(Photo) La vie russe selon Vladimir Schraga | Une Russe à Paris
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vendredi 10 octobre 2008

(Photo) La vie russe selon Vladimir Schraga

© Vladimir Schraga


Je me suis dit que cela faisait longtemps que je ne vous ai pas parlé de photo, alors que j'ai découvert, récemment, quelques très bons photographes. Je vous en présente un aujourd'hui: Vladimir Schraga, un jeune photographe russe qui (après investigation), a étudié dans la même promotion que Konstantin Zilberburg dont je vous ai parlé il y a quelques mois. Je commence à me dire que l'école №239 de Saint-Pétersbourg a quelque chose de spécial (je veux dire, pour un lycée mathématique, c'est tout de même étrange que de donner naissance à des gens avec une vision aussi intéressante et vive de la réalité).

Contrairement à Konstantin Zilberburg, qui construit un monde presque merveilleux aux personnages souvent loufoques ou en tout cas pleins d'avenir, Vladimir Schraga se fait chantre de la Russie à la dérive. Il pose un regard réaliste teinté de romantisme sur les habitants des villes de province, sur les décrépitudes des paysages urbains, sur les vieillards qui sortent leurs médailles et leurs meilleurs habits pour la fête de la Victoire du 9 mai... Des sujets qui sont dignes d'un éthnologue qui étudie ce monde qui sombrera un jour dans l'oubli. Mais une palette de vrai photographe révèle, ici par une touche de couleur inattendue, là par un cadrage bien maîtrisé, la saveur de la vie, la douleur de l'existence, les joies du quotidien. Observateur, Vladimir Schraga excelle dans le genre du portrait (comme dans ce portrait d'un ouvrier à Tver, ci-dessous; ou dans ce portrait de l'acteur Vadim Amirkhanov), mais aussi dans ces scènes sociales aux personnages dignes de Gorki, ou alors de Saltykov-Schedrin. Un vieillard trouve un écran d'ordinateur abandonné sous la neige, et à demi caché par le paraplui, son regard effrayé rencontre le nôtre - a-t-il peur que nous soyons témoins de sa décadence? Une vieille vient mendier au portes d'un casino à Tver ("Le prince et la mendiante"), et son geste, si éloquent, nous renvoit aux peintures bibliques. Un couple danse, le jour de la Victoire - et l'on songe aux posters de propagande soviétique. Une mariée soutient sa longue jupe froufroutante, face à une limousine louée pour l'occasion - mais derrière se profile le mur décrêpi de l'immeuble, en dévoilant traîtreusement la vie qui attend la belle mariée, une fois les bulles de champagne évaporées... Mais il parvient aussi à saisir des paysages russes magnifiques qui donnent l'impression d'effacer une bonne centaine d'années (ci-dessus, le village de Zapolye au petit matin, dans la région de Pskov)!

Ci-dessous, la nuque façon shar-pei d'un biker; un ouvrier à Tver; les dévots de Hare Krishna dansant dans les rues de Saint-Pétersbourg.(Placez votre souris sur la photo si vous voulez arrêter le défilement).




© photos Vladimir Schraga



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