(Ciné) Sparrow de Johnnie To: un bijou de l'humour asiatique | Une Russe à Paris
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mercredi 18 juin 2008

(Ciné) Sparrow de Johnnie To: un bijou de l'humour asiatique

D'habitude, on attend des films asiatiques des règlements de comptes sanglants ou bien des histoires d'amour délicates et comme suspendues dans le temps. Si on peut contester l'exaustivité de cette mini-liste, on peut en revanche affirmer avec plus de certitude ce qu'on attend le moins d'un film asiatique: de l'humour. Sparrow, le dernier film de Johnnie To est en ce sens un vrai ovni du cinéma asiatique, un film léger et drôle où les comptes se règlent sans verser une goutte de sang et où la seule vraie histoire d'amour, c'est celle entre Johnnie To et la ville de Hong Kong, embrumée et pluvieuse - tout le reste n'est qu'une partie de poker menteur.

L'histoire. Si on veut la résumer en deux mots, c'est celle de l'arroseur arrosé. Quatre frères-pickpockets travaillent paisiblement dans un quartier de Hong Kong quand, tout à coup, leur vie est perturbée par l'apparition d'une très jolie jeune fille qui leur demande de l'aider. S'en suit une aventure succulente à la limite de l'absurde. Qui escroque qui?

--bande-annonce--


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La réalisation, très stylisée, donne de l'élan à cette histoire inhabituelle pour le cinéma asiatique mais bien connue du cinéma occidental (voir "L'arroseur arrosé" des frères Lumières (1896) ici, sans parler des films de Lubitsch, par exemple). La mise en scène rétro, ponctuée par des photos noir&blanc à nous rendre nostalgiques, est tout simplement brillante. Découvrir Hong Kong à vélo, à la poursuite d'une jolie fille, un appareil photo à la main, qu'y a-t-il de plus réjouissant?

Le casting est particulièrement réussi, avec quatre personnages très différents et attachants (dont Simon Yam, un habitué des films de Johnnie To). On y retrouve aussi Kelly Lin (que vous avez peut-être aperçue dans Boarding Gate d'Olivier Assayas), parfaite! Cela fait longtemps qu'on n'a pas vu une fille courir dans la rue avec autant de sens. (oui oui, j'ai bien dit ce que je voulais dire).


La bande-son est la pierre angulaire qui fait tenir l'ensemble de l'édifice (très bien monté par ailleurs). Créée par un compositeur français, Xavier Jamaux (né en 1968), elle se veut ancrée dans les comédies américaines des années 1960, et se base sur la mélodique chinoise à la fois bien jazzy à l'européenne - "easy chic" comme la qualifie l'auteur. En tout cas, elle accompagne le film avec un naturel et un humour que l'on a vite envie de retrouver à la sortie de la salle! Vous pouvez en entendre quelques morceaux sur le site d'Amazon (cliquez sur l'image à droite, puis, dans la tracklist, sur "Ecouter tous les morceaux).

Faut-il aller voir ce film? Absolument! Non seulement parce qu'il n'y a pratiquement plus rien à voir parmi les nouvelles sorties, mais simplement parce que c'est un très bon film qui vous fera découvrir une nouvelle facette du cinéma asiatique. Au fait, "sparrow", ça veut dire "moineau".