(Theatre) Shitz (Guerre, amour et saucisson) au Theatre de la Pepiniere | Une Russe à Paris
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dimanche 21 septembre 2008

(Theatre) Shitz (Guerre, amour et saucisson) au Theatre de la Pepiniere

Ah, là, je crois que je tiens le vainqueur. De quel trophée? Celui de ma pire sortie théâtrale 2008 (car, bien que je sache que l'année n'est pas encore terminée, je suis tellement traumatisée qu'il est fort probable que je ne retourne pas au théâtre avant janvier). Et pourtant, et pourtant... tout commençait si bien! Shitz (Guerre, amour et saucisson), une pièce écrite par Hanokh Levin, un des meilleurs dramaturges israéliens, avec une musique spécialement créée par Philippe Miller, et des critiques dithyrambiques sacrant à la fois les acteurs et la mise en scène. Dire que ce fut une catastrophe est un euphémisme.

L'histoire: Shpritzi (Salima Boutebal), une vieille fille grosse et vulgaire, ne rêve que de se marier. Ses parents, Shitz (Bernard Ballet) et Setcha (Anne Benoît), ne rêvent que de se débarasser de leur progéniture. Aussi Tchirk (Benoit di Marco) arrive-t-il au point nommé. Mais les relations entre les deux générations sont loin d'être cordiales: ce sont quatre ogres qui ne cherchent qu'à s'enrichir sur le dos de l'autre avant de le faire crever. Une satire de la "cellule familiale" sur fond de guerre et de... saucisson, la seule chose qui "retient Shitz à la vie". Une comédie en chansons.

Le genre est donné: c'est donc une comédie en chansons. Mais voilà que, justement, la comédie ne fait pas rire... Et ce n'est pas étonnant. Une pièce grinçante sur les rapports (in)humains, la solitude, la vieillesse et la guerre, Shitz n'est pas une comédie. Et si Hanokh Levin choisit le registre du vulgaire pour en parler, c'est pour mieux nous faire ressentir l'horreur de ce qu'il décrit. Ce vulgaire-là n'est pas à prendre au premier degré. Or, justement, c'est le parti pris de la mise en scène, que le public qui se boyaute comme au théâtre de boulevard ressent parfaitement. Des quatre acteurs, seul Bernard Ballet ressent parfois ce deuxième degré de la grossièreté de Levin. Les autres se contentent d'être vulgaires. On se sent aussi à l'aise que face à un voisin de table qui rote et qui pète. Et qui chante. Car, s'il fallait une cerise sur le gâteau, ce serait celle-ci: les chansons! Si la musique de Philippe Miller est plutôt réussie, si les deux musiciens (Virgile Vaugelade (soprano sax) et Clément Landais (contrebasse)) sont des interprètes de qualité, sensibles à la douceur de la musique klezmer, les acteurs, eux, ne savent tout simplement pas chanter. Les ensembles sont une vraie affliction. Tout est faux - des notes aux intonations.


(ainsi que deux autres chansons ici - attention, la page ne s'affiche qu'avec Internet Explorer)

Humour décapant", susurre le Figaroscope. Il ne croit pas si bien dire, l'humour est tellement décapant qu'il devrait être contrindiqué aux peaux sensibles. Je ne suis pas à fleur de peau, mais c'est rare que l'humour me fasse souffrir
autant. Et en plus, j'étais coincée au milieu du rang (mes voisins de gauche ont quand même eu le culot et l'intelligence de partir trente minutes après le début en me marchant sur les pieds).

Enfin, le texte. Ne parlant pas hébreu, je ne suis pas capable de comparer la texte de Laurence Sendrowicz à l'original et ne sais donc qui blâmer pour la pauvreté du langage. Les dialogues, et surtout les textes des chansons sont mal écrits et donnent l'impression d'un spectacle amateur bouclé la veille. On y ressent de très lointains échos de Ionesco, mais autant aller voir son excellentissime L'avenir est dans les oeufs qui traite à peu près du même sujet. "On est dans le brut mais avec quelques bulles de champagne", s'exclame le Parisien. Mes chers amis, ce n'est qu'une demi-vérité.