Comme je le disais il y a quelques jours ici, l'été, c'est sacré et je refuse de m'obliger à ne lire que des livres récents. Même si, au final, j'emporte en vacances quelques livres à paraître en septembre (travail, quand tu nous tiens), je tiens tout de même, avant de m'envoler pour la Toscane, de vous parler d'un livre tout sauf récent qui parle des temps que les moins de 100 ans ne peuvent pas connaître... L'autobiographie d'Agatha Christie.
Tout le monde connaît Agatha Christie (1890-1976) pour ses romans policiers, du Le crime de l'Orient-Express à la Mort sur le Nil. Mais elle est aussi connue pour sa vie passionnante, son humour et sa joie de vivre. Deux qualités qui lui ont permis de traverser bien des épreuves (un divorce dans les années 1920, un fait bien moins commun qu'aujourd'hui), sans compter le lot habituel de morts (son père, mortlorsqu'elle avait 11 ans, son frère, le mari de sa fille, tous morts très jeunes) et les deux guerres mondiales. Mais elle fut surtout, pour moi, une grande voyageuse.
Elle voyage dès l'enfance: au début, avec sa famille (excellent moyen de faire des économies - louer sa maison avec le personnel à de riches américains et partir dans le Sud de la France; ou alors économiser en faisant ses bals de débutant au Caire plutôt qu'à Londres). Puis, avec son premier mari, elle fait un voyage autour du monde pendant plus d'un an. En 1926, elle se sépare de son mari et part, seule, au Moyen-Orient au bord de l'Orient-Express. C'est en visitant les fouilles archéologiques de Ur - à l'époque, on pensait que ce fut la capitale de la Mésopotamie - qu'elle rencontre Max Mallowan, éminent archéologue de quatorze ans son cadet qui deviendra plus tard son second mari. Depuis cette rencontre, elle n'arrêtera pas de voyager, et deviendra peu à peu une spécialiste du Moyen Orient, et notamment de la Syrie et de l'Irak.
Lire les descriptions de Bagdad, de Nimrud - des villes qui, aujourd'hui, ont perdu de leur superbe - c'est déjà faire un voyage. Epoque bénie où il n'y avait besoin ni de visas, ni de beaucoup d'argent pour voyager (NB un voyage en Orient-Express jusqu'à Venise coûte aujourd'hui 1850€, alors pensez à Agatha Christie qui fit un Londres - Bagdad...). Epoque bénie où les archéologues ne faisaient que découvrir les toutes premières couches des civilisations aujourd'hui disparues. Epoque bénie où l'on pouvait, en n'ayant que l'écriture pour toute source de revenus, avoir pour hobby d'acheter et de redécorer des maisons (Agatha Christie en avait huit avant la Seconde Guerre Mondiale). Epoque bénie où l'on ne connaissait guère le culte de la jeunesse: "Comme j'ai bien fait d'épouser un archéologue : plus je vieillis, et plus il me trouve intéressante."
Un voyage plein de nostalgie, mais aussi d'humour: un peu ironique, un peu amer, mais toujours irrésistible. A consommer sans modération pour voyager dans ces pays que nous ne verrons jamais ("À ceux qui descendent dans les mêmes fleuves surviennent toujours d’autres et d’autres eaux. " disait Héraclite).
Sur ce, je m'en vais, moi, dans un vrai voyage - en Toscane. Le blog est officiellement en vacances jusqu'au 18 août!
Des photos d'Agatha Christie ici
jeudi 7 août 2008
(Livres) Une Autobiographie d'Agatha Christie
(Livres) Une Autobiographie d'Agatha Christie
2008-08-07T17:31:00+02:00
Une Russe à Paris
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