(Cine) Le Silence de Lorna des freres Dardenne | Une Russe à Paris
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vendredi 19 septembre 2008

(Cine) Le Silence de Lorna des freres Dardenne

On se rapproche de plus en plus de la fin de l'année et mon retard en matière de cinéma n'en devient que plus flagrant. Aussi j'essaye de choisir un peu mieux les films que je vais voir, histoire de limiter ma liste de "il paraît que c'est un bon film, mais j'ai pas vu, chuis allée voir Be Happy à la place". Je suis donc allée voir Le Silence de Lorna: dernier film des frères Dardenne et prix du meilleur scénario à Cannes (vous savez peut-être que j'ai un faible pour les films des circuits festivaliers, même si parfois cela me joue des tours).

Le pire, c'est que non seulement j'ai du retard dans les films, mais en plus je n'ai pas le temps de parler normalement de ceux que je vois! Parce que bon, là, il est 00h12, je me dis qu'il faut quand même que j'écrive quelque chose, mais qu'en même temps, je ne risque pas de pondre une analyse cinématographique digne de ce nom vu mon état de fatigue.

Que faire? Adopter le style télégraphique? "Film-touchant-sujet-intéressant-actrice-excellente-voir-absolument". Allez, je vous le développe un peu.

Pour l'histoire, vous êtes grands, vous regarderez sur Allociné (d'autant plus que, si j'ai bien compris, tous ceux qui avaient voulu voir ce film l'ont déjà vu à la rentrée du cinéma). Sur le fond, c'est une histoire qui m'a beaucoup touché à travers le personnage interprété avec beaucoup de justesse, de douceur, de poignant et de souffrance silencieuse par Arta Dobroshi. Voilà une actrice que j'aimerais revoir mais qui aura peut-être du mal à obtenir des rôles en France à cause de son accent. On la retrouvera certainement dans d'autres rôles de la "petite immigrée qui veut s'en sortir", mais c'est tellement réducteur vu son talent et sa présence - elle est une de ses actrices dont chaque particule semble être magnifiée par la lumière; son visage, pas vraiment mobile, est néanmoins suffisamment expressif pour remplir à lui seul des plans-séquences interminables .

Je suis plutôt dubitative quant à la participation de Russes dans cette histoire. Le Russe que Lorna doit épouser a l'air beaucoup trop bien élevé pour l'emploi... il me fait plutôt penser à un kgbiste en mission, pas à un immigré en mal d'allégeance! Mais je vois ce film comme une métaphore où les nationalités, finalement, ne veulent plus rien dire, car ce qui nous parle, c'est la personne qui se trouve derrière la case d'un formulaire, derrière la photo 3x4 collée sur la page d'un passeport. Une vraie personne, en chair et en os. Tout à coup, on se surprend de croire à son existence, de prendre à coeur ses peines...

Du cinéma empathique bien dans le style des frères Dardenne. D'aucuns diront "Et ben c'était pas gai-gai" (faut savoir choisir ses films). D'aucuns diront "film coup de poing". Et puis d'autres - peut-être des spectateurs immunisés par le cinéma indépendant belge un peu dépressif ces temps-ci - apprécieront simplement la finesse et l'humilité des auteurs de cette nouvelle comédie humaine.