(Cine) La Fille de Monaco d'Anne Fontaine | Une Russe à Paris
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jeudi 21 août 2008

(Cine) La Fille de Monaco d'Anne Fontaine

Comme vous le savez peut-être, je suis une fan inconditionnelle de Fabrice Luchini. Depuis Molière, et surtout depuis que j'ai vu Le Point sur Robert, je vais voir presque tous les films où il apparaît (je l'ai notamment trouvé excellent dans Paris de Klapisch). Toujours sur ma lancée monomaniaque, je suis donc allée voir La Fille de Monaco d'Anne Fontaine, où Luchini reprend presque exactement le même rôle qu'il a tenu dans Paris - celui d'un homme dépassé et terrassé par la beauté et la jeunesse d'une femme trop belle pour lui. Même si, comme toujours pour moi, la présence de Luchini sauve le film de la déconfitude, elle ne suffit pas pour masquer la faiblesse du scénario et les disfonctionnements du trio des protagonistes.

L'histoire: Luchini, brillant avocat parisien, va à Monaco pour défendre une femme septuagénaire ayant tué son jeune amant russe. Les frères du jeune homme (des mafieux russes bien évidemment) arrivent eux aussi à Monaco, ce qui fournit aux scénaristes le prétexte d'affubler Luchini d'un "agent de protection rapprochée" taciturne (Roschdy Zem). Lors d'une interview télévisée, Luchini tombe sur la miss Météo monégasque (Louise Bourgoin, l'ex miss Météo de Canal+) aussi blonde que sotte. S'en sort un triangle amoureux dont je vous laisse imaginer le manque de crédibilité.



Les acteurs. Ce trio-là manque surtout de charisme: on ne ressent guère cette attirance aveugle que doivent, selon le scénario, éprouver les deux hommes pour cette idiote. Elle a certainement un corps de rêve et enlève sa culotte si gracieusement qu'on pourrait la regarder le faire éternellement, ce dont, d'ailleurs, les scénaristes profitent pour alléger au maximum les dialogues. Le problème, c'est que, loin d'être une femme fatale, elle n'est - comme le dit d'ailleurs Roschdy Zem à un moment - qu'un très bon coup. Et pour un bon coup, on a du mal à imaginer que deux hommes intelligents puissent à ce point perdre la tête. Roschdy Zem a beaucoup de présence à l'écran, mais son rôle manque de profondeur, tout autant que celui de Fabrice Luchini.

Les dialogues sont même - déception ultime - pas particulièrement drôles, à l'exception d'une ou deux scènes (on ne peut pas être drôle avec une bimbo, l'humour de Fabrice Luchini face à Louise Bourgouin, c'est pire que jouer au tennis face à un mur - à la différence du mur, Louise Bourgoin, elle, ne relance jamais). Entre parenthèses, en réalité, c'est Fabrice Luchini qui a rencontré Louis Bourgoin chez Canal+ et qui a suggéré son nom à Anne Fontaine. Et ça, pour le coup, c'est une histoire bien plus crédible que le scénario qui en est sorti.

Au final, ce qu'on aimerait le plus, c'est de voir le déroulement de ce fameux procès dont on ne voit dans le film que des bribes et qui ne sert ici que de prétexte (d'ailleurs, les fameux "frères russes" - les Dachev, mais quel nom ridicule, les 20 premières minutes du film je pensais que c'étaient des roumains! - ne frappent jamais, et la présence du garde du corps s'avère inutile, comme tout ce qui fait tenir le scénario). Oui, si on ne gardait que le procès, ce ne serait pas une comédie. Mais je préfère toujours un bon drame à une mauvaise comédie. Les plaidoiries de Fabrice Luchini sont si brillantes que je ne rêve que de le voir, vêtu de sa robe d'avocat, articuler encore et encore le mot "alcoolique" devant les jurés. Dommage que ce ne soit pas le film d'Anne Fontaine qui m'en donnera l'occasion.