(Cine) Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen, ou l'Auberge Espagnole revue et corrigee | Une Russe à Paris
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lundi 13 octobre 2008

(Cine) Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen, ou l'Auberge Espagnole revue et corrigee

Il y a des films dont on attend trop. Ceux dont on a trop entendu parler même si l'on pris soin d'éviter toute critique, toute interview avant de s'être confortablement installé dans le fauteuil de cinéma, le ticket à la main. J'ai la sensation que l'on devrait voir tous les films par hasard, les découvrir par surprise - ce n'est qu'ainsi que leur effet peut atteindre le maximum. Je n'avais pourtant attendu que quelques jours avant d'aller voir le dernier Woody Allen! Ne me comprenez pas mal: il est très bien. Mais, dans mon coeur (à ce que je suis sentimentale ce soir, pouah!) il ne détrônera jamais Match Point.

L'histoire: Vicky et Cristina, deux jeunes femmes américaines aux opinions diamétralement opposées sur l'amour, viennent à Barcelone pour y passer un été placé sous le signe de "l'identité catalan". Mais le voyage touristique un brin niais se révèle autrement plus torride quand elle font la rencontre de Juan Antonio, un peintre aux amours difficiles.

Décidément, Woody se renouvelle. Mais sa présence reste palpable et surtout audible: il semble parler à travers chacun des personnages! Le style des répliques, le répondant, le mordant, la névrose, le flot ininterrompu de paroles dans les moments de maladresse, les envolées philosophiques, le rythme - tout est est. Je pouvais facilement imaginer Woody prononcer chacune de ces répliques. A un moment, l'impression devient dérangeante tellement cela paraît évident. Si vous aimez Woody Allen, avec Vicky Cristina Barcelona, vous l'aurez au quintuple, et dans les deux sexes, s'il vous plaît! Car il s'agit bien de cinq portraits - quatre femmes et un homme-fantasme (à propos de Woody Allen et de ses fantaisies sexuelles, vous devez a-bso-lu-ment lire son journal de tournage, hilarant).

Que dire du film sans vous trop en dévoiler, sans vous ôter la surprise de la découverte? Rien, ce serait le mieux. Mais comme, dans ce cas, il faudrait que j'arrête d'écrire sur ce blog, je continue encore un peu... Les acteurs? Une nouvelle actrice très woodyallenesque, Rebecca Hall (elle m'a rappelé un mélange entre la jeune Diane Keaton, pour l'énergie, et Mariel Hemingway, la jeune fille de Manhattan, pour son côté sincère et romantique). Une Scarlett Johansson toujours dans le même registre de la jeune fille candide et explosive. Une Penelope Cruz crédible en artiste hystérique mais séduisante. Et enfin Javier Bardem, séduisant en...

chemise rouge Prada (mais si, vous voyez très bien de laquelle je parle, celle que Carrie a acheté à Jack Burger chez Prada, la rouge, mais si!!! Euh? Quoi? J'ai des références dépassées?) - moi qui pensais que jamais il ne parviendrait à effacer son image dans No Country for Old Men, j'avais tort et j'en suis très heureuse. Je l'ai trouvé fabuleux dans ce rôle taillé sur mesure par Woody Allen.

Une bande originale parfaite pour la "Barcelone de carte postale" - ce doit être exactement comment les américains imaginent la musique espagnole, enjouée, aux motifs andalous et des voix suaves (la légende dit que le groupe a simplement déposé un CD à l'hôtel de Woody Allen en Espagne, qu'il l'a écoute et a adoré. On adore trop ces histoires sur les génies accessibles pour y renoncer! Et puis, ça dit aussi que, si on avait un peu de culot, nous aussi, on pourrait... mais en fait non)

Au final, une jolie histoire bien écrite, bien tournée, bien jouée, bien chantée. Mention Bien. On réservera les félicitations pour la prochaine fois!