(Livres) L'erreur est humaine de Woody Allen | Une Russe à Paris
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lundi 25 août 2008

(Livres) L'erreur est humaine de Woody Allen

Il n'y a pas longtemps, je vous parlais de mes lectures estivales. Eh bien, figurez-vous que, malgré le beau temps (j'étais pas à Paris), j'ai presque réussi à faire baisser ma pile de livres (et en plus, j'ai eu le temps de lire l'interview de Carla dans Vanity Fair, c'est fou ce qu'on peut faire en vacances). Je voulais donc vous parler de ce petit livre que l'on voit beaucoup dans le métro en ce moment - bon choix marketing de la couleur jaune bien reconnaissable pour la couverture - et qui représente un compromis idéal entre littérature de vacances et littérature. L'erreur est humaine (Mere Anarchy dans l'original) est un petit recueil de nouvelles de Woody Allen (dont je suis bien évidemment une grande fan - je suis souvent fan des acteurs qui lassent, aka Luchini).

Qui ne connaît pas le style Woody? Non, je recommence. Je ne connaissais pas le style de Woody, à part celui de ses scénarios. Et bien, prenez le côté farfelu de ses premiers scénarios (de Prends l'oseille et tire-toi à Un Songe d'une nuit d'été), ajoutez-y ses expériences personnelles (quelques comptes à rendre ou des travaux à faire à la maison), agrémentez d'une mécanique à faire rire bien huilée, et vous obtenez le Woody-écrivain. Pour vous donner un exemple, je n'ai qu'à citer le journal de bord (imaginaire) du tournage de Vicky Christina Barcelona (que vous pouvez consulter en français sur le blog d'Aurélien Ferenczi ou en anglais ici)

Les nouvelles partent toujours d'un événement réel (votre fils n'a pas été accepté dans la meilleure école maternelle de New York, ou bien vous avez besoin d'acheter un nouveau costume, ou avez une nouvelle nounou). Mais, une page après, ça dérape (c'est là que vous vous rendez compte qu'être dans la tête de Woody tout le temps, ça ne doit pas être marrant) - on vire dans l'absurde le plus pur. Je crois qu'il est aujourd'hui bien vu d'utiliser le mot "loufoque". Dans notre vie de parisiens bien rangés, "loufoque" indique une petite touche de folie très à la mode. Et bien, voilà ("Tu l'as voulu, George Dandin!" - dirait ma prof de grammaire) - ces nouvelles sont lou-fo-ques. Loufoquissimes (je viens de rentrer d'Italie). Parfois trop. Parfois ça agace. Parfois, plus elles sont loufoques, moins elles sont géniales. Et puis on se dit: on l'a bien cherché - on sait depuis la nuit des temps que Woody ne fait que ça.

C'est tout Woody, ça: il est loufoque et, surtout, il est inégal. Il peut faire le film le plus merdique de tous les temps, et puis vous pondre un chef-d'oeuvre après avoir bien fouillé au fond de son tiroir à scénarios. Ici aussi, la qualité des nouvelles est inégale, ce qui rend d'ailleurs impossible la lecture continue du recueil - on s'agace et on se lasse (selon les jours). Mais lorsqu'on tombe sur une perle (comme "Les jolies colonies de vacances "Coupez!"", la nouvelle responsable de mon achat d'impulsion), on est ravi. On rigole, on relit, on passe au voisin. Et on se dit, qu'au fond, on veut bien supporter tous les ratés de Woody pour, de temps en temps, lire une formule magique qui fait rire. On manque tellement de magiciens en ce moment.

Parmi mes préférées: Les jolies colonies de cacances "Coupez!", Recalé, Dentiste mystérieux à Manhattan, Prise de bec au procès Disney.