doit pas être de ceux qui se conservent bien? Ou bien est-ce une hérésie totale?

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jeudi 10 juillet 2008

(Musique) Comme si de rien n'était de Carla Bruni

Je fais une pause dans mes impressions russes pour vous parler de "Comme si de rien n'était", le dernier album de Carla Bruni qui sort demain dans tous les magasins de France et de Navarre (vous pouvez l'écouter gratuitement ici - attention, pas de Firefox).

Je m'interromps non pas parce que l'intérêt de l'album dépasse celui de mes esquisses russes, mais justement parce que ce n'est pas l'album du siècle, et il risque fort de ne plus être au goût du jour la semaine prochaine. Et j'avais envie de vous en parler car j'aime bien Carla Bruni et qu'il y a des choses à dire sur cet album.

Ne vous méprenez pas: bien que Comme si de rien n'était ne soit pas à la hauteur des espérences que l'on aurait pu y placer, il contient quand même quelques jolies chansons. J'avais beaucoup aimé le premier album de Carla Bruni, beaucoup moins le second (je n'en ai gardé que "Those dancing days are gone", "No promises" et peut-être "Lady weeping at the crossroads"). On aurait tort d'affirmer que Comme si de rien n'était est un mélange des deux. Certes, le premier single, "L'Amoureuse", ressemble comme deux gouttes d'eau à "Le toi du moi" de Quelqu'un m'a dit (dans la mélodie, les intonations et l'accompagnement - autant dire tout, et même la structure des phrases), et Notre grand amour est une copie parfaite de "Those dancing days are gone" (plus quelques autres parallèles faciles que je vous laisse le loisir de retrouver). Mais il y a aussi des petites découvertes à faire.

La mienne, c'est d'avoir enfin compris à qui Carla Bruni me fait penser. Elle me fait penser à Patricia Kaas chantant Barbara
(attention, à une époque, j’étais une grande fan de Patricia Kaas qui, entre parenthèses, est toujours très populaire en Russie - j’ai même vu une pub avec elle pour une parfumerie en Russie la semaine dernière !). Lorsque Carla descend dans les graves, c'est la Patricia Kaas de « Je te dis vous » (l'album) que j'entends, avec la même voix rauque et la même nostalgie dans l’intonation. Dans les aigus (enfin, n’exagérons pas, cela ne dépasse pas le si), elle me rappelle Barbara. Surtout dans la première (et très belle) chanson, "Dans ma jeunesse", une valse où se glisse parfois cette intonation qui traîne un peu, au détour d'une phrase, si caractéristique de la Kaas. Mais c'est surtout la chanson écrite pour Carla Bruni par Julien Clerc (la musique), "Déranger les pierres" qui porte l'empreinte de Barbara. Vous pouvez d'ailleurs les voir chanter ensemble "Si la photo est bonne" sur cette vidéo (regardez bien la coiffure de Julien Clerc), avec notamment ces lignes on ne peut plus pertinentes:

Moi qui suis femme de président,
J'en ai pas moins de cœur pour autant,
De voir tomber des têtes,
A la fin, ça m'embête,
Et mon mari, le président,
Qui m'aime bien, qui m'aime tant,
Quand j'ai le cœur qui flanche,
Tripote la balance...

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Est-ce cette chanson qui a inspiré Julien Clerc pour "Déranger les pierres"?


Ah oui, il faut absolument que je vous parle de la chanson "Je suis une enfant": selon les crédits du disque, c'est une chanson « sur les motifs du lied Robert Schumann »... C'est tout de même bizarre pour une chanteuse qui se fait passer pour une intello d'être aussi imprécise (et je ne dis même pas qu'un Lied s'écrit avec un grand L) - il ne s'agit simplement pas d'un (ni "du") Lied, mais de la pièce pour piano "Gens et pays étrangers" des Scènes d'enfants de Schumann, un morceau archi-connu (Kinderszenen). Non mais, franchement. Faut pas nous prendre pour des jambons! En plus, ce n'est pas en rajoutant à Schumann l'accompagnement de "Alone at the drive in the movie" de Grease et en ralentissant le tempo qu'elle réussira le coup... même si on découvre, avec grande joie, que rien ne peut tuer Schumann. Un génie, je vous dis, il avait tout prévu, même Carla.

Pour le reste, la chanson écrite par Francesco Guccini (Il vecchio e il bambino) me fait penser au très lugubre "Where the wild roses grow" de Nick Cave: bien que le texte soit joli, ça donne envie de se tirer une balle après le premier couplet. Parmi les chansons que j'aime le moins, Le Marin (trop banale) et Antilope (parce que je trouve que la voix de Carla Bruni n'est pas faite pour le country, ça sonne trop faux!). Enfin, You belong to me est une vieille une chanson si jolie qu'elle est difficile à râter. Et pour ce qui est de la fameuse chanson sur un poème de Houellebecq, la musique n'est pas à la hauteur du texte (et là, pour le coup, ça fait vraiment trop Patricia Kaas, même pour une ancienne fan comme moi).

Au final, un album "sous influence" et où les influences sont trop traçables pour pouvoir se transformer en quelque chose de nouveau. Je ne garderai que Ma Jeunesse et puis Déranger les pierres... Et vous?

Update 11/07: vous pouvez voir le premier clip de l'album, L'amoureuse, ici. J'aime beaucoup le clip où l'animation et la vidéo vivent à l'unisson!

Ajout 31/07: une très belle photo de Carla Bruni posant sur le toit de l'Elysée vient d'être réalisée par Annie Leibovitz pour Vanity Fair.

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mercredi 9 juillet 2008

(De la Russie) Des filles russes, ou Much Ado about Nothing

Comme je vous disais hier il y a une semaine (je sais, je vous ai délaissés, mais finalement le voyage s'est avéré bien plus chronophage que prévu!), j'ai été surprise par les filles russes. En étant une moi-même, cela peut paraître étrange, mais il faut prendre en compte que 1) cela fait huit ans que je suis en France à Paris; 2) que j'ai fini par être plus parisienne que russe dans ma façon de m'habiller; 3) que cela fait deux ans que je ne suis pas allée en Russie en été! Or, c'est l'été que le phénomène "filles russes belles à tomber" se manifeste dans toute sa splendeur, même si le look "mini-jupe et long manteau de fourrure ouvert par -20C" n'est pas mal non plus. Pour les impatients qui ne veulent pas lire la suite du post, voici un petit diaporama sur les filles russes. Toutes les photos sont authentiques et datent de la semaine dernière! En revanche, j'avais oublié de charger mon appareil photo (non, je ne suis pas blonde), donc toutes les photos sont faites avec mon portable...

En parlant des filles russes, j'essaierai de montrer un peu de retenue (on me dit "ce n'est pas bien de vendre sa patrie!" - les russes n'aiment pas la critique). Donc, soyons objectifs. La beauté est une conception construite et non une valeur naturelle et objective, et à ce titre elle dépend entièrement des données géographiques, sociales, culturelles, économiques, historiques, etc. Aussi, avant d'affirmer, comme certains français, que "les filles russes s'habillent comme des putes", il faut prendre en compte les conditions dans lesquelles ces filles ont grandi et vivent.

Tout d'abord, pendant les 70 années de communisme la mode n'existait qu'en la figure des magazines "Paysanne" et "Ouvrière" - autant dire qu'elle n'existait pas; et il n'y avait aucun moyen de savoir comment les gens s'habillaient à l'étranger. Les gens ne pouvaient rien acheter, et cousaient eux-mêmes leurs vêtements. Avant 1917, les modeuses attendaient l'arrivée des magazines parisiens pour choisir les façons de leurs robes... Aujourd'hui, nous obtenons donc un mix des deux: on ne sait pas trop comment s'habillent les françaises, mais on reçoit les magazines! Alors, on prend la couv' du Vogue, et on l'applique. A la lettre (c'est plus sûr). A 9h du matin avant d'aller au bureau. Certes, les "executive women" apprennent peu à peu à mesurer leurs efforts. Les autres suivront...

La façon de s'habiller des filles russes part de quelques postulats presque mondialement reconnus: "Les talons hauts font de jolies jambes" (qui dit le contraire?), "Une fille coiffée est plus jolie", "Le maquillage peut rattraper un physique ingrat" et, enfin, "Parce que je le vaux bien". Après, on peut discuter de la mise en pratique. Les talons, c'est très beau, mais est-ce nécessaire de mettre des talons de 15cm de haut au bureau ou lorsque vous faites une promenade de trois heures dans la ville? Etre coiffée, sûrement, mais combien de tonnes de laque et de teinture faut-il utiliser par mois?

Enfin, tout est question de mesure. Une fille habillée "modestement" mais avec des chaussures hallucinantes à talons, ça fait joli et pas vulgaire. Même chose pour un rouge à lèvres rouge, ou un mini-short, ou autre vêtement décalé. Mais talons hauts + mini-jupe + rouge à lévrès, mascara et ombre à paupières bleu indigo + ongles peints en orange, ça ne le fait pas. Que faire. Ca ne le fait juste pas...

La Russie reste un pays assez traditionnaliste où, si vous n'êtes pas mariée à 25 ans, cela fait louche (sauf peut-être à Moscou, et encore). Pour vous dire, "Es-tu mariée?" était la première question que me posa la voisine du dessous qui ne m'avait pas vue depuis deux ans. "C'est pour bientôt?" était la seconde. Pour beaucoup de filles, l'égalité hommes-femmes se traduit par l'équation "il paye tout"/"je suis belle". Evidemment, je charge le trait, mais consentez que pour faire tout ce que font les filles russes pour être belles, il faut bien 2h par jour! Et si on compte combien elles dépensent en produits de beauté et vêtements (plus chers qu'en France), le compte est bon...). Les hommes, surtout ceux qui ont plus de 28-30 ans, sont plutôt macho (je n'oublierai jamais mon effroi quand un producteur russe rencontré à Cannes m'a arraché mon sac à main pour le porter! En Russie, c'est l'homme qui porte... et la femme est belle. Avec des talons), et toutes les femmes ne le réalisent pas toujours car il leur manque le point de référence (il y a assez peu d'étrangers en Russie). Cette histoire d'avoir une belle femme (cette beauté "rayonne" en quelque sorte sur l'homme qui accompagne une belle femme; il est beau par le biais de sa femme), c'est peut-être parce qu'en Russie les hommes sont moins beaux que les femmes. Mais si, mais si (je sens que je vais me faire déchirer, mais je persiste et signe - d'ailleurs, combien de couples franco-russes où le mari est russe vous connaissez?). Certes, il y a d'heureuses exceptions (mon père). Mais dans l'ensemble, les filles sont beaucoup plus belles - la semaine dernière, un français m'a dit "J'ai compté les jolies filles dans la rue devant l'hôtel, et des dix couples que j'ai vus, seuls deux étaient assortis en termes de beauté!". Ma théorie personnelle c'est que ce qu'on appelle en russe "le fonds génétique" ne s'est toujours pas remis de la perte de 20 millions d'hommes pendant la seconde guerre mondiale. Globalement, ceux qui étaient restés étaient les trop vieux, les trop jeunes, les blessés et les handicapés. Voyez un peu ce que ça donne... mais cela n'explique pas pourquoi les filles sont belles! Ou alors si?

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